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Laisse pas trainer ton souverainiste si tu veux pas qu'il glisse

Publié le par Mikeulponk

Laisse pas trainer ton souverainiste si tu veux pas qu'il glisse

Pour nos p'tites discussions philo-politique, j'ai proposé de réfléchir sur un phénomène qui m'inquiète depuis longtemps.

Pourquoi certain.e.s personnes glissent et s'enfoncent dans la fachosphère alors qu'iels affichaient une sensibilité de gauche au départ ?
Les cas sont nombreux et les réponses surement tout autant. Mais il y a peut être certains schémas qui se répètent. Je vais tenter de proposer une modeste hypothèse.

Cette réflexion me travaille en cette fin avril - début juin 2023 à cause des actualités.
En particulier ce 1er mai, fête des travailleur.euse.s.
Rebaptisée fête du "travail" par Pétain et son régime fasciste (dont la macronie partage de très nombreux points communs).
C'est aussi le 8 mai. Date symbolique car elle commémore l'armistice de 1945 et la victoire sur l'Allemagne nazie.
Malheureusement entachée par les massacres dans les colonies, l'embrayage sur la guerre froide anticommuniste et colonialiste et la faillite lamentable de la dénazification (et de la dépétainisation) dont on paye le prix aujourd'hui (notamment par la généralisation de l'optimisation par les nazis du new management).
Ce jour férié a vu des Champs Elysées vides pour un président autocrate qui défile seul. Deux jours avant, une manifestation fasciste et néo-nazie était autorisée, trankilou ainsi qu'une autre quelques jours plus tard de l'action française, contrairement à toutes les manifs populaires depuis des mois. Il interdit les casseroles pour risque de trouble à l'ordre public (mais surtout à son image) mais autorise "en même temps" les symboles et slogans fascistes.
Il s'attaque aussi aux initiatives de la CGT et autres syndicats, qui ont participé à la résistance et au programme du CNR (le vrai, le Conseil National de la Résistance) qui a mit en place d'importantes mesures sociales que le despote en chef actuel s'évertue à dégommer.
Si le CNR avait insisté sur la justice sociale comme rempart à la résurrection du fascisme, faut être sacrément débile pour ne pas comprendre qu'en augmentant l'injustice, les fachos reprendront du poil de la bête immonde.
Vu qu'il y a peu de chance qu'ils soient débiles à ce point, c'est plutôt qu'ils s'en fichent, car ils s'en accommoderons, voir pire, qu'ils sont tout à fait à l'aise avec ça ou qu'ils le souhaite (avoir l'extrême droite comme adversaire est une aubaine dont ils ont allègrement profité - toi-même tu sais).

Juin sera aussi la commémoration du meurtre de Clément Méric (6 juin 2013), tué par des petites frappes fascistes. Les même qu'on à vu défiler récemment et qui multiplient les provocation étant donné l'impunité dont ils jouissent (blocage de concerts, manifs anti-migrants, agressions...).

Nous avons un ennemi : les fascistes et les capitalistes qui suivent cette tendance.
Il est important de penser aussi à ne pas laisser nos camarades glisser vers leurs rangs.

Prémisses de l'enquête

On assiste depuis un moment à la montée du fascisme partout dans le monde.
Y compris ici, dans la société, dans les médias, dans l'état.
L'ambiance confuse qui a caractérisé les périodes électorales et la crise du Covid sont un terreau propice à la progression du venin.
Une rhétorique nauséabonde s'exerce conjointement à la prolifération des thèses complotistes et du réaffermissement des croyances les plus irrationnelles (comme le new-age). Autant dans toutes les strates de la population que dans les partis politiques.

Dans ce magma confusionniste, il y a des cas qui me préoccupent car ils détournent des gens, à priori alliés, de nos causes pour épouser celles de l'adversaire. Certain.e.s de ces dernier.e.s en viennent à jouer les "gourous" pour entrainer de grandes quantités de personnes égarées derrière eux.elles. Ce sont autant de gens qui sont, au mieux, mit à l'écart de nos espaces politiques, au pire les polluent. Un gros gâchis et une belle épine dans le pied.

Je vais prendre quelques exemples pour illustrer ma théorie sur ce glissement problématique.
Je me pose la question du mécanisme psychologique sous-jacent.
Je redécouvre le paradoxe de la tolérance de Karl Popper.
Et je questionne la notion de "souverainisme" qui me semble comme un ver dans la pomme.

Pourquoi cette question me préoccupe tant et sous quel angle je l'aborde ?

Je me suis construit dans la révolte empirique face à l'autorité abusive.
Celle des adultes, de l'école et de la police.
Mon premier souvenir politique marquant est l'intrusion de J.M. Lepen au second tour des élections de 2002.
C'était au tout début de mon éclosion adolescente par le biais des études d'art et de la découverte du mouvement punk (qui me conduisirent à embrasser l'idéal anarchiste).
En 2013, le meurtre de Clément Méric me bouscule et me pousse à réagir en m'impliquant dans le militantisme antifasciste en région parisienne.
C'est aussi le moment où le complotisme faisait des ravages en banlieue, où je vivais.

Le cas Soral et Dieudonné :
Soral est un fils de bourgeois déclassé qui a nourrit une rancune contre les juifs et les femmes. Il est passé d'une posture d'extrême-gauche à prêcher la propagande nationaliste pour le compte du front national au près des banlieues comme l'empire allait recruter des tirailleurs pour sa sale besogne.
Mais il n'avait pas vraiment de street cred'.

Dieudonné était un comique talentueux et l'une des rares icones positives en dehors des footballers pour les banlieusard.e.s. Il a nourrit une rancune contre les juifs, notamment à cause d'un échec à monter un film sur la traite négrière. Il sombre dans les thèses complotistes antisémites. En 2003, il fait un sketch à la télévision aux relents antisémites qui ne passe pas. Il n'est plus en duo avec Elie Semoun, donc il n'a plus de caution dans cette époque post 11 septembre et son changement de ton est clair. Ce n'est plus "juste de l'humour". Cet humour est politique, ce qui était bien tant qu'il était de gauche, mais qui pose sérieusement problème lorsqu'il est antisémite.
Il subira par la suite une certaine censure (l'antisémitisme n'est pas une opinion) et un acharnement, parfois prétexte à exprimer du racisme à bon compte (contre les noirs et les banlieusards).
Les provocations de Dieudonné vont se multiplier jusqu'à faire la promotion du négationnisme et du néo-nazisme peu de temps après avoir rencontré Soral.

C'est en 2004 qu'il rencontre le vautour Soral qui va l'encourager dans cette voie. Ils vont se servir l'un de l'autre pour finir dans une liste soi-disant "antisioniste", qui n'est qu'une réunion d'antisémites et racialistes puants (qui vont durablement porter préjudices au mouvement pro-palestinien). Toute la fange d'extrême droite de l'époque va défiler dans le théâtre qu'il loue, la "main d'or" (dont il sera expulsé en 2017).

Tous deux vont finir rattrapés par leurs ambitions personnelles après avoir influencé, essentiellement par le biais d'internet, de nombreuses personnes paumées ou haineuses et foutu un immense bordel dans les classes les plus pauvres. Diviser pour mieux régner.
Deux rancunes se sont additionnées. Face à l'adversité, ils se sont enfoncés. Leurs égos se dilatant de plus en plus pour en devenir pathétiques.

Je vois un schéma :
- Une personne paumée balance une thèse maladroite, ambiguë ou totalement pourrie. à ce stade, l'individu peut avoir le bénéfice du doute. Naïf, ignorant, erreur...? Sans doute rien d'irréparable.
- Une réaction violente se produit (parfois un harcèlement démesuré, y compris de trolls se revendiquant antifas, ce qui ne nous aide pas du tout). ça risque de dégénérer.
- En particulier sur internet, qui est un espace qui exacerbe l'égo tout en étant un supermarché de la connerie fasciste et conspi.
- Un dilemme se pose à l'intéressé : 1) Faire une pause, reconnaitre ses tords et  rétropédaler. ça fait mal sur le coup, mais on en sort plus sage. 2) Ne pas se laisser emmerder par les contradicteurs et renforcer ses liens avec celles et ceux qui vous soutiennent, quitte à adopter leurs discours. (réflexe réactionnaire)
- Le glissement se poursuit lorsque le flirt devient une relation officielle. Plus le temps passe et plus le retour en arrière est difficile.
- à force, la personne s'est trop engagée et compromise. Elle n'a plus que ces réseaux pourris pour continuer à exister. Elle a été conquise par l'extrême droite.

Un même dilemme se pose aux publics de ces personnalités.
Pour les banlieusard.e.s, réaliser qu'une des rares figure publique à laquelle ils s'identifiaient positivement est grillée a été difficile et long. Parfois, le deuil était si difficile à accepter que certain.es. ont préféré le suivre dans la gueule du loup.
Il faut de la force pour accepter la rupture au lieu de s'enfoncer.
D'ailleurs, céder à la tentation complotiste est une tragédie. Les motivations sont souvent très justifiées (conscience qu'un truc ne tourne pas rond, recherche de vérité, volonté de se réapproprier son récit...) mais c'est la réponse qui ne convient pas. Des charognards se servent d'un vide laissé par la gauche (qui a délaissé son rôle démystificateur et idéaliste) pour s'y engouffrer et détourner cette énergie.
Le terme complotiste est un stigmate bien facilement lâché. Ce qui a pour conséquence de rendre les choses encore plus confuses.

[Le complotisme est une rhétorique avant tout. Une façon de contester la version communément admise des faits en cherchant à l'expliquer (et la résumer) par un complot fomenté par un groupe surpuissant, en omettant les causes multiples et souvent plus politiques ou sociales des évènements.
C'est une simplification, une déformation, qui limite la représentation du monde à un antagonisme souvent soluble dans les idéologies religieuses ou d'extrême-droite.
Attention.
D'une part, les complots existent. Un individu ou un groupe qui s'organisent en secret pour obtenir un avantage contre un autre individus ou groupe, ça arrive dans votre voisinage, votre boulot, la politique, une bande d'amis etc... Le complotisme, c'est une façon de penser et d'en faire le centre de son interprétation du monde. Aussi les mensonges des puissants sont évidents.
Mais il est abusif de leur octroyer plus de pouvoir et d'intelligence qu'ils n'en ont.
Cette préférence pour les thèses conspirationnistes répond à un récit personnel et non à une vérité objective.
D'autre part, nous sommes justement baignés dans des récits à la structure complotiste en permanence. Ce qui nous rend d'autant plus vulnérables à ce genre de discours.
En tant qu'auteur, c'est une vrai plaie de s'assurer que mes récits ne confirment pas ce genre de rhétorique.
Lorsque je parlerais de complotisme dans la suite de l'article, ce sera à propos de thèses clairement merdiques (thèses racistes, mythologiques, démontées méthodiquement...), pas de celles dont le doute reste permis.]

Depuis cette expérience, je suis devenu très méfiant.
J'essaye d'écouter attentivement le discours derrière l'expression (l'humour, par exemple, est un outil puissant pour tourner en dérision les plus forts, mais aussi un outil privilégié pour opprimer les plus faibles).
J'essaye de capter la solidité et la structure de la rhétorique pour spotter les zones grises et douteuses.
Les radars s'allument sur certains mots, certains schémas, certains noms...
Une petite recherche internet livre déjà beaucoup d'indices. Si on sait discerner un minimum une info sérieuse d'une rumeur ou d'un hoax (produits industriellement et très viraux). Ce qui demande aussi beaucoup de temps, de savoir-faire et d'énergie dont la plupart des gens ne disposent pas.

C'est comme ça que des personnes vigilantes ont démasqués des personnalités comme Chouart et Aberkane. Et peut être un certain Alexis Poulin.

L'enquête Alexis Poulin
(attention à ne pas miser sur le mauvais cheval :)

Lors de l'une de nos discussions, certaines membres du groupe me conseillent de consulter les vidéos d'Alexis Poulin.
Apparemment comique et anti-macron.
J'y vais avec une petite puce à l'oreille. Les positions sur la période covid n'étant pas raccord et souvent le leitmotiv de leurs centres d'intérêt.
Les vidéos de ses revues de presse ont effectivement un potentiel comique. Ses assauts contre macron sont vifs.
Mais il y a un truc qui me chiffonne sans pouvoir mettre le doigt dessus...
Une surenchère émotionnelle exempte de fond clair, peut être...
C'est un bon défouloir, mais quel est le projet ? Dans quel cadre théorique ?
J'ai besoin de creuser pour en avoir le coeur net.
Quelle n'a pas été ma surprise!

Une vidéo, où il est mit en contradiction avec E. Levy sur sud radio, confirme mes doutes. (J'y reviens plus bas).
Je tombe alors sur ces articles (orientés et dont certaines sources ont disparues, mais qui constituent au moins une bonne piste pour vérifier si mes craintes sont fondées ou non).
Ligne de crète
Paper Blog
Debunkersdehoax
Il y a aussi un article sur libé, mais n'étant pas abonné, tant pis...

Pour résumer, voici son CV :
Il commence comme influenceur, marketeux branché start up.
En 2007 il a rédigé une lettre d'info pour le MEDEF où il fait la promotion des lobbys à Bruxelle. En 2017, il y est toujours car il participe à l'organisation du "start up nation summit" pour EIT digital.
Puis en 2018, sans que ce soit bien clair, il retourne sa veste en rejoignant le média "Le Media".
S'est-il fâché avec ses anciens potes ? Change-t-il de discours en fonction de son employeur ?
Il faut dire qu'à cette époque, Le Media n'était pas clean. Très lié au parti/mouvement de Mélenchon qui n'était lui-même pas clean car il contenait son lot de rouge-bruns (avec certains desquels A. Poulin va garder une grande proximité).
Il y réalise même une interview de Asselineau. Premier impaire de taille colossale.

Asselineau est le patron de l'UPR. Parti d'extrême droite complotiste nationaliste.
Il s'est forgé sa réputation sur internet en diffusant un discours anti-européeen très technique (jusque là ça pourrait aller parce qu'il y a beaucoup de choses à reprocher à l'Europe) mais dans une version plus nationaliste et complotiste qu'autre chose. Il s'agit là d'un discours "souverainiste" qui séduit autant De Villier, Dupont-Aignant que Soral. Autant dire que son public est lucide sur le fond du bousin.
Il n'y a pas de doute sur cet individu, c'est un facho démasqué depuis un bail.

Le Media vit des remous. Il change plusieurs fois de direction et A. Poulin décide de s'en écarter pour des raisons vagues. Des questions d'intérêts (vu comment il gère ses affaires et avec qui il s'associera plus tard, ça semble bien hypocrite). On aurait diffamé ses amis. S'agit-il de Denis Robert ou des contacts qu'il a conservé de cette époque ? (dont le qualificatif de rouge-brun n'est pas une diffamation, vous verrez plus loin).

Bref, on ne peut pas lui reprocher d'avoir quitté le Media à cette époque, au contraire. Mais quand c'est pour aller dans des truc encore plus douteux, c'est chelou.
Il collabore à de nombreux médias, y compris C News, Sud Radio et RT.
Ce qui donne l'impression qu'il bouffe à tous les râteliers et que sa tribune drapée dans la déontologie n'était qu'une posture.
Il collabore au site internet Boulevard Voltaire. Un site fondé par ce gros facho de Ménard. Un site classé à juste titre à l'extrême droite et complotiste. Ainsi qu'à la chaine youtube TV-liberté du même tonneau pérrave.
Là ça pue sérieux.
TV-L a été créée par un ancien cadre du FN puis dirigée par un des cadres du bloc identitaire (groupuscule fasciste français très xénophobe). Depuis le départ liée aux réseaux complotistes antisémites tels que les soraliens. Tout le fond de caniveau d'extrême droite y traine.
L'un des financiers est un certain mr Mordrelle, fils de collabo (condamné à mort plusieurs fois pour avoir été un allié des nazis avant et après la guerre).
Ce dernier est gérant d'une agence de com' à Redon (et ici) et une figure importante de tous les réseaux d'extrême droite (c'est LE carnet d'adresse de la fachosphère), y compris des nazis historiques et des néo-nazis. Il est l'un des principaux financiers de l'extrême droite et s'est récemment fait de la pub en finançant la campagne de Zemmour.
Cette WebTV de merde pratique la "réinformation", élément de langage pour masquer leur négationnisme qui s'est ensuite répandue comme une trainée de poudre dans la complosphère.
La chaine a pour but d'être un média identitaire, sorte d'équivalent web de radio courtoisie.

Il prétend que c'est pour ne pas rester replié sur "nos médias" et porter "la bataille culturelle" sur tous les terrains. Sauf que pour mener la bataille, il faut un plan. Une stratégie et des tactiques adéquats. Vu ses piètres performances, ça ressemble plus à de l'impro. Chevalier naïf ou ambitieux hypocrite ?

Par exemple, son intervention à Sud Radio face à E. Levy était nulle.
Sur l'écoterrorisme, face à une logorrhée agressive et grossière - dont la rombière facho a la maitrise - et dans le cadre d'un duel modéré par un animateur visiblement favorable à la ligne de la polémiste, A. Poulin s'écrase et leur abdique la criminalisation des manifestants.
Ils sont fiers. Ils ont mit K.O. le gauchiste de service qui a dû se justifier avec un air penaud.
Au début, je l'avais vu comme un pauvre bougre prit au dépourvu, tombé dans un piège d'une violence bien rodée.
Les fachos, pour avoir l'air démocrates, mettent en scènes des faux débats, où le déséquilibre est manifeste, servant à illustrer la force des réactionnaires plutôt qu'à mettre en place un véritable débat équilibré.
Idiot utile malgré lui ou opportuniste ?

Au final, en collaborant avec des médias de droite et d'extrême droite, il participe à les alimenter, à les légitimer.
Je ne crois pas que sa stratégie (si elle est sincère) soit payante.
C'est d'ailleurs une histoire qui avait été réglée il y a longtemps par celles et ceux qui les ont déjà pratiqués. On ne parle pas avec les fachos. L'antifascisme est un combat, pas un débat.

Dans la discussion, on me fait remarquer qu'on ne va pas ostraciser tous les gens borderline. Il faut reconquérir ceux qui ne tiennent pas spécialement à ce genre de rhétorique.
Soit. Mais pour faire cela, il faut s'assurer d'avoir bien pensé la stratégie et d'avoir bien rodé ses tactiques. D'avoir les arguments et l'aplomb. De connaître le terrain, les enjeux et les règles du jeux. S'assurer qu'on a une chance.
On ne joue pas avec le feu comme ça. Sinon ce n'est pas toi qui parle avec les fachos, mais les fachos qui se servent de toi pour parler.

2019 - Il retourne au lobbying start up pour l'INPI.
Ce n'était donc pas un accident de parcours. Besoin de sioux ?
En 2020, il fait parti de l'Observatoire National de l'Extrême Droite. Mais sa présence fut de courte durée et je ne sais pas pourquoi il n'en fait plus parti. ça ne semble pas être une grosse perte pour l'observatoire.

Au moment où je rédige cet article, il est impliqué dans "le banquet", une feuille de chou confusionniste qui va me servir d'intro pour exposer une partie de ses fréquentations. C'est édifiant.

Il co-gère ce truc avec Rémi de "Juste Milieu".
J'ai regardé quelques unes de ses vidéos pour me faire une idée.
Encore un exercice narcissique confus où je peine à définir l'orientation mais la rage particulière avec laquelle il s'attaque à la gauche (écologistes en tête - Rousseau au premier rang) et ses condamnations peu motivées de l'extrême droite ne me le rendent pas sympathique.
Pour cause, il est "souverainiste" genre Asselineau. Tient donc...
Il a voté Lepen en 2022 (Tout sauf Macron, la bonne excuse).
Anti-woke (contre le multiculturalisme, les immigrés, les homos, les écolos...), donc réac. C'est plié, ce mec puduc.
Son site est une vitrine qui le classe plutôt dans la famille des influenceurs politiques qui fait son beurre sur le ressentiment.

Mike Borowsky. Dit "droitard méchant", responsable de "la gauche m'a tué" (thread d'extrême droite bien naze) et d'autres bousins conspis.
C'est un militant d'extrême droite lié au mouvement "contre-attaque" avec C. Vanneste (anti-communiste et pro-colonialiste, qui prône l'alliance avec le FN, l'homophobie et collabore avec le mouvement identitaire) et J. Robin (Antisémite complotiste d'extrême droite à l'ancienne, proche d'E&R, de riposte laïque et des identitaire). Là on tape dans le nazi. C'est grave.

François Xavier Carpentier de "Draw my economics".
En dehors des cartoons et de sa propagande de start up nation, il fait des interviews avec des complotistes adeptes de la théorie du "great reset", des soraliens, des climatosceptiques et d'autres membres de la fachosphère.

Georges Kuzmanovic. Coco à tendance rouge-brun. Soi-disant "souverainiste" (y'a eu une mode bizarre de "patriotes de gauche"), qui a fini par se faire exclure de la LFI en 2018, c'est pas trop tôt (après d'énièmes propos xénophobes et lgbt...phobes).
Plus il déconne, plus on le chasse, plus il s'enfonce. Classique.
Il fini en 2020 par se retrouver à une conf' Brexit entouré que de fachos (Asselineau, Dupont-Aignan, Philippot...).

Regis de Castelneau. Même type de coco "souverainiste" qui a glissé vers Causeur (torche-cul de E. Levy en réponse à Causette). Ainsi qu'au figaro. Puis qui vote Lepen et suit Onfray (un autre poseur de gauche - Proudhoniste - qui a fini par glisser les deux pied dedans par la trappe du "souverainisme" avec son lot de vomi xénophobe).
interviewé par A. Poulin pendant que je travaillais sur ce post.

Nicolas Vidal. Patron du média Putsh qui se défini comme entrepreneur des média (comme A. Poulin) et a l'ambition de devenir l'influenceur star du réseau Getr (créé par un Trumpiste après que le gros con à mèche ait été banni de Twitter). Officie aussi sur radio courtoisie, la radio de H. De Lesquen (un vieux catho réac Versaillais raciste et négationniste d'un autre âge).

Idriss Aberkane. Il s'est fait connaitre par une thèse séduisante "libérez votre cerveau". Mais ce truc s'est vite transformé en développement personnel emballé de façon à permettre aux entreprises, auxquelles il vendait ses services, à exploiter ces mêmes cerveaux. On rajoute à ça son sens de l'escroquerie, à commencer par son CV puis par ses boites foireuses. Puis on arrive à une réaction complotiste et à des campagnes de harcèlement pour finir par voter Lepen. Logique quand on flirte avec les influenceurs de "l'anti-fragilité" qui est une variante fasciste du développement personnel. Là, ce n'est pas un glissement mais une dégringolade.

Petit bonus, E. Chouard.
Je n'ai pas encore vu de collaboration entre lui et A. Poulin, mais c'est n'est peut-être qu'une question de temps.
J'en parle ici car c'est un cas d'école de glissement.
C'est un petit prof d'économie qui se prend de passion pour la démocratie et la réflexion sur la création d'une constituante populaire ou la mise en place du tirage au sort.
Au départ, ça a fait un boulot constructif.
Mais très vite, monsieur a commencé à se coller avec tous ceux qui lui disait que ce qu'il faisait était bien. Et quand des fachos sont venus le courtiser, ils étaient les bienvenus.
Chouard étant un peu idiot en politique (il ne sait pas vraiment distinguer sa droite de sa gauche), ses partisans de droite vont facilement détourner ses ateliers et son mouvement (les gentils virus) pour troller les manifs de gauche et s'en faire de plus en plus souvent expulser. Car on peut faire mieux comme référence que Soral ou Asselineau. Pareil pour les collibris, a priori sympathique mais quand on creuse, vachement réacs. Les fachos ont bien senti que le type n'était pas solide et vont s'en donner à coeur joie en le parasitant à fond.
Alors forcément, des antifas lui font remarquer (parfois avec beaucoup de violence et un manque de nuance et de tact bien malheureux et surement en parti responsable de sa réaction) qu'on trouve mieux comme potes pour défendre la démocratie que des fachos.
Et c'est parti pour diffuser des bêtises comme : "le FN n'est pas d'extrême droite". "Les antifas sont les vrais fachos"...WTF!!!
Au début, on supposait de la naïveté. Certains de ses amis ont bien essayé de lui donner l'alerte. Mais avec l'accumulation de faits et sa confirmation dans l'erreur, le doute n'est plus permis.
Un des ses soutiens des débuts (avec Franck Lepage qui continue d'hésiter), Yanis Youlountas, dont on ne peut pas remettre en doute l'anarchisme, la connaissance de la Grèce ou la bienveillance (super docus ICI, ICI et ICI), a bien tenté de lui faire entendre raison. Peine perdue. Ce n'est donc pas qu'une question de forme. C'est une question de s'associer à ceux qui lui disent ce qu'il veut entendre et on l'entendra bientôt dire ce qu'ils lui disent.
Il en vient à diffuser les éternelles théories du complot dans lesquelles l'extrême droite nage comme un poisson dans l'eau croupie et s'essaye même au négationnisme (il est pas sûr pour les chambres à gaz...).
Il aura préféré son business avec des entrepreneurs fascistes à ses amis antifascistes. Et il aura été une belle passerelle pour l'extrême droite, un bon diffuseur de théories du complots, un bon fouteur de merde.

Après avoir exposé tout ce beau monde, on se demande ce qui peut bien les réunir et surtout, ce qui peut bien motiver A. Poulin à s'associer à cette porcherie.

Conclusion

Que retenir de tout ça?

Monsieur Poulin semble être un autre exemple de ce genre de glissement.

Il semblerait qu'il soit, avant toute chose, un entrepreneur de lui-même. Une personnalité un poil mégalo qui va là où on lui tend un micro, peu importe la couleur, du moment qu'il peut se retrouver à la lumière.
Il risque de fuir les contradictions et de resserrer ses liens avec ceux qui voudront bien être complices de ses dérapages et de ses errances.
Il se sert de l'humour pour capter le ressentiment du moment, tout en restant vagues sur le projet politique et philosophique à défendre.
Son manque de cohérence augmente proportionnellement à ses relations compromettantes.
Il se prendra des critiques des antifascistes (ce qui est légitime) car il s'associe avec des fachos et les alimente. Il se fâchera sans doute avec celleux qui le contrarieront et s'en prendra aux groupes en question (antifas etc...)
Il finira, s'il choisi cette voie, par être trop engagé et dépendant des vampires qui l'entourent. Se nourrissant les uns des autres dans une petite entreprise collective nauséabonde et pathétique.

Ou peut-être se ressaisira-t-il ?
Peut-être qu'il écoutera la vigilance des antifas et peut-être qu'il entendra parler du paradoxe de la tolérance de Karl Popper.

Pompage wikipédia :
Le paradoxe de la tolérance soutien que si une société est tolérante sans limite, sa capacité à être tolérante est finalement détruite par l'intolérant. Logiquement, mais paradoxalement : « pour maintenir une société tolérante, la société doit être intolérante à l'intolérance. »
« … la tolérance illimitée ne peut que conduire à la disparition de la tolérance. Si nous accordons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre les assauts des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux... Avec cette formulation, je ne veux pas dire, par exemple, que nous devrions toujours réprimer les philosophies intolérantes (risque de despotisme); tant qu'il nous est possible de les contrer par des arguments rationnels et de les tenir en échec grâce à l'opinion publique, les interdire ne serait certainement pas judicieux. Mais nous avons intérêt à revendiquer le droit de les réprimer si nécessaire, même par la force (ou la censure -> voir G. DeLagasnerie à ce sujet)..." "...Nous devons donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants.»

Etant donné que les arguments rationnels ne sont pas le sujet car il ne s'agit pas de rationalité et que de toute façon ils ont fait leur le concept de post vérité, oublions les débats.
Quant à l'opinion publique, si on admet que cela ait une définition, comment se porte-t-elle avec des médias de masse complètement infiltrés, un gouvernement qui fait le boulot des fachos, adopte leur vocabulaire et la vision du monde qui va avec, et leur fait une place au parlement, une police qui accepte avec zèle de réprimer toute parole publique contestataire... bref, le temps des mots semble derrière nous. Il va falloir se mettre en colère contre TOUS les fachos.

Enfin j'en viens à cette notion de "souverainisme" qui hante pas mal des profils problématiques qui glissent de la gauche à la droite.
à la base, ce mot décrit la revendication de la souveraineté d'une nation par rapport à celle d'une entité supranationale. On parle de peuple souverain (en opposition au monarque absolu). La constitution est sensée la garantir (mais on voit qu'il n'en est rien).
Ce qui était pertinent encore dans le cas des luttes de libération des anciennes colonies devient ambiguë avec les républiques Européennes.
On le reprend aujourd'hui pour parler de l'indépendance de la France vis à vis de l'Europe.
Mais là, plusieurs visions s'affrontent, toutes aussi confuses que le libéralisme dont elles veulent se défendre. Quel est l'adversaire et quel est le projet ?
Ce terme peut donc autant désigner :
- un mouvement de gauche qui veut se dissocier de l'ordre capitaliste qui domine dans l'institution et entretien les inégalités et l'oppression.
- de simples nationalismes alimentant les mouvements d'extrême-droite identitaire tels que le parti de Lepen ou celui d'Asselineau ou en fait tous les partis d'extrême droite (ils sont anti-européens non pas pour des questions économiques mais identitaires motivées par le rejet du multiculturalisme).
Ce terme étant confus, il est idéal pour les fachos. La grande majorité des partis qui se revendiques souverainistes sont d'extrême droite.
La LFI flirt avec cette notion étant donné les quelques tentations rouge-brunes de certains de ses membres.
Je précise qu'en tant qu'anarchiste, je ne suis pas souverainiste mais internationaliste. Je rejette autant l'Europe capitaliste que le nationalisme.
Mais voilà, quand on a bien défini ça, on remarque que la rhétorique de monsieur Poulin et de ses acolytes penche du mauvais côté de la balance.

Dans une vidéo sur la chaine Putsh, Nicolas vidal invite A. Poulin et Rémy "juste milieu" pour causer et s'exciter (et faire la promo de leur torchon). Quelques pépites sont lâchées et achève mon avis sur ces personnages.
Toutes la rhétorique est gangrénée par l'extrême droite. Mr Poulin y exalte la nation et souhaite former un bloc souverainiste.
Lorsque son collègue s'inquiète que le vrai danger n'est pas la réforme des retraites mais le risque que l'Europe impose les théories LGBT et l'immigration, Mr Poulin ne contredit pas du tout ce pet foireux réac. ça passe crème.
D'ailleurs, il regrette avec ses camarades qu'il n'y ai plus de vrai Gaulliste (un anti-communiste, colonialiste, autoritaire, qui a fabriqué la saloperie de constitution de la 5ème république présidentialiste dans laquelle on patauge?) ni de droite sociale (national-socialisme ?).
Il parle aussi des réseaux de la "réinformation", élément de langage issue de l'extrême droite négationniste. Se flatte que tout le monde soit passé sur le plateau de Eric Morillot, journaliste facho qui est passé par sud radio et C news et surtout collaborateur de TV liberté - la webtv identitaire qui veut "rendre acceptable la parole d'extrême droite dans l'opinion publique".

Pas de doute que Mr Poulin a bel et bien glissé.
Il se sert de la haine (légitime) que suscite Macron et de l'humour comme attrape nigaud (nous le sommes tous.tes à un moment ou à un autre). Une sorte de Poujadisme type "y'en à marre". Puis fait passer en douce sa rhétorique confuse et de plus en plus teintée de complotisme d'extrême droite. Quelle déchéance.

Notre époque est confuse.
Pleine de ressentiment prêt à l'emploi pour les entrepreneurs cyniques et mégalos. La rationalité, déjà bien difficile à saisir, recule dans nos milieux.
La tolérance avec l'extrême droite s'élargit tendis que la haine de la gauche (y compris en son sein) se répand.

Et pourtant c'est bien de rationalité dont nous avons besoin.
Pas toujours pour nous donner des réponses, mais pour penser le plus justement possible et agir le plus judicieusement possible. De la méthode. De la stratégie. De la tactique. éviter les pièges et les choix contre-productifs.
Ne pas jouer aux apprentis sorciers avec les fachos et réaffirmer son antifascisme inconditionnel.

Dans l'optique de ces quatre ans à venir, de calvaire, il ne va pas falloir les laisser gagner du terrain. Il ne faudra pas laisser les nôtres s'en prendre plus à leurs camarades de gauche que de droite (salut Roussel, social traitre du siècle). Redéfinir nos valeurs et nos principes radicalement pour ne plus se condamner à l'impuissance.
Que voulons-nous en priorité ? De quoi voulons-nous faire partie ou pas?
Qui sont nos alliés et nos adversaires ?

Il va falloir choisir son camp et le mien, c'est l'antifascisme.
Le fascisme, c'est la gangrène. On l'élimine ou on en crève.
On ne fait pas des magazines avec eux monsieur Poulin.

P.S. :
Monsieur Poulin disait dans un podcast que "le progressisme est le populisme des élites". Merci d'abdiquer ce terme à leurs falsificateurs.
Et de continuer à adopter leur rhétorique avec des termes vagues et dépolitisant comme "les populismes". C'est du même tonneau que "les extrêmes".
L'antagonisme n'est pas entre populistes et progressistes.
Il peut être de différentes natures, mais l'antagonisme progressistes (sociaux, non pas techno) contre réactionnaires, me parait pas trop mal. Socialistes (je parle de son sens premier avec un petit faible pour l'anarchisme - la doctrine la plus cohérente) contre fascistes aussi.

J'ajouterais que Mr Todd file un mauvais coton et que Mme Stiegler adopte une rhétorique douteuse.

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