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reflexion

DUNE - RÉSOUDRE LA DISSONANCE CINÉMATO-NARRATIVE

Publié le par Mikeulponk

Dans mes réflexions sur le récit, les dernières adaptations ciné de Dune, par Denis Villeneuve, m'ont apporté pas mal de matière.
Je vais essayer de livrer mes idées et d'expliquer pourquoi je trouve que cette nouvelle adaptation est une œuvre mature et ambitieuse qui pète la gueule à Star Wars.
Mais cela ne semble pas toucher une grande partie du public, s'il n'est pas carrément passé à côté.

SUR UN MALENTENDUNE

Dune est un roman de SF publié par Frank Hebert au milieu des années 60 (en pleine guerre froide).
Frank Herbert avait fait un peu de politique (c'était un réac tendance anti-gouvernemental) et en était ressorti très déçu avec la conclusion qu'il ne fallait pas faire confiance aux hommes providentiels. Il les voit comme des ambitieux qui embarquent les populations dans leurs croisades personnelles de pouvoir et qui sont vite dépassés par les catastrophes qu'ils provoquent.
Avec son premier roman, DUNE, il voulait critiquer les intrigues de pouvoir, le fanatisme et la guerre tout en partageant son intérêt pour l'écologie.
Manque de bol, il a surement surestimé son lectorat car le message n'est pas passé. Ce n'est peut-être pas si évident pour tout le monde que le despotisme, c'est mal. Aussi courageux soit le tyran, ce n'est pas une excuse.
Mais le malentendu est si général qu'on doit reconnaitre que l'auteur n'y est pas pour rien non plus. Il a créé un mythe qui a plus fortement mit en valeur le héros conquérant que le message de mise en garde, un peu trop subtil (et peut-être un peu trop ambigüe, étant donné qu'il est plutôt de droite, un camp à tendance conservatrice mal à l'aise avec la révolte).

La fin des années 60 n'arrange rien avec l'avènement du psychédélisme et du mouvement hippie, séduit béatement par l'aspect mystique.
C'est un échec idéologique aussi amère que son succès commercial (c'est l'un des romans de SF les plus lu au monde).
D'ailleurs, je n'ai, au départ, pas échappé à ce malentendu.

Parmi ses qualités, il y a bien sûr l'univers très séduisant de space-opéra (Spice Opera) désertique avec ses intrigues de cour typiques.
Son univers très empreint d'écologie (Herbert a travaillé sur le sujet de la désertification des côtes aux USA) et dépouillé de technologies informatiques.
Enfin ce côté rétro est compensé par un aspect psychologique (il est psychanalyste Jungien) et politique complexe.
Ce rapport à la technologie (retro) et à la psychanalyse (individualiste et new âge) est ambigüe car ils flirtent avec le lore réac.

Frank Herbert publiera après Dune part1 & 2, des suites pour clarifier son propos (notamment Le Messie de Dune et Les Enfants de Dune). C'est en effet bien plus explicite.
Mais ces suites sont moins suivies par le public qui semble vouloir rester sur le récit héroïque pourtant tant méprisé par l'auteur.
Quand ton œuvre est récupérée pour servir le message contraire à celui que tu voulait faire passer, c'est que tu t'es planté garçon.
Il faut que ce genre d'exemple servent aux auteur.ice.s à prendre conscience qu'un récit doit être clair. C'est à dire maitriser autant dans son fond que dans sa forme. C'est tout le sujet de ma réflexion depuis quelques années.

LA TRAVERSÉE DU DÉSERT

Au milieu des années 70, un auteur farfelu du nom de Jodorowsky veut adapter ce roman (Dieu lui aurait dit de le faire en rêve).
Il ambitionne de réaliser le plus gros film de SF de tous les temps. Mais la démesure du projet le fait logiquement échouer (Voir le docu de 2013 Jodorowsky's Dune).
Pour ce titanesque film, Jodo avait réuni une dream-team de créatifs qui ont pu réinvestir leur travail dans d'autres production plus réalisables tels que Alien et Star Wars. On lui doit au moins ça et ce n'est pas rien. La légende du Jodorowsky' Dune enflamme l'imagination sur ce qu'il aurait pu être. Jodo a pu réinvestir ses idées dans la bande dessinée, en France, avec Moebius (l'Incal) et Gimenez (la Caste des Méta-Barons). Deux sagas mémorables.
Après tout, c'est sans doute mieux comme ça.

En 1984, David Lynch réalise la première adaptation cinéma du roman.
Lynch est à priori bien placé pour mettre en image le trip halluciné que promet Dune, mais les studios ont encore fait la preuve de leur incompétence en sabotant l'œuvre voulu par Lynch (en lui volant le final cut par exemple), qui désavouera le film immédiatement.
En effet, le film est peu compréhensible, carrément expédié en deux heures, avec de nombreuses incohérences (en particulier l'âge du personnage principal) et des effets spéciaux (pitié, les boucliers, les incrustes...)déjà obsolètes pour l'époque (Alien était déjà sorti il y a cinq ans et Blade Runner deux ans plus tôt).
Le truc original du film, à savoir développer une arme à partir de la voix, fonctionnait surement très bien sur le papier, mais à l'écran, je trouve que ça se plante.

 

Il y a cependant quelques éléments mémorables tels que la musique de Toto, une exposition en introduction qui fonctionne, des scènes avec les Harkonens qui font froid dans le dos (ça fait parti de mes frissons d'enfance).

L'adaptation rêvée n'était pas celle-ci et le roman acquis la réputation d'être inadaptable.
À la fois à cause de son récit très littéraire (il n'y a presque pas d'action dans le roman, beaucoup de dialogues internes) et par son univers mystique qui inspire des idées réputées impossibles à traduire techniquement (comme la préscience).

Dans les années 90, une série de jeux vidéos va relever le niveau en maintenant vivante la mémoire de cet univers tout en se payant le luxe de poser les bases du RTS.
En 2000, une série télé tente sa chance et ce n'est pas si mal. Les choix graphiques sont discutables mais au moins le récit prend le temps nécessaire. C'est une adaptation fidèle mais sans courage qui a cependant le mérite d'exister.

Il faudra attendre 2021 pour avoir enfin une adaptation cinéma qui aura l'ambition artistique et les moyens adéquat pour oser s'attaquer de nouveau à ce gros morceau de SF.

D'UNE...

Denis Villeneuve est l'heureux élu qui aura l'honneur et la périlleuse mission d'adapter ce monstre sacré de la SF. Le canadien a commencé dans le documentaire. Sa filmographie propose déjà un style sobre et spectaculaire. Premier Contact est un chef d'œuvre et Blade Runner 2049 la clef qui lui ouvre les portes de Dune.
La confiance était permise.

Lorsque j'ai vu Dune première partie, j'ai été très agréablement satisfait, autant par la forme que par le fond. Je n'avais pas beaucoup d'attente (il valait mieux éviter vu les précédentes déceptions). Mais j'ai kiffé. Je n'avais pas vu un univers aussi séduisant et immersif depuis longtemps au ciné.

Denis Villeneuve a dû faire, avec ses scénaristes, des choix d'adaptation audacieux. Mais je crois les comprendre et j'en valide la plupart.

Le film est ouvert par Chani et non par la princesse Irulan, comme dans le livre et l'adaptation de Lynch.
Irulan était considérée comme la narratrice car elle est la biographe de Paul. Les chapitres s'ouvrent tous par des extraits des livres dont elle est l'autrice (en épigraphes).
C'est un parti prit très significatif d'avoir remit les Fremen au cœur du récit. L'œuvre est placée sous le point de vue des indigènes et non plus des puissances (contre intuitif pour un film américain, surement parce que Denis Villeneuve ne l'est pas - à l'instar de Paul Verhoeven). Cela permet d'attribuer un rôle plus proéminent à Chani. Et c'est l'un des choix les plus forts du films. J'y reviendrait quand on en sera à la partie 2 (où son rôle se déploie).

Irulan n'est pas présente dans la première partie, ni l'Empereur.
Un choix sans doute motivé par la volonté de simplifier un premier volet dédié à l'exposition de l'univers et des enjeux.
Pourquoi présenter des personnages qui, de toute façon, n'auront pas d'utilité immédiate dans cette première partie? Bon choix selon moi. En plus ça garde un peu de surprise sur le casting de la suite.
Autre personnage absent du premier volet, Feyd-Rautha. Pour la même raison, chaque chose en son temps.

Les scénaristes font aussi le choix de privilégier l'ordre des Bene Gesserit, et allègent l'histoire en mettant les Mentats et les autres ordres en fond. Pourquoi pas. Le récit se concentre et ce n'est pas gênant dramaturgiquement. Un peu dommage quand même pour une chose : Thuffir Hawat (Stephen McKinley Henderson). Il a su provoquer ma sympathie malgré son petit nombre d'apparitions.

La trahison du dosteur Yueh (Chang Chen) est basée sur la surprise et nous ne sommes pas convié à partager le dilemme moral du personnage bien plus construit dans le livre.
Le Baron Vladimir Harkonen (Stellan Skarsgard) est traité très différemment du livre. Dans le roman, c'est un personnage excentrique et très bavard qui manipule et calcul à longueur de temps. Les intrigues sont complexes et très poussées. Je reviens sur l'importance de ces deux personnage un peu plus loin.

Autre personnage qui a subit un changement notable, Lyet Kynes (Sharon Duncan-Brewster) qui est devenu un personnage féminin. Très bon choix à mon avis. Ça ne change rien à l'histoire (Kynes n'avait pas besoin de pénis dans l'œuvre d'origine). Un rôle féminin supplémentaire est offert à une œuvre qui en manquait un peu, surtout au début, avant l'arrivée de Chani.
La prestation de l'actrice est bonne, que veut-on de plus?

D'ailleurs, casting de fou, tous les acteurs et actrices sont à la hauteur. Le duc Leto Atréide (Oscar Isaac), Dame Jessica (Rebecca Ferguson), Gurney Halleck (Josh Brolin), Raban (David Bautista), La révérende mère Gaius Helen Mohiam (Charlotte Rampling), Jamis (Babs Olusanmokun)...

Dans le livre, les Sardaukars sont sous uniforme Harkonnen. Mais ils sont démasqués par ceux capable de distinguer leur technique de combat. Sans doute un élément trop difficile à rendre au cinéma (art visuel), donc ils se battent avec leurs propres uniformes. C'est un détail.
Les combats avec les boucliers, qui imposent un coup lent pour le traverser, sont surement très difficiles à mettre en scène. Je regrette tout de même qu'une solution meilleure n'est pas été trouvée. Idem pour "l'Art Étrange du Combat" qui est sensé être un art martial très particulier mais qui ne trouve pas de traduction visuelle spécifique non plus.
Aussi, si un laser touche un bouclier, il y a le risque de provoquer une explosion énorme et de tuer tout le monde aux alentours. Les lasers sont donc utilisés avec une extrême précaution imposant ainsi les combattants à s'affronter à l'arme blanche la plupart du temps. Le film ne s'embarrasse pas de ce détail car il ne veut pas se priver de scènes avec des laser (poursuite de l'Orni de Duncan Idaho (Jason Momoa) dans l'Attaque d'Arrakeen). Mais alors on se demande pourquoi ils ne se tirent pas dessus au laser plutôt que se livrer à des combats à l'épée plus archaïques. D'autant plus que les fusils laser seront plus présent dans la seconde partie.
Mais ce ne sont que des chipotages de forme.

Sur le fond, je reviens sur le choix d'avoir offert aux Fremen d'ouvrir le film, qui permet déjà d'atténuer l'aspect sauveur blanc de Paul. "Qui sera notre prochain oppresseur?".
Ce choix est déjà une preuve que Denis Villeneuve a compris le sens de l'œuvre et il la modernise comme il faut. C'est tout le but d'une adaptation.

On peut noter au passage les moments mémorables tels que cette embuscade Fremen qui introduit le film, qui présente le style très graphique, ces designs empruntant au monde animal, le sound-design qui tabasse avec ses prises de sons réelles...
La scène de l'arrivée des Bene Gesserit de nuit, sous la pluie, avec cette bande son très appropriée. La scène de présentation des Sardaukars sur Salusa Secundus, toujours avec une ambiance musicale terrible.
La présentation de Stilgar joué par Ravier Bardem, très inspiré et juste.
Le sauvetage de la moissonneuse, très réussie.
L'attaque de nuit à la fois épique et anti-spectaculaire, malgré cette scène contradictoire de Duncan en Ornitoptère fuyant un laser (elle est de trop à mon goût mais se justifie, de toute évidence, parce que c'est cool et stylé).

La volonté de simplifier le récit pour le rendre compréhensible et accessible sans trahir l'esprit de l'œuvre est une réussite selon moi. La réduction des explications sur certains éléments de l'univers n'est pas dérangeante et ne fera grincer des dents que les puristes. C'est un film destiné à un large public qui ne connait pas forcément l'œuvre d'origine. Il ne remplace pas le roman. Les deux ont leurs atouts et se complètent à merveille.

Mais je regrette tout de même deux choses. D'abord le traitement de Yueh.
Nous mettre dans la connivence de son calvaire aurait renforcé l'aspect cruel de l'univers, caractérisé plus finement le Baron et installé un peu d'ironie dramatique. La trahison est un peu téléportée et on frôle le cliché de l'asiatique fourbe. Regrettable.
Ensuite, le traitement du Baron et des Harkonnens en méchants brutaux et caricaturaux m'irrite. Le Baron est inquiétant esthétiquement mais il n'a pas l'ampleur du roman. Il ne passe pas pour un être aussi intelligent que dans le livre. Cela ôte une grande part de la subtilité et de la nuance du récit. Dommage. Même la référence évidente à la présentation du colonel Kurtz dans Apocalypse Now ne suffit pas à remplacer les scène qui auraient pu le caractériser plus finement. Par contre, c'est bien d'avoir viré l'aspect homophobe de sa caractérisation présent dans le livre (Herbert était homophobe et en conflit personnel avec son fils à ce propos).

En conclusion, à la première vision, j'ai été totalement plongé dans cet univers.
J'ai adoré les choix graphiques et sonores (musique et sound design). Denis Villeneuve avait raison de dire que regarder Dune sur un petit écran, c'était comme faire du hors-bord dans une baignoire.
J'ai su apprécier les choix d'adaptation au lieu de me braquer comme un fétichiste borné.
J'ai lu des critiques qui reprochaient au film une lenteur typique du style de Villeneuve. Il m'a semblé qu'il y avait des longueurs mais je n'ai pas vu les 2h30 passer. J'avais aussi regretté une faiblesse dans l'intégration de la musique, qui m'avait semblée plus jouissive à l'écoute préalable (la bande son était sortie avant le film).
Quant aux différences notables avec le roman, je n'avais pas pu m'empêcher de les remarquer et d'y réfléchir pendant mon visionnage, me sortant temporairement du film. Sans grande conséquence parce qu'il arrivait à me recapturer très rapidement.
Lorsque je l'ai vu une seconde fois, tout ce qui m'avait gêné avait disparu. À part le traitement du Baron. Pour une œuvre qui se veut un Star Wars pour adulte (et moi je dirais même un anti-Star Wars), c'est vraiment le défaut du film d'avoir des méchants aussi clichés.
Mes gênes à la première visions étaient grandement dû à ma connaissance du récit. J'en était débarrassé pour la seconde vision et j'ai donc pu profiter du film.

Beaucoup de critiques se sont portées sur le traitement de Paul (Timothé Chalamèche).
Trop dépressif et suscitant peu d'identification. Beaucoup de spectateur.ice.s disent être restées à l'écart, voir insensibles aux personnages.
Je crois que personnellement, je comprend l'état de Paul. Ce sentiment de mélancolie face à un rôle et un destin tout tracé dans un monde qui le dépasse me semblent justifié. C'est un sentiment à rapprocher de celui éprouvé par les nouvelles générations confrontés à l'inéluctable destruction annoncée du monde tel qu'on le connait. Paul est accablé par son destin comme on est démuni face au changement climatique, ou à un monde politique hermétique et de moins en moins démocratique (élitiste et autoritaire). C'est un monde où des vieux ont décidé pour toi de ce qui allait se passer, en dépit du bon sens. C'est un piège mortel (existentiel) qu'on voit se refermer sur nous, sans qu'il ne paraisse possible de le déjouer. Une tragédie pure.
Denis Villeneuve est en effet réputé pour son style et ses œuvres profonde, mais pas pour sa capacité à l'empathie sur les personnage ou les grandes émotions, ni pour maitriser l'action grand public.
Je dirais plutôt, en ayant l'impression de partager sa sensibilité, qu'il s'agit d'un registre d'émotions plus subtiles, suggérées, mélancoliques, qui cohabitent avec une personnalité à tendance intellectuelle. Ce n'est pas qu'il ne ressent pas, mais il ressent différemment. Je crois.

Je passe sur les critiques peu constructives à propos d'une SF qui ne saurait plus rêver, de peine à jouir... Je pense que celles et ceux qui disent ce genre de bêtises devraient commencer par s'adresser ces remarques. D'essayer de critiquer une œuvre en se demandant pourquoi l'artiste à fait ces choix, qu'a-t-il ou elle voulu dire et si c'est réussi, plutôt que de se contenter de bouder parce que l'artiste n'a pas fait ce que on aurait voulu. Autrement dit, ce n'est pas parce que ça ne vous plait pas que c'est mauvais. C'est peut-être vous qui n'avez pas compris, ou qui avez des goûts de chiotte.
L'œuvre n'est pas parfaite, il est légitime d'avoir des critiques (c'est le cas ici). Mais étant donné l'intention de l'œuvre d'origine, et la vision du réalisateur, je crois bien que le film est une adaptation réussie.

Cela dit, la fin de cette première partie, un peu expédiée, ne pouvait que nous laisser sur notre faim. Nous avons vu une introduction prometteuse. Il faudra attendre deux ans pour savoir si Denis allait tenir ses promesses.

... ET DE DEUX

Je l'attendais mais je me suis vraiment méfié de mes attentes. J'ai évité de regarder la bande annonce.
Tout ce que je souhaitais, c'est qu'on ne s'arrêta pas au mythe de Paul et qu'on conserve la critique initiale des figures héroïques. Le film ne m'a pas déçu.

Il y a aussi de grandes différences dans cette deuxième partie.
Cette fois-ci, Irulan introduit le film et l'Empire fait son apparition. Des seconds rôles sobres mais bien utilisés. Le casting est top (Christopher Walken et Florence Pugh).
Feyd-Rautha (Austin Butler) également. Qui ne rattrape malheureusement pas les lacunes de la caractérisation des Hakonnens. D'autant plus que le parallèle avec le nazisme est surligné (défilé militaire et slogans "blood and honor"...). Je ne suis pas d'accord pour simplifier la nazisme dans des caricatures de brutes sanguinaires bêtes et méchantes. Ça nous empêche de comprendre ce qu'était réellement le nazisme et nous condamne à ne pas le voir lorsqu'il se réincarne sous notre nez (aujourd'hui plutôt costard cravate que bottes et batterie de cuisine).

À l'issue du premier visionnage, j'ai eu l'impression que l'apprentissage Fremen de Paul était un peu expéditif et la relation avec Chani précipitée. Mais au deuxième visionnage, ça ne pas m'a pas gêné.
Décidément, Dune (partie 1 comme 2) mérite un second visionnage pour être pleinement apprécié.

Les designs nous régalent de nouveau et le son est un atout majeur à ne pas sous-estimer.
Faut le voir au ciné vraiment!
Rien que pour la salle qui tremble à cause du son qui vous fait ressentir les vibrations du sable pendant les scène de chevauchage de vers.
Scène qui par ailleurs aurait pu être très kitsch lors de la bataille finale mais qui fonctionne à fond (des guérilleros shooté à l'épice foncent sur des vers géant en pleine tempête de sable après avoir fait explosé une montagne avec une bombe nucléaire pour péter la gueule à une armée de viking intergalactique).
La scène d'intros avec les soldats Harkonnens qui lévitent est glaçante. Par comparaison, les stormtroopers dans Star Wars ne m'ont jamais fait peur.

La scène de l'attaque de la moissonneuse, très jeu vidéo, prouve que, s'il le veut, Denis Villeneuve peut nous livrer une scène d'action avec une dramaturgie interne digne d'un Indiana Jones. On doit alors comprendre que s'il ne le fait pas, c'est qu'il y a une bonne raison.
Les costumes (en particulier des révérendes mères) sont somptueux.
Bref côté univers et production-design, Denis Villeneuve nous régale une fois de plus.
Il y a cependant un problème de cohérence au moment où Feyd reprend le commandement à Raban. Il suffit à Feyd d'arriver et d'attaquer une montagne (le Siecth Tabr) pour se rendre maître du nord. Je comprend mal ce qui a empêché Raban de le faire, ou ce que Feyd aurait fait de spécial pour obtenir de meilleurs résultats. Ce n'est pas clair et ça donne une impression de débilité, du genre, "il suffisait de faire ça? Pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant?", bref.

Quittons la forme pour s'occuper du fond.
Il y a quelques différences d'une grande importance qui, pour moi, donnent une grande valeur à cette version de Villeneuve. Les Personnages de Chani et de Stilgar qui livrent un propos critique et moderne sur la religion en adéquation avec les intentions d'Hebert sans être aussi ambiguë que l'auteur d'origine. En fait, plus sympathique (et empathique) avec les révolutionnaires.

Dans le livre, Chani est une femme dévouée à son mari. Son rôle est un rôle de légitimation morale au sein de la tribu. Elle donne naissance à la descendance. Elle l'accompagne en bonne épouse et reste dans son ombre.
Un rôle proche de celui de Neytiri dans Avatar 2 (film dégoutant de patriarcat).
Chani (Zendaya) est le personnage qui sauve le propos du récit. Le livre n'avait pas été clair car il contredisait son intention en attribuant à Paul un parcours héroïque sans alternative pour juger de sa dérive. Chani incarne ce regard critique et permet aux spectateur.ice.s de s'identifier à un parcours plus représentatif du propos que le récit a pour ambition de servir.
Un personnage qui garde sa force et son intégrité. Chani est le potentiel personnage principal de cette nouvelle adaptation. On glisse au fur et à mesure vers son point de vue tandis que Paul s'éloigne de nous.
Très grande réussite à mon avis.

Il est possible que l'échec de Herbert soit dû à ses opinions réactionnaires car tout aussi anti-gouvernemental était-il, il était aussi très hostile aux révolutionnaires. En gros il critiquait le système mais n'avait rien à proposer. Ce qui donnait à son livre un ton pessimiste et misanthrope tandis que Chani a le potentiel d'incarner l'énergie révolutionnaire de la jeunesse face aux despotismes.

Quant à Stilgar. Charismatique dans le premier volet, sa ferveur béate le rend pathétique dans le second. Un traitement comique inattendu qui a fonctionné sur moi.
Il est attachant par son côté presque enfantin. On rit d'abord avec la jeunesse septique. On s'inquiète ensuite quand Jessica attise le mythe et que les visions de Paul présagent du pire. Enfin, on fini terrorisé par cette religion qui est passée du folklore à un fanatisme génocidaire cosmique en clôture du film. Tout le propos est porté intelligemment par le trio Paul, Chani, Stilgar. Et l'interprétation des acteur.ice.s fait grave le job.

Je regrette une absence dans le film : Alia.
Elle a du être mise de côté pour les mêmes raisons qu'Irulan et Feyd-Rautha l'ont été de la première partie. La concentration de l'intrigue.
Or, cette fois-ci, je me demande comment ils vont pouvoir rattraper ce dont cette absence nous prive. Alia était sensée souffrir de la mort de son petit frère (absent aussi) et tuer le Baron Harkonnen (alors qu'elle n'est qu'une petite enfant). Ce qui lui provoquera dans la suite des tourments centraux dans l'intrigue. Nous sommes privés d'une scène très puissante et on verra comment ils comptent rattraper ça. Pour l'instant, ils ne m'ont pas déçu.

Bref, j'ai kiffé et je suis soulagé que l'œuvre ait respecté le propos qui justifie son existence.
Le scénario est épuré mais il est d'autant plus compréhensible et puissant. Les acteur.ice.s remplissent leur mission à merveille. Le monde créé par Villeneuve rend hommage à l'univers créé par Frank Herbert et égale Mad Max Fury Road ou le Seigneur des Anneaux dans les sagas monde spectaculaires. Dune a enfin une adaptation qui permet d'apprécier ce que cet univers a à proposer de spécifique. J'ai hâte de découvrir la suite qui achèvera surement de clarifier l'enjeu (peut-être un peu plus d'écologie) et aura sans doute un impacte sur notre culture à cette époque de retour des despotes et des fanatismes religieux ou politiques apocalyptiques.

STAR WARS C'EST POUR LES BÉBÉS

Voilà maintenant ce que je retire de ces deux films dans ma réflexion sur le récit.
J'ai découvert Dune aux alentours de ma dizaine avec le film de Lynch. J'ai donc connu ce récit comme une aventure héroïque exotique.
J'ai approfondit mon attachement à cet univers en dosant le jeu Dune 2000 (RTS sorti en 1998). Campagne de gestion et conquête classique.
Vers seize ans, j'ai voulu me réconcilier avec la lecture. J'en avait été dégouté par l'école et j'avais bien le sentiment qu'en me privant de ce médium je passais à côté de quelque chose. Pour reprendre avec une œuvre qui saurait capter mon attention, je choisi Dune.
Il faut avouer que ça n'a pas été facile. Ce n'est pas un livre simple. J'avais eu du mal à me concentrer. Mais j'ai fini par y arriver. J'ai d'ailleurs pu aller plus loin que le récit proposé par le film de Lynch car j'ai lu les deux suites directes bien plus explicites.
J'étais devenu un petit punk et donc prêt à accueillir cette vision critique du pouvoir.
Mon attachement n'en fut que plus renouvelé.

Vers la trentaine, je l'ai relu et j'ai même commencé à travailler dessus pour en faire une adaptation en BD car j'estimais, comme la majorité des amateur.ice.s du roman, qu'il n'avait pas encore été adapté à la hauteur de son potentiel (J'ai fait quelques essais en dessin mais je n'avais clairement pas le niveau pour développer un tel univers).
Puis vint l'annonce d'une adaptation par Denis Villeneuve.
Ce qui relança mon intérêt, m'y replongeant muni du MOOK sorti en 2020.
Je suis très satisfait des deux films sortis en 2021 et 2024. J'attend avec impatience la suite qui devrait sortir quatre longues années plus tard.

Peu avant (en 2019), une fameuse saga venait de terminer un nouveau cycle. La troisième trilogie Star Wars. Cette nouvelle trilogie m'a tant déçu que ça m'a surement permis d'apprécier d'autant plus Dune.
Le premier volet, l'épisode VII, le réveil de la force, était un remake de l'épisode IV, un nouvel espoir (ma trilogie de référence). On sentait bien qu'il fallait resservir un doudou aux fans et cela m'a passablement ennuyé. Mais elle apportait un potentiel narratif avec le personnage de Kylo Ren.
Dark Vador était un gentil qui voulait être méchant alors que Kylo Ren est un méchant trop gentil (c'est simplifié, mais pas tant). Bref, un premier volet bien foutu visuellement, mais assez vide et sans audace. Il avait cependant l'avantage de ne pas avoir trop monté les fan contre lui, il pouvait donc se permettre de tenter des trucs dans la seconde partie.
Et en effet l'épisode VIII, les derniers Jedi, tente des trucs. Il remet totalement en question la figure héroïque de Skywalker. C'est un parti prit très moderne (même post moderne et méta), et sans doute inspiré par Dune. J'ai beaucoup aimé cet aspect de désacralisation du héros. Mais ce n'est pas le cas des fétichistes benêts qui ont incendié le film. Disney, qui produit le film, n'a pas la moindre conviction. Ils veulent juste faire du fric. Ils ont donc cédé aux fans et fait en sorte qu'on resserve de la soupe aux bébés starwarsophiles. Tout ça pour que le troisième volet déçoive tout le monde car il est un énième produit commercial à grand spectacle sans portée, indigne du devoir que la SF doit remplir et tant que genre narratif.

Denis Villeneuve a eu le courage et la liberté de faire ce que Star Wars a loupé. Livrer un récit moderne et profond. Qui parle de politique sans prendre son publique pour des neuneus.

NOBLE CAUSE OU CAUSE DE NOBLE ?

J'ai personnellement entreprit il y a quelques années une forte remise en question de mes propres schémas narratifs. (voir cet article où j'entamais ma réfléxion ça commence au tier de l'article à partir de "La relation entre éthique et esthétique dans la création artistique est un dilemme qui me taraude depuis longtemps").

En relisant un vieux scénar de SF, je me suis rendu compte qu'il était ultra ringard. Plein à craquer de toutes mes refs de SF sans digestion. C'était un mélange de Mad Max et de Dune avec du zombi à la Romero. Or les temps et mes opinions politiques ayant changés. Les récits colportés par ces films (une espèce d'angoisse bourgeoise et xénophobe qui valorise le héros viril individualiste) ne m'intéressent plus du tout, au contraire, je les combat.
La période du COVID a achevé de me faire réaliser les dégâts causés par ce genre de récits qui influencent nos comportements. Les récits sont des pré-scénarisations à prendre au sérieux.
Les questions étaient donc multiples. Comment faire un récit stimulant et divertissant sans passer par le schéma habituel du héros triomphant ? Sans décrire un parcours individuel ? Sans transmettre une vision du monde anxiogène de dégénérescence regretté d'un empire idéalisé ?

Mon éthique et mon idéal m'impose de trouver un récit de SF collectif et constructif pour nous donner de la puissance et nous permettre d'imaginer un futur progressiste.
Mon récit historique doit critiquer la guerre sans l'esthétiser, contrairement à Starship Trooper ou Apocalypse Now, pour ne citer qu'eux. C'est une véritable dissonance entre l'intention, à priori critique de la guerre, et le procédé qui en utilise tous les outils valorisants.
Une sorte de dissonance cinémato-narrative. Je reprend le concept de dissonance ludo-narrative dans le jeu vidéo (Conflit entre le récit d'un jeu vidéo raconté à travers l'histoire et le récit raconté à travers le gameplay - éternelle problématique de la cohérence entre le fond et la forme) et l'art impossible de Geoffroy de Lagasnerie.
Matrix, Resurrections, quatrième volet, livrait une réflexion méta sur ce sujet avec beaucoup d'intelligence et d'impertinence.
Ce problème de cohérence forme/propos me paraissait potentiellement insoluble.

Dune me semble avoir réussi sur certains points.
Il investit le spectaculaire non pas dans l'héroïsme mais dans l'univers et la mise en scène.

Par exemple, dans le premier volet, lors de l'attaque du spatioport par les Harkonnens, au moment où les deux armées vont se rentrer dedans, un vaisseau se crash au premier plan et masque le bataille par une boule de feu.
Le contraire de ce qu'aurait fait un blockbuster de super-héro où on est sensé prendre son pied en assistant au choc (bagarre!). Habituellement, on a le coup et l'impact. C'est ce qu'on voit dans le Seigneur des Anneaux avec les deux armées qui rentrent en contact. Que serait Apocalypse Now si on ne voyait pas les impacts des roquettes tirées par les gunships lors de l'attaque du village. Ou les scène de fusillades si on ne constate pas que le personnage à atteint sa cible et triomphé son ennemi.
Justement, on a le mouvement épique, mais pas la satisfaction de l'aboutissement de la violence. Comme un coït interrompu juste avant l'orgasme.
Il nous empêche de jouir de ce qu'il veut dénoncer, c'est tout l'enjeu et c'est réussi.
Mais ce n'est pas le cas tout le temps. Sans doute parce que le cinéma est une impasse et qu'il faut donner aux studios un minimum pour qu'il fiche la paix au réal.
La bataille de fin est réduite au minimum. Le Seigneur des Anneaux fait durer la bataille finale sur un tiers du film. Là ou un film basique de super héros ne fait que du remplissage entre les scènes d'action, Villeneuve se désintéresse de la baston. On a compris, pas besoin d'en montrer plus.
C'est anti-spectaculaire et le contraire de ce à quoi à été habitué les spectateur.ice.s. C'est osé mais cohérent.
Beaucoup ont été frustrés et n'ont pas compris le sens de ce choix. Un grand nombre de critiques préfèrent remettre en cause les compétences du réalisateur que d'interroger leur frustration de ne pas avoir pu se repaitre d'un massacre. D'autant plus dans une œuvre qui te dit explicitement que ce n'est pas bien de faire la guerre parce que ça permet à un tyran de prendre le pouvoir.

On termine le film avec un empereur humilié, mais avec un héros qui a trahis ses amis pour déclencher une guerre atroce en son nom. On comprend normalement que l'univers n'a pas gagné au change, ou que le remède va finalement être pire que le mal qu'il était supposer soigner. Chani ouvre et ferme ce dytique pendant que les autres s'en vont massacrer hors champ. On la suit dans le désert car c'est elle qui est restée intègre et juste. C'est elle l'héroïne moderne.
Elle se bat pour une cause, des idées nobles, contrairement à Paul qui se bat pour sa seule cause, celle d'un noble.
Moi, je suis Team Chani.

Je vais devoir m'inspirer de ça pour mes propres œuvre et j'aurais une chance de fournir un récit fun, puissant mais cohérent, plutôt que dissonant et contraire esthétiquement à mon éthique artistique.

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Conflit Israélo-palestinien. La colonisation déshumanise le colon comme le colonisé.

Publié le par Mikeulponk

STUPEUR

7 octobre 2023 - Lorsque j'ai reçus l'info, ma première réaction a été la stupeur.
"La stupeur est un état dans lequel la conscience se trouve modifiée en une incapacité à ressentir, penser, juger, ainsi que d'agir ou réagir de façon appropriée à la situation."

Il faut du temps pour assimiler l'évènement et je ne pouvais rien dire de mieux que "C'est chaud", "ça à l'air sale", "il vient de se passer un truc gros et vénère".

Puis très vite, parce que je connais la situation et les forces impliquées, "Il va y avoir des conséquences terribles, ça va faire mal".
Comme si l'évidence d'un massacre imminent empêchait de prendre le temps nécessaire pour regretter les évènements présents.
Mon empathie est bloquée car je me sens submergé par une énorme quantité de pensées simultanées.
D'abord, la perspective des massacres de civils qui vont suivre, ce n'est pas terminé.
Puis j'anticipe les débats dégueulasses qui vont avoir lieux.
Je m'apprête à me défendre et toute l'histoire refait surface.

Bien sûr qu'on se remémore le contexte car on sait que la situation est complexe, loin d'être nouvelle, que rien n'arrive par hasard, que nous cherchons à nous situer pour comprendre et anticiper.
Nier le besoin de contextualiser est malsain. Tout le monde contextualise. Il y en a tout de même qui ignorent tout du contexte et par fainéantise font sans. D'autres, pire encore, le connaissent et choisissent malgré tout de s'en passer car leur avis n'en a pas besoin. Il ne repose pas sur les faits mais sur les affects. Surement car les faits leurs donneraient tord.

Pour ma part, dans un premier temps, je préfère éviter une expression maladroite qui, en plus de prendre le risque de manquer de justesse et entamer l'intégrité que j'essaye de conserver, peut créer des conflits inutiles.
Dans ces cas là, il vaut mieux s'abstenir le temps d'y voir plus clair dans sa propre pensée et ses propres ressentis (par l'étude bien sûr, pas en attendant qu'on nous dise quoi penser). Ce qui est contradictoire avec la logique médiatique, qui fait beaucoup de dégâts. C'est une tendance réactionnaire typique.

On ne peut que constater qu'un acte d'une très grande violence vient de se produire.
Que des victimes civiles ont subit des atrocités.
Que les conséquences vont être terribles.
On ne peut que déplorer que ce conflit dure depuis si longtemps et continue de provoquer des massacres.

Quel luxe avons-nous de pouvoir l'oublier ou de vivre s'en même s'en soucier!

Ça n'a pas commencé le 7 octobre.

Nous parlons d'un conflit qui date de plus de 100 ans et qui n'a fait que s'envenimer.
À tel point que les deux opposants les plus hostiles à la paix sont au pouvoir à Gaza comme en Israël.
L'issue qu'on nous propose c'est, soit une guerre éternelle de plus en plus atroce, soit l'extermination des Palestiniens, soit une solution à deux états (de moins en moins crédible selon beaucoup d'experts) ou un état binational.
Autant dire que la seule solution qui m'intéresse est évidemment la solution qui prend en compte les deux parties. La reconnaissance des deux peuples et la démilitarisation.
Ça ne résoudra pas tout instantanément mais c'est un pré-requis incontournable.
Justice va devoir être faites si on veut la paix là bas, au lieux de creuser encore plus le fossé d'injustice qui crée cette situation.

Clairement, les premières réaction (agressives et va-t-en guerre) ne vont pas dans le bon sens et c'est relou, parce que c'est toujours comme ça, de pire en pire.

J'entend beaucoup de réactions de la part d'individus qui ne savent presque RIEN de ce conflit, loin d'être facile à résumer.
La moindre des choses est de savoir comment on en est arrivé là avant d'exprimer autre chose que sa peine face à la violence.
Sinon, le risque est d'encourager la guerre par ignorance, manque de lucidité, bêtise ou fainéantise.

Petit résumé grossier du conflit :
années 1900 - L'antisémitisme grimpe en Europe et les juifs sont persécutés (pogroms, affaire Dreyfus). Le sionisme a pour objectif de doter le peuple juif (dispersés en minorités vulnérables dans une diaspora mondiale) d'une terre où fonder un état pour lui servir de refuge (c'est légitime).
Les britanniques, en bons impérialistes coloniaux, vont jouer avec les communautés juives et arabes en promettant la Palestine aux deux partis avant de se l'accaparer pour eux.
Tout cela sans jamais prendre en compte l'avis des habitants arabes de Palestine (80% de la population).

Le génocide perpétré par les nazis avec la complicité de toute l'Europe (les français en champions à cause du gouvernement pétainiste de Vichy) se sent coupable et doit réparer sa merde (ou la planquer à l'autre bout de la méditerranée).
La création d'Israël est décidée par l'ONU. Les arabes ne sont pas d'accord. On le fait quand même. C'est donc la guerre.
É-vi-dem-ment!
Les arabes n'acceptent pas de se faire exproprier et dicter leur destin par des colons. Les juifs, qui viennent de subir un génocide, sont pressés de trouver un refuge et s'imposent par la force (ils l'ont). La communauté internationale s'en mêle pour foutre la merde et s'en lave les mains une fois que le mal est fait pour ensuite condamner sans agir.
L'insécurité des juifs est réelle et les droits des Palestiniens bafoués.

On laisse faire.

Probablement qu'à l'époque, pour l'occident, des juifs et des arabes qui s'entretuent à plusieurs milliers de kilomètres ne devait pas les préoccuper beaucoup (l'après guerre demande aux pays européens de se reconstruire, de gérer une grande quantité de réfugiés, de raser les têtes des collabos, rétablir l'ordre dans les colonies, de tracer les frontières entre blocs, d'embrayer sur une nouvelle bagarre internationale qu'on appellera "guerre froide"...).

La situation ne fera que s'envenimer.
Première guerre dès le lendemain de la déclaration unilatérale d'indépendance d'Israël (1948) entre le nouvel état et tous ses voisins (ligue Arabe). La Palestine est engloutis (par tous les belligérants) et ne voit jamais le jour.
Les arabes sont chassés massivement du territoire Israélien (la Nakba). Ils clament encore aujourd'hui leur droit au retour.

À partir de 1967, lorsque le gouvernement d'Israël occupe la totalité du territoire et accepte la colonisation tout en refusant la création d'un état Palestinien, c'est une nouvelle entaille aux relents religieux qui repousse la création d'un état pour les Palestiniens.

Essor des mouvements armés pro-palestiniens (Fatah - OLP, guerre du Kippour1973) et du terrorisme international (Munich 1972).
1982, guerre du Liban, radicalisation de ces mouvements (Hezbollah, Hamas).

Une lueur d'espoir pour la paix voit le jour en 1993 avec les accords d'Oslo.
Mais des deux côtés, les extrémistes font échouer les accords et prennent le pouvoir (En Israël et à Gaza).
Depuis, Israël prospère et n'a plus intérêt à négocier. C'est la plus grande puissance du secteur. (en particulier grâce à l'aide colossale des USA qui sont bien contents d'avoir une enclave pro-occidentale au Moyen-Orient). Le gouvernement d'Israël qui tend vers l'extrême droite religieuse peut poursuivre son projet colonial, toujours illégal, mais surtout et avant tout inhumain.

En 2005, la bande de Gaza est évacuée, la transformant en champ de tir.
La Palestine est toujours privée d'état indépendant. Gaza vit dans les décombres. Les palestiniens sont soumis à l'autorité militaire et coloniale Israélienne qui n'a aucune intention de freiner sa domination. Les injustices se multiplient dans l'indifférence générale, les rancunes s'alourdissent, le désespoir se creuse, la rage se développe.
L'issue est de moins en moins optimiste. Et patatras!

LAS, AGACÉ, MAIS PAS SURPRIS.

Ce qui est arrivé est à la fois surprenant et pas si surprenant que ça.
Surprenant car l'attaque est objectivement d'une ampleur inédite et d'une brutalité extrême (c'est ça de la violence extrême, et non pas quelques bris de vitrines ou des jets de canettes).
Mais pas si surprenant car, lorsqu'on suit la situation depuis des années, c'est ce que tout le monde voyait venir (d'où l'intérêt du contexte et de ce petit résumé).

Le désespoir et la rage gagnent du terrain proportionnellement aux injustices subies par le peuple palestinien (et par les habitants de Gaza en particulier) abandonnés au sort que leur inflige les autorités Israéliennes depuis des décennies.
On sait que tant que le gouvernement d'Israël maintiendra cette saloperie de politique coloniale, la sécurité d'Israël sera menacée. Car l'opprimé cherche toujours à se libérer.

La population Israélienne vivait protégée par l'armée qui se chargeait efficacement du sale boulot. Étaient-ils naïfs au point de croire que le Hamas ne trouverait jamais une faille? Qu'ils pourraient continuer à martyriser la bande de Gaza sans que les plus déterminés des gazaouis finissent par retourner la table. C'est ce que les gens poussés au désespoir font.
C'est chose faite.

Ça ne surprend vraiment que les ignorants ou les adeptes du déni.

L'histoire nous a déjà donné beaucoup de clefs sur l'expérience coloniale.
C'est aussi débile de nier cette histoire que de refuser de contextualiser.
L'ignorance n'a jamais été bonne conseillère.
Faut-il rappeler qu'ignorer l'histoire c'est se condamner à la répéter?
Vous connaissez l'histoire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de 1945?
Le déni à mené à 8 ans de guerre fratricide dont on ne s'est pas encore remis. J'y reviens plus loin.

Le Hamas se déchaine en se rendant coupable de crimes de guerre.
L'aveuglement (ou le cynisme) du gouvernement Israélien porte sa part de responsabilité.
La cruauté des guerres coloniales n'a rien de nouveau. En tant que français, on devrait le savoir mieux que personne plutôt que de jouer les outrés du dimanche. Je ne dis pas ça pour minimiser, bien sûr.
C'est de la lassitude et de l'agacement (il serait temps de réaliser qu'il y a des innocents qui se font tuer là bas depuis 75 ans que ça dure et qu'on le répète), ce qui prouve que je ne suis pas insensible.

Au contraire, j'y suis sensible depuis assez longtemps (je n'ai pas été réveillé en sursaut le matin du 7 octobre) et ça use.

J'aimerais aussi qu'on démasque les hypocrites professionnels qui nous jouent la comédie pour nous prendre pour des pigeons.

JE HAIS LES HYPOCRITES, LES SIMULATEURS ET LES IMPOSTEURS

Après un tel crime au potentiel terrifiant de dégénération, on espère, bien naïvement, que les abrutis qui prétendent nous gouverner ne déconneront pas en pourrissant les débats en notre nom.

Bah si. Quand il s'agit de nous décevoir, ils dépasse toujours nos pire craintes.
Comme à leur habitude, les responsables politiques confirment leur irresponsabilité.
Tout de suite, il y a une vague de forçage obscène.
Nous n'avons pas le temps d'accueillir l'évènement à notre façon.
Pour ces tordus, si on ne condamne pas absolument le Hamas, on est disqualifié et accusé de faire l'apologie du terrorisme. Si l'on ne se soumet pas à l'injonction à soutenir le gouvernement d'Israël, on est antisémite.
L'ambiance est nauséabonde depuis un moment et ça s'aggrave à chaque scandale médiatique.

Je ne remercie pas mes camarades d'avoir produit des communiqués hâtifs et maladroits qui ont offert sur un plateau le bâton pour se faire battre. On les connait les fafs et les faux alliés baltringues, alors soyons plus malin que ça.

La colère prend alors la place de la compassion.
J'en veut à tous ces irresponsables et ces hypocrites de nous polluer comme ça.

- À droite, les injonctions autoritaires veulent instrumentaliser l'émotion pour orienter politiquement nos réactions. Nous faire adhérer à l'inacceptable car ils voudraient qu'on adhère à leurs propres abus (stratégie du choc).
On sait qu'ils sont insensibles à la vie des autres et qu'ils veulent simplement nous mobiliser artificiellement à leurs projets liberticides écœurants (l'abjecte Darmanin, bandeur des lois scélérates, qui veut détruire le droit de manifester ou censurer la parole d'opposition).

Ce sont des imposteurs. Des pervers opportunistes.
Je ne les crois pas sincères une seconde. Leur indignation est exemplairement sélective et révèle leur caractère autoritaire et raciste.
On dirait que ça les excite la guerre quand il s'agit de tuer des arabes.

Mais ce n'est pas eux qui iront faire le sale boulot bien sûr.

Avec l'extrême droite (avec lesquels ils applaudissent en cœur à  l'assemblée) ils cherchent à s'en prendre aux musulmans en priorité, en faisant mine de mettre leur antisémitisme historique de côté le temps d'une alliance identitaire objective.
Ce sont des cyniques. Ils haïssent plus les arabes que les juifs pour l'instant. Et toutes les occasions sont bonnes pour s'en prendre à la gauche. Même à l'occasion d'un massacre (rappelons l'affaire du "fond Marianne").

- À gauche, on leur reproche (à juste titre) une réaction trop hâtive et beaucoup de maladresse (dont les motivations sont à analyser avec soin). Mais on voit bien qu'il s'agit du prétexte idéal pour disqualifier ce camp politique tout en masquant les vraies motivations de ces condamnations (rancunes et règlements de comptes bassement politiques).

La gauche radicale est moins antisémite que les autres. Il y en a. Mais ce camp politique a l'antiracisme dans son ADN, ce qui réduit considérablement la casse, et nous rend aussi plus exigeant envers elle.
Leur attitude est indélicate et brute. Leur réaction est à expliquer par l'histoire et l'exigence toute matérialiste qui manque en l'occurrence de sensibilité et d'empathie.
Il y a des vieux militants de la cause pro-pal' qui pataugent dans cette misère depuis bien plus longtemps qu'au matin du 7 octobre. Alors ils ont des réflexes malvenus qui ne leurs ont pas laissé le temps de comprendre que ce qui venait de se passer était différent.

C'est une erreur politique qui porte préjudice à l'image de notre camp et les plus perfides de nos adversaires ne vont pas manquer d'en profiter.
Même si les communiqués sont critiquables, cela ne justifie en aucun cas le déchainement disproportionné auquel s'abandonnent leurs détracteurs. La mauvaise foi est en roue libre.
L'attitude têtue des responsables du communiqué, même si elle a ses raisons (pour ne pas baisser l'échine face à l'assaut des droitards), ne fait qu'encourager l'antipathie.
Ils perdent beaucoup de point alors qu'ils connaissent le sujet mieux que les autres et que leur position politique est bien plus juste. Soyez plus malin!

J'en veut d'autant plus à celles et ceux qui se prétendent de gauche et qui font semblant de ne pas comprendre la position de la gauche radicale.
Ils hurlent avec les loups de l'extrême droite et épousent les éléments de langage de l'ennemi. C'est minable et loin d'être la première fois.
Quant à celles et ceux qui ne comprennent vraiment pas la position de la gauche radicale, leur ignorance devrait leur imposer le silence plutôt que de tirer sur leur propre camp.
Ce sont des imposteurs. Cette gauche bourgeoise, paumée dans ses compromissions, n'a rien à dire, tout à se reprocher (gouvernement Hollande, on ne t'a pas oublié) et n'a pas trouvé mieux pour se faire oublier que de s'en prendre à leurs alliés. Quand on a rien à défendre, on enfonce la concurrence.

Après leur déroute lamentable aux présidentielles, les cocos (vieux réacs) et les bobos du PS et des verts avaient sucé Mélenchon (après lui avoir d'avantage craché dessus que sur l'extrême-droite) pour obtenir quelques sièges. Maintenant qu'ils sont bien assis dans leurs fauteuils et qu'ils palpent leur pognon public, ils cherchent à torpiller l'alliance qui n'était pour eux qu'une opportunité pour sauver les miettes de leurs partis foireux. Ils prouvent qu'ils n'avaient aucune intention de coopérer sincèrement. Comme la honte ne les étouffe pas, ils choisissent un tel moment. Une tragédie doublée d'un assaut de l'extrême-droite.
Ils auraient pu condamner l'évènement sans pour autant se joindre à la meute.
Saboter notre camp politique est débile et c'est offrir à la droite un fameux goûté.

PANIQUE DE COLON

Le contexte pu du fion, on ne peut pas appréhender le choc comme on le voudrait, nos représentants autoproclamés sont en dessous de tout. La gauche a manqué d'intelligence et de probité et la droite se surpasse dans la bêtise et l'immondice.

Dans ce bordel de médiocrité, comment s'en tirer?
Comment trouver sa place pour ne pas se faire démolir ou manipuler?
Moi qui me trouve dans une position d'entre deux (mais pas neutre), je me retrouve piégé dans un chantage odieux qui me dégoûte et m'horripile.
Quels incompétents choisir?
Hurler avec les hypocrites pour se donner bonne conscience (à court terme) ou être solidaire des mouvements plus intègres mais aux manières embarrassantes?
Quel criminel choisir?
Soutenir un gouvernement colonial et ultranationaliste ou un mouvement islamiste et tyrannique?
Quel massacre d'innocents tolérer?
Je préfère un bébé décapité à la machette ou vingt écrasés sous les bombes?

C'est lassant et agaçant. Vraiment!

L'ensemble des personnes conscientes de la situation, tente depuis des décennies, de faire prendre conscience à notre société des injustices qui sont comisent là bas, des vies humaines négligées, de la catastrophe historique et humaine qui s'y déroule, en ne rencontrant que de l'indifférence.
Puis il arrive ce massacre.
Et là, on leur demande de faire preuve de compassion. C'est du foutage de gueule.
En gros, quand on parle de la misère à Gaza, les bonnes gens n'en ont rien à cirer, parce que ce sont des arabes qui crèvent. Tout d'un coup, quand ce sont les israéliens qui payent le prix de cette guerre absurde, ils s'affolent.

Ils s'identifient aux colons qui se prennent la vengeance du colonisé. Cela réveil leur peur de se faire eux-mêmes rattrapé par la façon dont ils traitent les descendants des peuples colonisés (les banlieues par exemple).
Tous ces imposteurs débarquent du jour au lendemain et donnent des leçons de morale au lieu d'assumer qu'il réagissent à une panique de colon.
Ce qui est plus dégueulasse encore, c'est de nous sommer de nous déclarer solidaires "inconditionnellement" avec un état qui conserve à sa tête depuis une quinzaine d'années un gouvernement ethno-ultranationaliste (raciste et fascisant), colonialiste, dont la gestion de Gaza peut être qualifiée de crimes contre l'humanité (colonisation, apartheid, expropriations, meurtres de civils, emprisonnement extrajudiciaire - y compris d'enfants, blocus et maintenant nettoyage ethnique par l'homicide intentionnel de civils et l'exil massif).

En gros, Il faudrait soutenir et s'associer au meurtre d'enfants au nom d'autres enfants assassinés, sur la base d'une sorte de solidarité entre états coloniaux occidentaux.
Quelle civilisation digne de ce nom peut se prétendre démocratique et humaniste en se rendant complice d'une telle infamie?
L'histoire se souviendra de la médiocrité et de la compromission de nos gouvernements. Mais il sera trop tard.

Inversion confusioniste

Être solidaire des populations est légitime.
En tant que personne de gauche, c'est ce qu'on revendique en parlant "d'internationalisme"
. C'est ce que les démocrates entendent par le mot "fraternité" gravés sur les frontons.
Ces principes sont nés de la lutte contre la tyrannie, l'injustice, le fascisme, le militarisme...
Ces principes sont nôtres et on nous le fait payer régulièrement.
Nous sommer d'être solidaires du gouvernement actuel d'Israël, tout en nous désolidarisant des victimes innocentes qu'il va faire, y'a pas moyen!
Refuser de soutenir la vengeance Israélienne ne signifie en aucun cas de minimiser ou d'excuser le massacre planifié par le Hamas.
C'est ne préférer aucun couteau ni aucun sang.
La binarité est une arnaque mesquine.
On peut reconnaitre qu'il s'agit d'une guerre que se livre des extrémistes sans pour autant choisir lequel a la légitimité à massacrer des civils aveuglément.


Par intégrité, je ne peux pas soutenir un gouvernement responsable, à son niveau, politiquement et militairement, de la violence dans la région.
On ne peut pas régler le problème avec les artisans du mal originel, à savoir la colonisation.
Les deux camp ne sont pas équivalents. Israël possède un pouvoir immense, revendiqué, et dont ils se servent pour créer cette situation.
Si le Hamas est un monstre, le docteur Frankenstein est le gouvernement Israélien qui soutien la colonisation.
L'existence du Hamas est une conséquence de la violence de la colonisation, pas la cause.

INDIGNATION SÉLECTIVE

Ce qui me révolte, c'est l'hypocrisie.
Les chevaliers de l'indignation morale (de droite et de gauche) qui se livrent depuis le massacre du Hamas à un concours du plus mortifié ne sont, à mon avis, pas totalement sincères pour certains voir complètement faux-cul pour d'autres.

Il y en a parmi eux qui ne sont pas choqués et nous mentent (Macronie et Extrême droite en tête).

Il y en a d'autres qui ressentent vraiment de l'horreur et de la peine. Bien entendu. Mais ces personnes ne sont pas sincères non plus car elles ne sont pas honnêtes sur ce qui motive et conditionne leur réaction émotionnelle. Elles ne réagissent pas systématiquement de la sorte.

On parle d'indignation sélective.
Elles ne respectent pas LA VIE. Elles sont plus touchés par la vie de certaines personnes.
Pourquoi? Le biais du mort kilométrique? Parfois, mais apparemment pas dans ce cas. C'est plutôt une question d'identification basée sur des critères culturels et ethniques. Ajouté au fait qu'on  ne peut tout simplement pas accueillir toute la misère du monde dans son cœur tout le temps (mais il faut en prendre sa juste part. La nôtre est copieuse et plus on laisse faire, plus elle s'agrandie).
Elles ne sont pas contre la guerre ou la violence. Elles en soutiennent à condition qu'elles les trouvent légitimes, utiles, morale ou rentables.
Elles ne sont pas pour LA JUSTICE. Mais pour un ordre qui correspond à leurs critères, bien synchronisés à leurs intérêts.
Nous avons des biais. On ne les contrôle pas. Ce n'est pas une raison pour être malhonnête.

La vie des enfants est évidemment sacrée car l'innocence est évidente.
Pourtant, seule la vie des enfants qui leurs ressemblent provoque leur empathie et leur indignation.

3000 enfants tués par l'armée israélienne n'a pas provoqué 75 fois plus d'indignation et de condamnation forcenée, dont ont bénéficié les 40 enfants assassinés par les combattants du Hamas, au contraire.
C'est très bien de déplorer les victimes israéliennes. Je dis qu'il faut traiter de la même façon les victimes palestiniennes. Ça éviterait beaucoup de problèmes.
BHL, Barbier, Enthoven, Braun-Pivet et Fourest (entre autres) après nous avoir expliqué que rien ne peut excuser de tuer des enfants, lorsqu'il s'agissait de victimes israéliennes, deviennent soudain moins catégoriques quand ce sont des enfants palestiniens. Selon eux, ça dépend de qui vise.
Donc d'après tous ces grands intellectuels, si vous voulez tuer des enfants, rejoignez plutôt l'armée et préférez les armes modernes, moins salissantes pour ceux qui en font usage.

L'hypothèse que je retiens, c'est qu'il y a un logiciel raciste et colonial profond, qui remonte à loin, qui est à l'œuvre en tâche de fond et qui nous fait tourner en bourrique. J'y reviens plus loin. (C'est un truc qui me préoccupe depuis longtemps et sur lequel je travail).

Citoyen ÉclairÉ plutôt que pantin dsciplinÉ

Il y a de nombreuses questions qui se posent.
Pourquoi réagissons-nous de la sorte?
Pourquoi la France est si touchée par ce conflit?
Comment en est-on arrivé là?
L'antisionisme est-il automatiquement de l'antisémitisme?
Faut-il condamner moralement et absolument toute forme de Terrorisme?
Y'a-t-il importation du conflit Israélo-palestinien en France ou importation des névroses Françaises dans le conflit Israélo-palestinien?
Est-il possible de résoudre ce conflit et si oui, comment?
Des questions dont on ne sait pas dans quel ordre les poser ni comment y répondre brièvement.

Je n'aurais ni l'indécence ni la bêtise d'arbitrer les drames individuels.
Je ne peut que commenter une situation collective et politique.

Difficile de ruer et de condamner aussi indiscutablement cette violence des opprimés, aussi ignoble soit-elle, car on ne peut pas oublier qu'elle est le produit d'une situation historique loin d'être aussi simplifiable selon un schéma manichéen (raciste) : méchants palestiniens (sous entendus arabes)/gentils israéliens (sous entendu juifs).
Celleux qui prétendent qu'expliquer c'est justifier sont des raclures qui plantent les germes de la tyrannie.

L'antisionisme est-il antisÉmite par nature?

C'est bien plus complexe que ça.

Le sionisme n'étant pas une chose homogène, ses opposants ne peuvent pas l'être non plus.
Le sionisme originel est la volonté de créer un état pour protéger les juifs des persécutions. Ceux qui s'opposent à ça sont probablement antisémites. Car pour quelle autre raison leur refuserait-on cette aspiration légitime?

Lorsque le sionisme des pionniers décide de s'implanter sur une terre déjà peuplée, ça devient compliqué (il ya des propositions respectueuses et humanistes qui sont proposées, telles que celles défendues par Hannah Arendt par exemple).
Lorsqu'il décide de se faire envers et contre la population autochtone, ce projet devient colonial. Les opposant à ce projet violent peuvent être sincèrement soucieux des droits des Palestiniens à ne pas être spoliés et maltraités.
Ce n'est pas antisémite, c'est anticolonial.
Mais si c'est l'installation de juif spécifiquement qui pose problème, l'antisémitisme s'invite avec l'anticolonialisme et on est dans un mélange infecte.
Pourquoi les Européens n'ont-ils pas créé cet état sur leur propre sol (en Allemagne par exemple, en guise de réparation) alors qu'ils étaient responsables de la Shoah? Difficile à imaginer n'est-ce pas? Mais par contre on demande aux arabes de s'y faire. On leur en a beaucoup demandé depuis plus d'un siècle.

Cette première définition du sionisme est démodée.
Depuis 1967, après la conquête complète de Jérusalem qui provoqua une vague messianique au sein d'un peuple juif israélien (traumatisé et toujours menacé d'extermination), le sionisme religieux prend de l'importance.
Le sionisme religieux et révisionniste prétend vouloir s'approprier la totalité de la Palestine de droit divin quitte à en expulser par la force les palestiniens.

Il coexiste donc deux formes de sionisme.

Celui des pionniers, à tendance socialiste, qui considère que la mission est accomplie et veut laïciser l'état d'Israël : le Post-sionisme.
Puis celui ultranationaliste, colonial, religieux, raciste et violent : le Néo-sionisme.

C'est ce dernier dont l'extrême droite Israélienne, qui participe au gouvernement (et compose la majeur partie de l'armée) depuis une quinzaine d'année, se revendique.
De nombreuses personnes qui se déclarent antisionistes le fond par rapport à ce mouvement et ne sont pas antisémites mais anticolonialistes et/ou antifascistes.
Cependant, la confusion persiste. En grande partie à cause, d'une part, des faussaires tels que Dieudonné et Soral ouvertement antisémites, d'autre part certains défenseurs d'Israël qui veulent systématiquement faire passer la critique de la politique Israélienne pour antisémite afin de la discréditer par l'anathème.

Et n'oublions pas les sionistes antisémites (l'antisémitosionisme dans les mouvements d'extrême-droite et les mouvements cathos intégristes) qui soutiennent Israël parce qu'ils veulent que les juifs se barrent du pays où ils habitent.
C'est le chacun chez soi des "etnho-différencialistes" (l'un des euphémisme quand on n'assume pas d'être raciste).

Ce qui motive l'antisionisme de celles et ceux qui s'opposent sincèrement au néo-sionisme c'est le colonialisme et l'idéologie fascisante des agents de ce projet.
Alors autant se définir anticolonialisteS c'est plus clair.
En particulier pour des français dont le combat anticolonial concerne une partie plus large de notre histoire que la question Israélo-palestinienne.

TERRORISME OU RÉSISTANCE?

Les deux mon cher.

On dit que le terrorisme devrait être condamné sans réfléchir, comme un réflexe stupide. C'est un raccourci inconsistant nourrit parfois par l'ignorance mais surtout par mauvaise foi.
Ceux qui nous somment de bondir sur ordre font mine d'ignorer deux choses.

- La première, c'est que le terrorisme peut définir une variété de pratiques que je ne condamne pas automatiquement.
La propagande par le fait peut se contenter de viser des édifices politiques et des cibles matérielles symbolique sans pour autant chercher à faire des blessés.
La résistance française commettait des assassinats, des attentats contre des personnes, des lynchages... Les allemands et leurs complices la qualifiait de terroriste. Pourtant, elle n'est pas condamnée pour cela (je ne crois pas qu'elle ai commis des massacres aveugles). Sa cause l'excuse et je suis d'accord. Ils combattaient un occupant, en l'occurrence les nazis et leurs complices.
Le Viet Minh et le FLN ont usé de moyens terroristes. Ils étaient eux aussi à inclure dans une logique de guerre de libération (décoloniale) par nature asymétrique. Ils ont remporté la victoire, ce qui les légitime finalement aux yeux de l'histoire et de la mémoire.
Le FLN répondait, quand on leur reprochait d'égorger des français, qu'ils étaient d'accord pour échanger leur couteaux avec des canons pour pouvoir combattre de façon civilisée comme les français. (On peut se rappeler des massacres de Sétif en 1945, avec lesquels les évènements actuels résonnent tristement).
Les crimes de guerre commis des deux côtés ont été couverts par l'amnistie (je suis mitigé à ce sujet).
La distinction (sauvage/civilisé) que nous continuons cependant de faire entre l'activisme armé des résistants français et celui des résistants vietnamiens et algériens (entre autre) révèle sans doute une vision ethnocentriste coutumière de l'occident.

En Europe, durant les années de plomb, le terrorisme d'extrême gauche visait des cibles politiques identifiées, tandis que celui de l'extrême droite et des djihadistes est aveugle.
Quant aux projets politiques qu'ils défendent, ils ne sont pas équivalents et c'est une dimension à prendre en compte pour juger les actes, auxquels on ne trouvera pas de circonstances atténuantes, mais bien des circonstances aggravantes (en l'occurrence pour l'extrême droite et le djihadisme, motivés par la haine).
Les guerres asymétriques, de résistance, de libération, donnent toujours lieu à des actes qualifiables de terroristes (même en Inde mes p'tits cocos).
C'est à déplorer mais il faudrait condamner plus encore les conditions qui causent son apparition (à savoir la guerre, la domination, les persécutions etc...).

Est-il vraiment nécessaire de rappeler qu'on n'en vient pas à commettre des attentats sur un coup de tête en se levant le matin. On ne nait pas terroriste.
Posez vous la question pour vous. Quelle quantité d'injustice, de blessure et de désespoir vous faudrait-il pour en arriver là?
Pour les palestiniens, on parle d'une violence quotidienne pendant que les israéliens peuvent monter des festivals de musique sous leur nez (scène du show des playmates dans Apocalypse Now).
Pourtant, même la très écrasante majorité des palestiniens n'en viennent pas là.
L'assaut du Hamas était clairement un acte suicidaire dont le fanatisme religieux n'est pas la cause mais l'élément transcendant (kamikazes).

Aujourd'hui, des sabotages qui ne font aucune victime (mouvements écolos) sont qualifiés de terrorisme.
D'abjectes personnages parlent même de terrorisme "d'ambiance" ou "d'atmosphère".
On voit bien que ce terme est trop flou pour représenter quoi que ce soit d'homogène qui mériterait une condamnation aussi unanime.
À moins d'être sincèrement pacifiste, ce qui n'est pas le cas des gesticulateurs publics qui s'égosillent sans vergogne.
Leur appétit pour la violence ne fait aucun doute, surtout si les exécutants sont à leurs ordres, habillés en bleu et manient la matraque ou le LBD.

- La deuxième, c'est que le terrorisme est un acte violent qui a pour objectif d'obtenir un gain politique dans un conflit grâce à la terreur qu'il produit sur son destinataire.
Comme son étymologie l'indique, c'est la terreur recherchée qui détermine la validité de son emploi sémantique, pas l'auteur.

Il faudrait alors combattre la violence de nos propres gouvernements oppressifs, y compris celui d'Israël, avec la même ferveur avec laquelle on condamne la violence des opprimés.
Les répressions d'état violentes cherchent à terroriser la population et dissuader, voir punir une contestation (par la force, par la loi, par l'injure publique...).
La violence massive déployée par les autorités israéliennes est un châtiment collectif qui a pour but de terroriser les palestiniens et, soit de les garder sous leur joug soit de les pousser à l'exile. En tout cas de les punir d'être palestiniens.

Mais on constate bien qu'il y a deux poids deux mesures (double standard).
Le terrorisme est un terme ambiguë utilisé par la classe politique pour légitimer la violence des états et disqualifier celle des opprimés. Il perd tout son sens lorsqu'il est utilisé à tord et à travers pour dénigrer sans distinction l'activité des oppositions.

Il a aussi un sous texte raciste dont les amalgame souvent pratiqués sont la preuve.
Terrorisme = musulmans = arabes
Si on rajoute le mot Palestine, on comprend pourquoi le sinistre de l'intérieur veut interdire les manifestations pro-palestiniennes.

En France, le terrorisme d'extrême droite est une menace réelle.
Des groupes se forment, s'arment idéologiquement et physiquement.
Les réactions que ce fait devrait susciter se font encore attendre.
Le sinistre de l'intérieur en question, Darmanin, a fait ses classes politiques à l'extrême droite, du coup, ça le dérange moins que les arabes et les gôchistes (dont il est tellement désireux de découvrir les projets terroriste qu'il les invente).

CONCOURS DE TERREUR POUR HALLOWEEN

Le problème, c'est la brutalité et l'injustice des crimes de guerres et des massacres.
Telle que cette attaque enragée du Hamas.
Telle que la réponse vengeresse d'Israël.
Toutes deux meurtrières et aveugles.

On peut remarquer tout de même que l'autorité israéliennes a d'avantage les moyens d'éviter de se vautrer dans l'inhumanité, de part le fait d'avoir un état doté de la puissance moderne, et pourtant elle se l'autorise et assassine vingt fois plus (elle en a les moyens).

Objectivement, le Hamas est une organisation politique (qui a un programme, des élus et qui administre) palestinienne, religieuse, réactionnaire, tyrannique et antisémite, principalement motivée par l'anticolonialisme (c'est l'objet de son existence), dotée d'une branche armée qui inclut dans ses pratiques le terrorisme, souvent envers des populations civiles, donc coupable de crimes de guerre.
C'est bien un mouvement de résistance, quoi qu'on pense de ses méthodes, différente de Daesh et Al Qaeda (et même du Hezbollah).

Il est incontestable que leur vision du monde et leurs méthodes politiques ne correspondent pas du tout à mes idéaux, bien au contraire.
JE SUIS ANARCHISTE,
ALORS LES D
ÉLIRES AUTORITAIRES, RASCISTES ET RELIGIEUX, ON NE PEUT PAS ME SOUPÇONNER DE LES CAUTIONNER ET ENCORE MOINS D'EN FAIRE L'APOLOGIE.

Israël est dirigé par un gouvernement ultranationaliste, colonialiste, militariste, raciste et fascisant qui a pour objectif de s'approprier toute la Palestine, de gré ou de force, au mépris des population arabes, dont la vie ne vaut pas grand chose à leurs yeux.

Ce gouvernement et son armée commettent pour ce faire des massacres de civils, des persécutions, des expulsions massives de population (nettoyage ethnique) et un apartheid qui, le tout mit ensemble (car le fruit d'une politique systématique et organisée consciemment depuis des décennies), constitue probablement un crime contre l'humanité, d'autant plus inadmissibles qu'Israël se prétend une démocratie, un état organisé, et possède de très loin l'initiative dans la région par sa puissance incontestable.

Allez, je lance une question à laquelle les hypocrites ne peuvent pas répondre, à moins d'être totalement dénué d'empathie.
Qui est le plus terroriste des deux?
Celui qui peut traverser la frontière pour venir t'égorger toi et tes proches dans un acte suicidaire? Ou celui qui peut raser ton immeuble et tout ses occupants d'un claquement de doigt, à tout moment, grâce aux drones qui te survolent en permanence?
Allez, je vous aide :
Les deux mon cher.
Car dans la colonisation, le colon comme le colonisé sont poussés à perdre leur humanité.
(je crois que c'est Fanon qui disait ça)

QUI IMPORTE SA MERDE CHEZ QUI?

On entend beaucoup les mêmes donneurs de leçon nous défendre d'importer le conflit en France.
Mais ne serait-ce pas la société Française (et l'occident plus généralement) qui importe ses névrose dans le conflit Israélo-palestinien?
En effet, nos réaction prouvent que nous lisons ce conflits et les évènement qu'il produit régulièrement selon nos propres préoccupations.
Les politiciens cherchent à créer des liens pour en faire usage (récupération) et en tant qu'individus, nous pouvons nous identifier aux protagonistes selon nos récits personnels.

Nous sommes une société coloniale non exorcisée dont les fantômes qui nous possèdent sont réactivés régulièrement.
Puisqu'il est si difficile de parler de notre propre passé colonial, peut-être que débattre sur une situation qui rappelle nos traumatismes peut permettre de lutter sur ce sujet par interposition. Autrement dit, les impérialistes d'ici défendent leur colonialisme sur le dos des palestiniens et les anticoloniaux se servent des colons israéliens pour viser les héritiers de nos colons nationaux. La solidarité pro-palestinienne est aussi vieille que la guerre d'Algérie et le racisme (l'islamophobie en particulier) encore plus ancien. Les solidarités respectives épousent le camp moral auquel on s'identifie.

C'est bien de nous que nous parlons.

Je crois que ces réactions viscérales (chez les personnes réellement choquées par ce massacre) sont le symptôme d'une mauvaise conscience.
Celle du colonialisme de notre nation qui continue à scinder notre société à cause du déni et de l'inertie des schéma racistes et militaristes qui le rendait possible.

Mais aussi celle de la Shoah. Il faut montrer à quel point on défend la communauté juive (philosémitisme) pour faire oublier notre collaboration zélée et le fait que l'antisémitisme, qui n'a pas disparus chez nous, continue de tuer (affaires Ilan Halimi et Mohammed Merah par exemple).

Nous n'assumons pas notre propre passé colonial et le traitement honteux que nous continuons de réserver aux populations issues de nos anciennes colonies (usage de la police dans les quartiers, discriminations en tous genres, accueille indigne des réfugiés...) comme aux pays encore sous l'empreinte pesante du néo-colonialisme (cinq de nos anciennes colonies en Afrique de l'ouest ont connus des coups d'états ces dernières années, s'accompagnant d'un rejet massif des français. Ce n'est pas un hasard que ce soit une particularité Française).

Et enfin, toujours au sujet de l'importation, voilà un autre aspect bien souvent mit de côté :
LE CAPITALISME.

Oui, le colonialisme est une appropriation des terres.
On aurait bien tord de réduire ce conflit à une guerre religieuse.
La religion est toujours un prétexte. Un récit mobilisant, car les objectifs concrets sont moins séduisants qu'une bonne histoire d'Heroic fantasy.
La colonisation est une conquête avant tout.
Netanyahou, le mafieux empêtré dans la corruption jusqu'au cou, en est le représentant iconique.

L'état Israélien s'est approprié des terres. Y a soutenu le développement de communautés qui alimentent son économie. Et le capitalisme ne cherche qu'à croitre, à s'étendre, tout comme la colonisation.
Beaucoup de colon vont s'installer dans les territoires occupés car les loyers y sont moins cher. Le "pouvoir d'achat" prime sur tout le reste.
Bien sûr, c'est aussi dans ce domaine que nous pouvons comprendre l'indifférence de nos propres pays. Nous faisons des affaires (USA en tête). Les "dégâts collatéraux" produit par notre appétit consumériste ne nous a jamais posé de cas de conscience (ça commence à changer avec l'écologie qui questionne les "externalités").

Une guerre éternelle, c'est le jackpot pour l'armement, le bâtiment, les fournitures...
Les ONG achètent beaucoup (et il y a des salaires à verser). Gaza ne peut rien produire, il faut tout importer. Et comme tout est détruit régulièrement, il faut renouveler, reconstruire.
Même l'Arabie Saoudite, théoriquement solidaire du monde arabe, était sur le point de conclure des accords avec Israël. Ce qui est l'une des cause de l'assaut du Hamas.
Sans notre complicité, Israël ne pourrait pas mettre en œuvre sa politique coloniale.
Sans le poison et l'aide des colons (Anglais en tête) et des capitalistes occidentaux, Israël n'aurait même pas pu voir le jour.
Alors qui importe sa merde chez qui?

Pour conclure

Mon être humaniste et antifasciste convoque plus volontiers ma solidarité avec les peuples opprimés. Ici les Palestiniens.
Pourtant, les membres de la société israélienne me sont plus semblables, par mes connaissances personnelles, leur occidentalisation culturelle, leur modernisme et les aspirations progressistes d'une partie de sa jeunesse.
Mais les progressistes sont en minorité (là bas aussi) et ne parviennent pas à contrer les hordes d'extrême droite qui sont au gouvernement, dans l'armée, dans les rues et qui produisent cette situation inextricable (c'est ce que le fascisme fait) qui livre sa propre population (associée abusivement à leurs crimes) à la détestation par ses voisins et vice versa.

L'attaque du Hamas à provoqué le pire massacre de juifs depuis l'holocaust.
En réponse, le gouvernement d'Israël va causer la pire crise humaniatire et le pire massacre de palestinien de toute l'histoire.

Pourquoi les civils sont les premières victimes?
Nous sommes tous et toutes d'accord sur le fait que tuer des enfants est injustifiable.
Pour le reste, le conflit en question mobilise l'ensemble de la population adulte.
Les populations civiles sont considérées comme parties prenantes. C'est typique des guerre coloniales.
Les colons soutiennent un gouvernement (élu à la majorité) qui applique la politique coloniale. Les colons s'approprient des terres et vampirisent la Cisjordanie (jusqu'à l'assassinat impuni avec la complicité de l'armée). Il y a le service militaire mixte en Israël. Donc les adultes ont participé activement à l'occupation militaire et restent des soldats de réserve.

Pour les palestiniens, l'absence d'état leur empêche de former une armée conventionnelle et ne leur laisse que la guérilla et le terrorisme comme mode d'action. Ils n'ont pas d'autre choix que de se fondre dans la population "comme un poisson dans l'eau". De la même manière que tous les autres mouvements de résistance, quoi qu'on en pense.
Quant au vote, le choix n'est pas vraiment possible. En plus de la persécution politique (assassinats ciblés des membres de l'OLP ou emprisonnement des militants par exemple), le Hamas a été favorisé par le gouvernement Netanyahou pour bloquer toute solution politique aux palestiniens. (ça rappelle beaucoups de précédents tels que les talibans pour les USA).

Il est probable que l'association du peuple juif aux crimes du gouvernement d'Israël (amalgame pratiqué par ce même gouvernement) est l'une des causes de l'antisémitisme.
Il faut donc arrêter ça.

Les juifs du monde entier qui ont gardé l'esprit humaniste (l'UJFP par exemple) doivent souffrir profondément de ce que l'on fait en leur nom.
Je pense à Hannah Arendt, Paria consciente dont on ne peut pas démentir l'antitotalitarisme, ni la judéité. Sioniste antinationaliste fervente (elle défendait une fédération judéo-arabe) et opposante à l'état chauviniste d'Israël préoccupé par sa seule défense, jusqu'à son décès en 1975.

Les juifs ne sont pas responsables de la politique Israélienne tout comme les arabes et les musulmans ne sont pas responsables des actes du Hamas et des mouvements terroristes.

Il n'y a que les esprits étriqués (et racistes) qui peuvent binariser aussi catégoriquement les populations impliquées.

Je suis désolé pour les victimes des massacres aveugles, qu'ils soient tué à la machette par des combattants terroristes de la branche armée du Hamas ou à coups de bombes lourdes et sophistiquées par un opérateur ultranationaliste de l'armée coloniale Israélienne.

Je ne me rendrais complice ni du Hamas ni du gouvernement Israélien.
Je ne me laisserais pas dicter mes émotions par des imposteurs et des simulateurs ni manipuler par des hypocrites et des cyniques.

Je garde en mémoire l'histoire de ce conflit comme de notre propre histoire.
Je n'oublie pas que nos propres gouvernements sont des pourris et des charognards mouillés dans ce carnages.
Je n'oublie pas que le cœur de ce conflit est colonial et que la fin de l'occupation, la création d'un état palestinien (ou d'un état binational) libre et indépendant, la démilitarisation et la reconnaissance mutuelle sont les pré-requis incontournables pour rendre la paix possible, si c'est encore possible.

Je prend en considération que l'état d'Israël est l'état qui a le pouvoir de faire la paix mais qu'il a choisi ses intérêts coloniaux. Il est donc le premier responsable de la situation.

Quelle tragédie qu'une fraction du peuple juif israélien refuse à son voisin ce qu'elle revendique si impérieusement pour elle-même.
J'ai du mal à le comprendre.
(La psychologie nous dit qu'une victime non guérie de son trauma est susceptible d'infliger à autrui ce qu'elle a vécue, mais ça ne me suffit pas).

Je suis antifasciste, anticolonialiste, anticapitaliste et anti militariste.
Je suis pour que les peuples se libèrent de leurs oppresseurs, par tous les moyens nécessaires (c'est à dire : pas tout et n'importe quoi), comme revendiqué dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.
Et je ne change pas d'avis quand ça m'arrange.

N'inversons pas les causes et les effets. S'ils n'y avait pas de colonisation, il n'y aurait pas de résistance armée.

Si on veut la paix, il faut s'opposer à la guerre (OMG! Prix Nobel en vue).
Il n'y a pas de mouvement pacifiste en France. C'est un problème majeur.
L'extrême-droite est contre les mouvements anticoloniaux, contre les mouvements antiautoritaires, contre les mouvements antiracistes... contre tout type de progrès social et humaniste (ce qu'ils appellent le wokisme). C'est ça les réactionnaires (le macro-lepenisme).
Ils seraient donc contre les mouvements pacifistes s'il y en avait.
N'oublions pas que la france est un des trois plus gros marchand d'arme au monde et qu'on régale parmis les pires dictatures possibles.
On sait bien mettre notre déclaration des droits de l'homme et du citoyen de côté pour vendre quelques avions et quelques missiles.
(Le mouvement BDS a des choses à dire à ce sujet)

C'est bien connu, le fascisme c'est la guerre.
L'extrême-droite et ses délires progressent et les aspects progressistes de notre société sont démantelés les uns après les autres. Ce qui accentuera les tensions et les conflits.
On sait quoi faire contre le fascisme, forme radicalisée du capitalisme dont la guerre et le colonialisme sont des avatars.
Il faut de la justice, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
(voir les recommandation du Conseil National de la Résistance)
On ne peut pas nier que les Palestiniens n'ont rien de tout ça et les mêmes causes continueront de produire les mêmes effets.

Soutenez la violence, vous recevrez de la violence. Ici comme ailleurs. Semez du vent, vous récolterez des tempêtes. Semer des oragans en réponse, vous récolterez des super-cyclones. Jusqu'à l'apocalypse?

Les Israéliens, les palestiniens et nous-mêmes, nous méritons mieux que ça.

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Laisse pas trainer ton souverainiste si tu veux pas qu'il glisse

Publié le par Mikeulponk

Laisse pas trainer ton souverainiste si tu veux pas qu'il glisse

Pour nos p'tites discussions philo-politique, j'ai proposé de réfléchir sur un phénomène qui m'inquiète depuis longtemps.

Pourquoi certain.e.s personnes glissent et s'enfoncent dans la fachosphère alors qu'iels affichaient une sensibilité de gauche au départ ?
Les cas sont nombreux et les réponses surement tout autant. Mais il y a peut être certains schémas qui se répètent. Je vais tenter de proposer une modeste hypothèse.

Cette réflexion me travaille en cette fin avril - début juin 2023 à cause des actualités.
En particulier ce 1er mai, fête des travailleur.euse.s.
Rebaptisée fête du "travail" par Pétain et son régime fasciste (dont la macronie partage de très nombreux points communs).
C'est aussi le 8 mai. Date symbolique car elle commémore l'armistice de 1945 et la victoire sur l'Allemagne nazie.
Malheureusement entachée par les massacres dans les colonies, l'embrayage sur la guerre froide anticommuniste et colonialiste et la faillite lamentable de la dénazification (et de la dépétainisation) dont on paye le prix aujourd'hui (notamment par la généralisation de l'optimisation par les nazis du new management).
Ce jour férié a vu des Champs Elysées vides pour un président autocrate qui défile seul. Deux jours avant, une manifestation fasciste et néo-nazie était autorisée, trankilou ainsi qu'une autre quelques jours plus tard de l'action française, contrairement à toutes les manifs populaires depuis des mois. Il interdit les casseroles pour risque de trouble à l'ordre public (mais surtout à son image) mais autorise "en même temps" les symboles et slogans fascistes.
Il s'attaque aussi aux initiatives de la CGT et autres syndicats, qui ont participé à la résistance et au programme du CNR (le vrai, le Conseil National de la Résistance) qui a mit en place d'importantes mesures sociales que le despote en chef actuel s'évertue à dégommer.
Si le CNR avait insisté sur la justice sociale comme rempart à la résurrection du fascisme, faut être sacrément débile pour ne pas comprendre qu'en augmentant l'injustice, les fachos reprendront du poil de la bête immonde.
Vu qu'il y a peu de chance qu'ils soient débiles à ce point, c'est plutôt qu'ils s'en fichent, car ils s'en accommoderons, voir pire, qu'ils sont tout à fait à l'aise avec ça ou qu'ils le souhaite (avoir l'extrême droite comme adversaire est une aubaine dont ils ont allègrement profité - toi-même tu sais).

Juin sera aussi la commémoration du meurtre de Clément Méric (6 juin 2013), tué par des petites frappes fascistes. Les même qu'on à vu défiler récemment et qui multiplient les provocation étant donné l'impunité dont ils jouissent (blocage de concerts, manifs anti-migrants, agressions...).

Nous avons un ennemi : les fascistes et les capitalistes qui suivent cette tendance.
Il est important de penser aussi à ne pas laisser nos camarades glisser vers leurs rangs.

Prémisses de l'enquête

On assiste depuis un moment à la montée du fascisme partout dans le monde.
Y compris ici, dans la société, dans les médias, dans l'état.
L'ambiance confuse qui a caractérisé les périodes électorales et la crise du Covid sont un terreau propice à la progression du venin.
Une rhétorique nauséabonde s'exerce conjointement à la prolifération des thèses complotistes et du réaffermissement des croyances les plus irrationnelles (comme le new-age). Autant dans toutes les strates de la population que dans les partis politiques.

Dans ce magma confusionniste, il y a des cas qui me préoccupent car ils détournent des gens, à priori alliés, de nos causes pour épouser celles de l'adversaire. Certain.e.s de ces dernier.e.s en viennent à jouer les "gourous" pour entrainer de grandes quantités de personnes égarées derrière eux.elles. Ce sont autant de gens qui sont, au mieux, mit à l'écart de nos espaces politiques, au pire les polluent. Un gros gâchis et une belle épine dans le pied.

Je vais prendre quelques exemples pour illustrer ma théorie sur ce glissement problématique.
Je me pose la question du mécanisme psychologique sous-jacent.
Je redécouvre le paradoxe de la tolérance de Karl Popper.
Et je questionne la notion de "souverainisme" qui me semble comme un ver dans la pomme.

Pourquoi cette question me préoccupe tant et sous quel angle je l'aborde ?

Je me suis construit dans la révolte empirique face à l'autorité abusive.
Celle des adultes, de l'école et de la police.
Mon premier souvenir politique marquant est l'intrusion de J.M. Lepen au second tour des élections de 2002.
C'était au tout début de mon éclosion adolescente par le biais des études d'art et de la découverte du mouvement punk (qui me conduisirent à embrasser l'idéal anarchiste).
En 2013, le meurtre de Clément Méric me bouscule et me pousse à réagir en m'impliquant dans le militantisme antifasciste en région parisienne.
C'est aussi le moment où le complotisme faisait des ravages en banlieue, où je vivais.

Le cas Soral et Dieudonné :
Soral est un fils de bourgeois déclassé qui a nourrit une rancune contre les juifs et les femmes. Il est passé d'une posture d'extrême-gauche à prêcher la propagande nationaliste pour le compte du front national au près des banlieues comme l'empire allait recruter des tirailleurs pour sa sale besogne.
Mais il n'avait pas vraiment de street cred'.

Dieudonné était un comique talentueux et l'une des rares icones positives en dehors des footballers pour les banlieusard.e.s. Il a nourrit une rancune contre les juifs, notamment à cause d'un échec à monter un film sur la traite négrière. Il sombre dans les thèses complotistes antisémites. En 2003, il fait un sketch à la télévision aux relents antisémites qui ne passe pas. Il n'est plus en duo avec Elie Semoun, donc il n'a plus de caution dans cette époque post 11 septembre et son changement de ton est clair. Ce n'est plus "juste de l'humour". Cet humour est politique, ce qui était bien tant qu'il était de gauche, mais qui pose sérieusement problème lorsqu'il est antisémite.
Il subira par la suite une certaine censure (l'antisémitisme n'est pas une opinion) et un acharnement, parfois prétexte à exprimer du racisme à bon compte (contre les noirs et les banlieusards).
Les provocations de Dieudonné vont se multiplier jusqu'à faire la promotion du négationnisme et du néo-nazisme peu de temps après avoir rencontré Soral.

C'est en 2004 qu'il rencontre le vautour Soral qui va l'encourager dans cette voie. Ils vont se servir l'un de l'autre pour finir dans une liste soi-disant "antisioniste", qui n'est qu'une réunion d'antisémites et racialistes puants (qui vont durablement porter préjudices au mouvement pro-palestinien). Toute la fange d'extrême droite de l'époque va défiler dans le théâtre qu'il loue, la "main d'or" (dont il sera expulsé en 2017).

Tous deux vont finir rattrapés par leurs ambitions personnelles après avoir influencé, essentiellement par le biais d'internet, de nombreuses personnes paumées ou haineuses et foutu un immense bordel dans les classes les plus pauvres. Diviser pour mieux régner.
Deux rancunes se sont additionnées. Face à l'adversité, ils se sont enfoncés. Leurs égos se dilatant de plus en plus pour en devenir pathétiques.

Je vois un schéma :
- Une personne paumée balance une thèse maladroite, ambiguë ou totalement pourrie. à ce stade, l'individu peut avoir le bénéfice du doute. Naïf, ignorant, erreur...? Sans doute rien d'irréparable.
- Une réaction violente se produit (parfois un harcèlement démesuré, y compris de trolls se revendiquant antifas, ce qui ne nous aide pas du tout). ça risque de dégénérer.
- En particulier sur internet, qui est un espace qui exacerbe l'égo tout en étant un supermarché de la connerie fasciste et conspi.
- Un dilemme se pose à l'intéressé : 1) Faire une pause, reconnaitre ses tords et  rétropédaler. ça fait mal sur le coup, mais on en sort plus sage. 2) Ne pas se laisser emmerder par les contradicteurs et renforcer ses liens avec celles et ceux qui vous soutiennent, quitte à adopter leurs discours. (réflexe réactionnaire)
- Le glissement se poursuit lorsque le flirt devient une relation officielle. Plus le temps passe et plus le retour en arrière est difficile.
- à force, la personne s'est trop engagée et compromise. Elle n'a plus que ces réseaux pourris pour continuer à exister. Elle a été conquise par l'extrême droite.

Un même dilemme se pose aux publics de ces personnalités.
Pour les banlieusard.e.s, réaliser qu'une des rares figure publique à laquelle ils s'identifiaient positivement est grillée a été difficile et long. Parfois, le deuil était si difficile à accepter que certain.es. ont préféré le suivre dans la gueule du loup.
Il faut de la force pour accepter la rupture au lieu de s'enfoncer.
D'ailleurs, céder à la tentation complotiste est une tragédie. Les motivations sont souvent très justifiées (conscience qu'un truc ne tourne pas rond, recherche de vérité, volonté de se réapproprier son récit...) mais c'est la réponse qui ne convient pas. Des charognards se servent d'un vide laissé par la gauche (qui a délaissé son rôle démystificateur et idéaliste) pour s'y engouffrer et détourner cette énergie.
Le terme complotiste est un stigmate bien facilement lâché. Ce qui a pour conséquence de rendre les choses encore plus confuses.

[Le complotisme est une rhétorique avant tout. Une façon de contester la version communément admise des faits en cherchant à l'expliquer (et la résumer) par un complot fomenté par un groupe surpuissant, en omettant les causes multiples et souvent plus politiques ou sociales des évènements.
C'est une simplification, une déformation, qui limite la représentation du monde à un antagonisme souvent soluble dans les idéologies religieuses ou d'extrême-droite.
Attention.
D'une part, les complots existent. Un individu ou un groupe qui s'organisent en secret pour obtenir un avantage contre un autre individus ou groupe, ça arrive dans votre voisinage, votre boulot, la politique, une bande d'amis etc... Le complotisme, c'est une façon de penser et d'en faire le centre de son interprétation du monde. Aussi les mensonges des puissants sont évidents.
Mais il est abusif de leur octroyer plus de pouvoir et d'intelligence qu'ils n'en ont.
Cette préférence pour les thèses conspirationnistes répond à un récit personnel et non à une vérité objective.
D'autre part, nous sommes justement baignés dans des récits à la structure complotiste en permanence. Ce qui nous rend d'autant plus vulnérables à ce genre de discours.
En tant qu'auteur, c'est une vrai plaie de s'assurer que mes récits ne confirment pas ce genre de rhétorique.
Lorsque je parlerais de complotisme dans la suite de l'article, ce sera à propos de thèses clairement merdiques (thèses racistes, mythologiques, démontées méthodiquement...), pas de celles dont le doute reste permis.]

Depuis cette expérience, je suis devenu très méfiant.
J'essaye d'écouter attentivement le discours derrière l'expression (l'humour, par exemple, est un outil puissant pour tourner en dérision les plus forts, mais aussi un outil privilégié pour opprimer les plus faibles).
J'essaye de capter la solidité et la structure de la rhétorique pour spotter les zones grises et douteuses.
Les radars s'allument sur certains mots, certains schémas, certains noms...
Une petite recherche internet livre déjà beaucoup d'indices. Si on sait discerner un minimum une info sérieuse d'une rumeur ou d'un hoax (produits industriellement et très viraux). Ce qui demande aussi beaucoup de temps, de savoir-faire et d'énergie dont la plupart des gens ne disposent pas.

C'est comme ça que des personnes vigilantes ont démasqués des personnalités comme Chouart et Aberkane. Et peut être un certain Alexis Poulin.

L'enquête Alexis Poulin
(attention à ne pas miser sur le mauvais cheval :)

Lors de l'une de nos discussions, certaines membres du groupe me conseillent de consulter les vidéos d'Alexis Poulin.
Apparemment comique et anti-macron.
J'y vais avec une petite puce à l'oreille. Les positions sur la période covid n'étant pas raccord et souvent le leitmotiv de leurs centres d'intérêt.
Les vidéos de ses revues de presse ont effectivement un potentiel comique. Ses assauts contre macron sont vifs.
Mais il y a un truc qui me chiffonne sans pouvoir mettre le doigt dessus...
Une surenchère émotionnelle exempte de fond clair, peut être...
C'est un bon défouloir, mais quel est le projet ? Dans quel cadre théorique ?
J'ai besoin de creuser pour en avoir le coeur net.
Quelle n'a pas été ma surprise!

Une vidéo, où il est mit en contradiction avec E. Levy sur sud radio, confirme mes doutes. (J'y reviens plus bas).
Je tombe alors sur ces articles (orientés et dont certaines sources ont disparues, mais qui constituent au moins une bonne piste pour vérifier si mes craintes sont fondées ou non).
Ligne de crète
Paper Blog
Debunkersdehoax
Il y a aussi un article sur libé, mais n'étant pas abonné, tant pis...

Pour résumer, voici son CV :
Il commence comme influenceur, marketeux branché start up.
En 2007 il a rédigé une lettre d'info pour le MEDEF où il fait la promotion des lobbys à Bruxelle. En 2017, il y est toujours car il participe à l'organisation du "start up nation summit" pour EIT digital.
Puis en 2018, sans que ce soit bien clair, il retourne sa veste en rejoignant le média "Le Media".
S'est-il fâché avec ses anciens potes ? Change-t-il de discours en fonction de son employeur ?
Il faut dire qu'à cette époque, Le Media n'était pas clean. Très lié au parti/mouvement de Mélenchon qui n'était lui-même pas clean car il contenait son lot de rouge-bruns (avec certains desquels A. Poulin va garder une grande proximité).
Il y réalise même une interview de Asselineau. Premier impaire de taille colossale.

Asselineau est le patron de l'UPR. Parti d'extrême droite complotiste nationaliste.
Il s'est forgé sa réputation sur internet en diffusant un discours anti-européeen très technique (jusque là ça pourrait aller parce qu'il y a beaucoup de choses à reprocher à l'Europe) mais dans une version plus nationaliste et complotiste qu'autre chose. Il s'agit là d'un discours "souverainiste" qui séduit autant De Villier, Dupont-Aignant que Soral. Autant dire que son public est lucide sur le fond du bousin.
Il n'y a pas de doute sur cet individu, c'est un facho démasqué depuis un bail.

Le Media vit des remous. Il change plusieurs fois de direction et A. Poulin décide de s'en écarter pour des raisons vagues. Des questions d'intérêts (vu comment il gère ses affaires et avec qui il s'associera plus tard, ça semble bien hypocrite). On aurait diffamé ses amis. S'agit-il de Denis Robert ou des contacts qu'il a conservé de cette époque ? (dont le qualificatif de rouge-brun n'est pas une diffamation, vous verrez plus loin).

Bref, on ne peut pas lui reprocher d'avoir quitté le Media à cette époque, au contraire. Mais quand c'est pour aller dans des truc encore plus douteux, c'est chelou.
Il collabore à de nombreux médias, y compris C News, Sud Radio et RT.
Ce qui donne l'impression qu'il bouffe à tous les râteliers et que sa tribune drapée dans la déontologie n'était qu'une posture.
Il collabore au site internet Boulevard Voltaire. Un site fondé par ce gros facho de Ménard. Un site classé à juste titre à l'extrême droite et complotiste. Ainsi qu'à la chaine youtube TV-liberté du même tonneau pérrave.
Là ça pue sérieux.
TV-L a été créée par un ancien cadre du FN puis dirigée par un des cadres du bloc identitaire (groupuscule fasciste français très xénophobe). Depuis le départ liée aux réseaux complotistes antisémites tels que les soraliens. Tout le fond de caniveau d'extrême droite y traine.
L'un des financiers est un certain mr Mordrelle, fils de collabo (condamné à mort plusieurs fois pour avoir été un allié des nazis avant et après la guerre).
Ce dernier est gérant d'une agence de com' à Redon (et ici) et une figure importante de tous les réseaux d'extrême droite (c'est LE carnet d'adresse de la fachosphère), y compris des nazis historiques et des néo-nazis. Il est l'un des principaux financiers de l'extrême droite et s'est récemment fait de la pub en finançant la campagne de Zemmour.
Cette WebTV de merde pratique la "réinformation", élément de langage pour masquer leur négationnisme qui s'est ensuite répandue comme une trainée de poudre dans la complosphère.
La chaine a pour but d'être un média identitaire, sorte d'équivalent web de radio courtoisie.

Il prétend que c'est pour ne pas rester replié sur "nos médias" et porter "la bataille culturelle" sur tous les terrains. Sauf que pour mener la bataille, il faut un plan. Une stratégie et des tactiques adéquats. Vu ses piètres performances, ça ressemble plus à de l'impro. Chevalier naïf ou ambitieux hypocrite ?

Par exemple, son intervention à Sud Radio face à E. Levy était nulle.
Sur l'écoterrorisme, face à une logorrhée agressive et grossière - dont la rombière facho a la maitrise - et dans le cadre d'un duel modéré par un animateur visiblement favorable à la ligne de la polémiste, A. Poulin s'écrase et leur abdique la criminalisation des manifestants.
Ils sont fiers. Ils ont mit K.O. le gauchiste de service qui a dû se justifier avec un air penaud.
Au début, je l'avais vu comme un pauvre bougre prit au dépourvu, tombé dans un piège d'une violence bien rodée.
Les fachos, pour avoir l'air démocrates, mettent en scènes des faux débats, où le déséquilibre est manifeste, servant à illustrer la force des réactionnaires plutôt qu'à mettre en place un véritable débat équilibré.
Idiot utile malgré lui ou opportuniste ?

Au final, en collaborant avec des médias de droite et d'extrême droite, il participe à les alimenter, à les légitimer.
Je ne crois pas que sa stratégie (si elle est sincère) soit payante.
C'est d'ailleurs une histoire qui avait été réglée il y a longtemps par celles et ceux qui les ont déjà pratiqués. On ne parle pas avec les fachos. L'antifascisme est un combat, pas un débat.

Dans la discussion, on me fait remarquer qu'on ne va pas ostraciser tous les gens borderline. Il faut reconquérir ceux qui ne tiennent pas spécialement à ce genre de rhétorique.
Soit. Mais pour faire cela, il faut s'assurer d'avoir bien pensé la stratégie et d'avoir bien rodé ses tactiques. D'avoir les arguments et l'aplomb. De connaître le terrain, les enjeux et les règles du jeux. S'assurer qu'on a une chance.
On ne joue pas avec le feu comme ça. Sinon ce n'est pas toi qui parle avec les fachos, mais les fachos qui se servent de toi pour parler.

2019 - Il retourne au lobbying start up pour l'INPI.
Ce n'était donc pas un accident de parcours. Besoin de sioux ?
En 2020, il fait parti de l'Observatoire National de l'Extrême Droite. Mais sa présence fut de courte durée et je ne sais pas pourquoi il n'en fait plus parti. ça ne semble pas être une grosse perte pour l'observatoire.

Au moment où je rédige cet article, il est impliqué dans "le banquet", une feuille de chou confusionniste qui va me servir d'intro pour exposer une partie de ses fréquentations. C'est édifiant.

Il co-gère ce truc avec Rémi de "Juste Milieu".
J'ai regardé quelques unes de ses vidéos pour me faire une idée.
Encore un exercice narcissique confus où je peine à définir l'orientation mais la rage particulière avec laquelle il s'attaque à la gauche (écologistes en tête - Rousseau au premier rang) et ses condamnations peu motivées de l'extrême droite ne me le rendent pas sympathique.
Pour cause, il est "souverainiste" genre Asselineau. Tient donc...
Il a voté Lepen en 2022 (Tout sauf Macron, la bonne excuse).
Anti-woke (contre le multiculturalisme, les immigrés, les homos, les écolos...), donc réac. C'est plié, ce mec puduc.
Son site est une vitrine qui le classe plutôt dans la famille des influenceurs politiques qui fait son beurre sur le ressentiment.

Mike Borowsky. Dit "droitard méchant", responsable de "la gauche m'a tué" (thread d'extrême droite bien naze) et d'autres bousins conspis.
C'est un militant d'extrême droite lié au mouvement "contre-attaque" avec C. Vanneste (anti-communiste et pro-colonialiste, qui prône l'alliance avec le FN, l'homophobie et collabore avec le mouvement identitaire) et J. Robin (Antisémite complotiste d'extrême droite à l'ancienne, proche d'E&R, de riposte laïque et des identitaire). Là on tape dans le nazi. C'est grave.

François Xavier Carpentier de "Draw my economics".
En dehors des cartoons et de sa propagande de start up nation, il fait des interviews avec des complotistes adeptes de la théorie du "great reset", des soraliens, des climatosceptiques et d'autres membres de la fachosphère.

Georges Kuzmanovic. Coco à tendance rouge-brun. Soi-disant "souverainiste" (y'a eu une mode bizarre de "patriotes de gauche"), qui a fini par se faire exclure de la LFI en 2018, c'est pas trop tôt (après d'énièmes propos xénophobes et lgbt...phobes).
Plus il déconne, plus on le chasse, plus il s'enfonce. Classique.
Il fini en 2020 par se retrouver à une conf' Brexit entouré que de fachos (Asselineau, Dupont-Aignan, Philippot...).

Regis de Castelneau. Même type de coco "souverainiste" qui a glissé vers Causeur (torche-cul de E. Levy en réponse à Causette). Ainsi qu'au figaro. Puis qui vote Lepen et suit Onfray (un autre poseur de gauche - Proudhoniste - qui a fini par glisser les deux pied dedans par la trappe du "souverainisme" avec son lot de vomi xénophobe).
interviewé par A. Poulin pendant que je travaillais sur ce post.

Nicolas Vidal. Patron du média Putsh qui se défini comme entrepreneur des média (comme A. Poulin) et a l'ambition de devenir l'influenceur star du réseau Getr (créé par un Trumpiste après que le gros con à mèche ait été banni de Twitter). Officie aussi sur radio courtoisie, la radio de H. De Lesquen (un vieux catho réac Versaillais raciste et négationniste d'un autre âge).

Idriss Aberkane. Il s'est fait connaitre par une thèse séduisante "libérez votre cerveau". Mais ce truc s'est vite transformé en développement personnel emballé de façon à permettre aux entreprises, auxquelles il vendait ses services, à exploiter ces mêmes cerveaux. On rajoute à ça son sens de l'escroquerie, à commencer par son CV puis par ses boites foireuses. Puis on arrive à une réaction complotiste et à des campagnes de harcèlement pour finir par voter Lepen. Logique quand on flirte avec les influenceurs de "l'anti-fragilité" qui est une variante fasciste du développement personnel. Là, ce n'est pas un glissement mais une dégringolade.

Petit bonus, E. Chouard.
Je n'ai pas encore vu de collaboration entre lui et A. Poulin, mais c'est n'est peut-être qu'une question de temps.
J'en parle ici car c'est un cas d'école de glissement.
C'est un petit prof d'économie qui se prend de passion pour la démocratie et la réflexion sur la création d'une constituante populaire ou la mise en place du tirage au sort.
Au départ, ça a fait un boulot constructif.
Mais très vite, monsieur a commencé à se coller avec tous ceux qui lui disait que ce qu'il faisait était bien. Et quand des fachos sont venus le courtiser, ils étaient les bienvenus.
Chouard étant un peu idiot en politique (il ne sait pas vraiment distinguer sa droite de sa gauche), ses partisans de droite vont facilement détourner ses ateliers et son mouvement (les gentils virus) pour troller les manifs de gauche et s'en faire de plus en plus souvent expulser. Car on peut faire mieux comme référence que Soral ou Asselineau. Pareil pour les collibris, a priori sympathique mais quand on creuse, vachement réacs. Les fachos ont bien senti que le type n'était pas solide et vont s'en donner à coeur joie en le parasitant à fond.
Alors forcément, des antifas lui font remarquer (parfois avec beaucoup de violence et un manque de nuance et de tact bien malheureux et surement en parti responsable de sa réaction) qu'on trouve mieux comme potes pour défendre la démocratie que des fachos.
Et c'est parti pour diffuser des bêtises comme : "le FN n'est pas d'extrême droite". "Les antifas sont les vrais fachos"...WTF!!!
Au début, on supposait de la naïveté. Certains de ses amis ont bien essayé de lui donner l'alerte. Mais avec l'accumulation de faits et sa confirmation dans l'erreur, le doute n'est plus permis.
Un des ses soutiens des débuts (avec Franck Lepage qui continue d'hésiter), Yanis Youlountas, dont on ne peut pas remettre en doute l'anarchisme, la connaissance de la Grèce ou la bienveillance (super docus ICI, ICI et ICI), a bien tenté de lui faire entendre raison. Peine perdue. Ce n'est donc pas qu'une question de forme. C'est une question de s'associer à ceux qui lui disent ce qu'il veut entendre et on l'entendra bientôt dire ce qu'ils lui disent.
Il en vient à diffuser les éternelles théories du complot dans lesquelles l'extrême droite nage comme un poisson dans l'eau croupie et s'essaye même au négationnisme (il est pas sûr pour les chambres à gaz...).
Il aura préféré son business avec des entrepreneurs fascistes à ses amis antifascistes. Et il aura été une belle passerelle pour l'extrême droite, un bon diffuseur de théories du complots, un bon fouteur de merde.

Après avoir exposé tout ce beau monde, on se demande ce qui peut bien les réunir et surtout, ce qui peut bien motiver A. Poulin à s'associer à cette porcherie.

Conclusion

Que retenir de tout ça?

Monsieur Poulin semble être un autre exemple de ce genre de glissement.

Il semblerait qu'il soit, avant toute chose, un entrepreneur de lui-même. Une personnalité un poil mégalo qui va là où on lui tend un micro, peu importe la couleur, du moment qu'il peut se retrouver à la lumière.
Il risque de fuir les contradictions et de resserrer ses liens avec ceux qui voudront bien être complices de ses dérapages et de ses errances.
Il se sert de l'humour pour capter le ressentiment du moment, tout en restant vagues sur le projet politique et philosophique à défendre.
Son manque de cohérence augmente proportionnellement à ses relations compromettantes.
Il se prendra des critiques des antifascistes (ce qui est légitime) car il s'associe avec des fachos et les alimente. Il se fâchera sans doute avec celleux qui le contrarieront et s'en prendra aux groupes en question (antifas etc...)
Il finira, s'il choisi cette voie, par être trop engagé et dépendant des vampires qui l'entourent. Se nourrissant les uns des autres dans une petite entreprise collective nauséabonde et pathétique.

Ou peut-être se ressaisira-t-il ?
Peut-être qu'il écoutera la vigilance des antifas et peut-être qu'il entendra parler du paradoxe de la tolérance de Karl Popper.

Pompage wikipédia :
Le paradoxe de la tolérance soutien que si une société est tolérante sans limite, sa capacité à être tolérante est finalement détruite par l'intolérant. Logiquement, mais paradoxalement : « pour maintenir une société tolérante, la société doit être intolérante à l'intolérance. »
« … la tolérance illimitée ne peut que conduire à la disparition de la tolérance. Si nous accordons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre les assauts des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux... Avec cette formulation, je ne veux pas dire, par exemple, que nous devrions toujours réprimer les philosophies intolérantes (risque de despotisme); tant qu'il nous est possible de les contrer par des arguments rationnels et de les tenir en échec grâce à l'opinion publique, les interdire ne serait certainement pas judicieux. Mais nous avons intérêt à revendiquer le droit de les réprimer si nécessaire, même par la force (ou la censure -> voir G. DeLagasnerie à ce sujet)..." "...Nous devons donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants.»

Etant donné que les arguments rationnels ne sont pas le sujet car il ne s'agit pas de rationalité et que de toute façon ils ont fait leur le concept de post vérité, oublions les débats.
Quant à l'opinion publique, si on admet que cela ait une définition, comment se porte-t-elle avec des médias de masse complètement infiltrés, un gouvernement qui fait le boulot des fachos, adopte leur vocabulaire et la vision du monde qui va avec, et leur fait une place au parlement, une police qui accepte avec zèle de réprimer toute parole publique contestataire... bref, le temps des mots semble derrière nous. Il va falloir se mettre en colère contre TOUS les fachos.

Enfin j'en viens à cette notion de "souverainisme" qui hante pas mal des profils problématiques qui glissent de la gauche à la droite.
à la base, ce mot décrit la revendication de la souveraineté d'une nation par rapport à celle d'une entité supranationale. On parle de peuple souverain (en opposition au monarque absolu). La constitution est sensée la garantir (mais on voit qu'il n'en est rien).
Ce qui était pertinent encore dans le cas des luttes de libération des anciennes colonies devient ambiguë avec les républiques Européennes.
On le reprend aujourd'hui pour parler de l'indépendance de la France vis à vis de l'Europe.
Mais là, plusieurs visions s'affrontent, toutes aussi confuses que le libéralisme dont elles veulent se défendre. Quel est l'adversaire et quel est le projet ?
Ce terme peut donc autant désigner :
- un mouvement de gauche qui veut se dissocier de l'ordre capitaliste qui domine dans l'institution et entretien les inégalités et l'oppression.
- de simples nationalismes alimentant les mouvements d'extrême-droite identitaire tels que le parti de Lepen ou celui d'Asselineau ou en fait tous les partis d'extrême droite (ils sont anti-européens non pas pour des questions économiques mais identitaires motivées par le rejet du multiculturalisme).
Ce terme étant confus, il est idéal pour les fachos. La grande majorité des partis qui se revendiques souverainistes sont d'extrême droite.
La LFI flirt avec cette notion étant donné les quelques tentations rouge-brunes de certains de ses membres.
Je précise qu'en tant qu'anarchiste, je ne suis pas souverainiste mais internationaliste. Je rejette autant l'Europe capitaliste que le nationalisme.
Mais voilà, quand on a bien défini ça, on remarque que la rhétorique de monsieur Poulin et de ses acolytes penche du mauvais côté de la balance.

Dans une vidéo sur la chaine Putsh, Nicolas vidal invite A. Poulin et Rémy "juste milieu" pour causer et s'exciter (et faire la promo de leur torchon). Quelques pépites sont lâchées et achève mon avis sur ces personnages.
Toutes la rhétorique est gangrénée par l'extrême droite. Mr Poulin y exalte la nation et souhaite former un bloc souverainiste.
Lorsque son collègue s'inquiète que le vrai danger n'est pas la réforme des retraites mais le risque que l'Europe impose les théories LGBT et l'immigration, Mr Poulin ne contredit pas du tout ce pet foireux réac. ça passe crème.
D'ailleurs, il regrette avec ses camarades qu'il n'y ai plus de vrai Gaulliste (un anti-communiste, colonialiste, autoritaire, qui a fabriqué la saloperie de constitution de la 5ème république présidentialiste dans laquelle on patauge?) ni de droite sociale (national-socialisme ?).
Il parle aussi des réseaux de la "réinformation", élément de langage issue de l'extrême droite négationniste. Se flatte que tout le monde soit passé sur le plateau de Eric Morillot, journaliste facho qui est passé par sud radio et C news et surtout collaborateur de TV liberté - la webtv identitaire qui veut "rendre acceptable la parole d'extrême droite dans l'opinion publique".

Pas de doute que Mr Poulin a bel et bien glissé.
Il se sert de la haine (légitime) que suscite Macron et de l'humour comme attrape nigaud (nous le sommes tous.tes à un moment ou à un autre). Une sorte de Poujadisme type "y'en à marre". Puis fait passer en douce sa rhétorique confuse et de plus en plus teintée de complotisme d'extrême droite. Quelle déchéance.

Notre époque est confuse.
Pleine de ressentiment prêt à l'emploi pour les entrepreneurs cyniques et mégalos. La rationalité, déjà bien difficile à saisir, recule dans nos milieux.
La tolérance avec l'extrême droite s'élargit tendis que la haine de la gauche (y compris en son sein) se répand.

Et pourtant c'est bien de rationalité dont nous avons besoin.
Pas toujours pour nous donner des réponses, mais pour penser le plus justement possible et agir le plus judicieusement possible. De la méthode. De la stratégie. De la tactique. éviter les pièges et les choix contre-productifs.
Ne pas jouer aux apprentis sorciers avec les fachos et réaffirmer son antifascisme inconditionnel.

Dans l'optique de ces quatre ans à venir, de calvaire, il ne va pas falloir les laisser gagner du terrain. Il ne faudra pas laisser les nôtres s'en prendre plus à leurs camarades de gauche que de droite (salut Roussel, social traitre du siècle). Redéfinir nos valeurs et nos principes radicalement pour ne plus se condamner à l'impuissance.
Que voulons-nous en priorité ? De quoi voulons-nous faire partie ou pas?
Qui sont nos alliés et nos adversaires ?

Il va falloir choisir son camp et le mien, c'est l'antifascisme.
Le fascisme, c'est la gangrène. On l'élimine ou on en crève.
On ne fait pas des magazines avec eux monsieur Poulin.

P.S. :
Monsieur Poulin disait dans un podcast que "le progressisme est le populisme des élites". Merci d'abdiquer ce terme à leurs falsificateurs.
Et de continuer à adopter leur rhétorique avec des termes vagues et dépolitisant comme "les populismes". C'est du même tonneau que "les extrêmes".
L'antagonisme n'est pas entre populistes et progressistes.
Il peut être de différentes natures, mais l'antagonisme progressistes (sociaux, non pas techno) contre réactionnaires, me parait pas trop mal. Socialistes (je parle de son sens premier avec un petit faible pour l'anarchisme - la doctrine la plus cohérente) contre fascistes aussi.

J'ajouterais que Mr Todd file un mauvais coton et que Mme Stiegler adopte une rhétorique douteuse.

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Macron confirme son programme fasciste.

Publié le par Mikeulponk

Le visage de la démocratie selon Macron

Le visage de la démocratie selon Macron

Comme on le craignait, le programme fasciste de Macron se poursuit envers et contre toustes.
Comme annoncé à sa réélection, son projet de mise au pas du pays se maintient coûte que coûte.
Dans sa dernière interview, il fait la démonstration de son hermétisme, de son mépris et de sa mégalomanie.
Comme un bon despote, il décide de ce qui est légitime ou non.
Il réaffirme sa vision unilatérale de la négociation. S'il n'obtient pas une réponse docile à ses exigences, il passe en force. Il appelle ça la démocratie et le dialogue.
C'est digne de la propagande de double pensée de 1984 (et cette fois-ci la référence n'est pas galvaudée). "La guerre c'est la paix; la liberté c'est l'esclavage"; le 49,3 c'est la démocratie; les charges de robocops et les garde à vue préventives c'est la liberté d'expression et l'état de droit.
Lorsque l'exécutif impose sa loi en bafouant le législatif, il brise la séparation des pouvoirs.
Lorsqu'il n'y a plus de séparation des pouvoirs et que le gouvernement dicte la loi, nous sommes techniquement en dictature.

On apprend ça au collège bordel de merde !

Il affirme aussi qu'on passe trop par la loi (hypocrite de sa part car il se sert souvent de la loi pour s'imposer ou se couvrir. Monsieur "assume" alors qu'il est immunisé par sa fonction). Ce qui dans sa bouche signifie :
- Il est antiparlementaire. On voit depuis le début de son règne qu'il cherche tous les moyens pour se passer de l'opposition, qu'il ne considère pas comme un contrepouvoir indispensable en démocratie, mais comme une gène. Il veut donc diriger sans le parlement, sans la loi. La loi - qu'ils ont pourtant contribué à fabriquer - protège encore trop les citoyen.ne.s des excès autoritaire de son gouvernement.
- Il compte diriger par lui-même, sans partage, par décret etc... comme bon lui semble (rappelons-nous sa gestion unilatérale et autoritaire de la crise Covid). Il déteste la concertation, la négociation qui sont pour lui des entraves. Monsieur dirige et doit être obéit comme s'il s'auto-attribuait les pleins pouvoirs.
C'est un petit autocrate en costard et à montre de luxe nostalgique du monarchisme (d'où sa crainte de la "foule", typique de l'aristocratie la plus dédaigneuse et ses déclarations sur le manque de roi ou son investiture à Versailles) et du pétainisme (ce "grand soldat", qui a fait fusiller des innocents par milliers et déporté des juifs, collaboré avec les nazis volontairement, et dont le premier terme de sa devise était "Travail" ou encore ses hommages à Maurras...).

Certes, le despote n'a pas de moustache ni d'uniforme. Le folklore est démodé.

Emmanuel Pétain (ça m'a prit 5 min, mais voilà...)

Certes il n'y a pas eu de coup d'état militaire. Juste une élection par défaut face à l'extrême droite qui aura permis à la droite extrême de ravir le poste avec une minorité historique d'adhésion. Ce qu'on appelle en langage de science politique soigné : "une grosse douille de ses morts !".
Beaucoup de régimes fascistes sont arrivé au pouvoir en jouant avec les failles du système et grâce à une grande capacité d'opportunisme et de démagogie. Hitler et Mussolini, les champions toutes catégories de cette mouvance, sont arrivés au pouvoir sans coup d'état. Une fois à la tête de l'état, vu comment il est doté et corrompu, il est trop tard.
Quant à notre cinquième république et sa constitution présidentielle, taillée sur mesure pour un despote, elle est la création de DeGaulle arrivé au pouvoir dans un coup de force opportuniste (pendant la guerre d'Algérie) souvent comparé à un coup d'état politique (ah, les militaires...).

Les bourges ont un réel problème avec la démocratie (leur idéologie est aristocratique, donc anti-égalitaire, ce qui est totalement et essentiellement contradictoire avec la démocratie) et font tout pour la réduire à chaque fois qu'ils parviennent à ravir le pouvoir. (Sauf si le peuple les tient en respect par le rapport de force, ça ne s'est jamais passé autrement).
Le projet, bien visible, du président actuel depuis son premier mandat, c'est de poursuivre le plan fasciste (originel) de destruction des conquêtes de la Révolution Française, de la Commune, du Front Populaire et du Conseil National de la Résistance (le vrai CNR).
Nous constatons bien la façon dont il saisi chaque opportunité de nous amputer de nos droits et de nos libertés. Un coup c'est la menace terroriste; un coup c'est le Covid; un coup c'est la guerre en Ukraine. Toutes ces crises ont bon dos. Manquerait plus qu'ils trouvent la carotte bien sale pour le faire au nom de l'écologie (greenwashing déjà bien à l'oeuvre et collapsewashing en embuscade). Avec leur niveau de cynisme, ils en sont capables.

C'est avec cette méthode opportuniste et autoritaire qu'il mène sa bataille des retraites qui n'est qu'un wagon dans le convois d'explosifs de sa guerre contre notre société à vocation sociale, pour la transformer en société aristocratique et sécuritaire a vocation de nourrir les appétits d'une minorité de goinfres dégoutants.

Le plan, totalement assumé (c'est à la fin de l'interview), est :
1) de remettre au travail la population.
2) Réindustrialiser massivement.
3) Rétablir l'ordre public.
4) Remilitariser.
5) Et le reste on verra après (écologie, santé, école, le "bien vivre", etc... lol).

Le plan de la bourgeoisie - par l'intermédiaire de leur représentant actuel - est de tenter de sauver leur place de dominant (l'homme et la femme les plus riches du monde, au moment où j'écris ce texte, sont français - Arnault et Bettencourt) sur la scène internationale, qui leur échappe (concurrence américaine, chinoise, agressivité russe et perte d'influence dans les anciennes colonies...), en mettant en place une économie de guerre, à laquelle la population doit être employée et soumise. Le rôle des aristos est de diriger pendant que nous trimons. Ils décident de la stratégie (qu'ils appellent "intérêt général") et nous sommes sommés d'y obéir, sous peine d'être des traîtres ou des lâches à la patrie (dont ils ont décidé que les intérêts étaient fusionnés avec les leurs).

- Le prochain wagon, de son aveu et avec fierté et délectation, c'est la mise au travail forcé de la population. En particulier celles et ceux qui y échappent encore, tels les plus fragiles, et les plus libres, comme les chômeur.euse.s et les allocataires des minimas sociaux (dont une bonne partie sont handicapé.e.s, des femmes en difficulté, des artistes, des minorités opprimées en tous genres...).
Sa réforme du chômage et du RSA ont pour vocation de pousser au travail forcé celles et ceux qu'il considère comme des "fainéant.e.s" et des "indésirables". En rabâchant des arguments moisis depuis longtemps sur les "profiteur.e.s" etc...
Obscène, comme toute sa clique.

En particulier l'abjecte Darmanin qui va porter une énième lois immigration, xénophobe et néo-esclavagiste. Toujours dans l'idée d'exploiter le moindre bougre jusqu'à l'épuisement. Sélective et déshumanisante, digne d'un ancien sympathisant et contributeur de l'action française (groupuscule fasciste à l'ancienne) et violeur impuni.

Il faut de la chaire fraiche pour que les aristocrates et les bourgeois puissent rester compétitifs. Ils comptent réindustrialiser massivement. Il faut nourrir la machine.
Les fainéants et les faibles peuvent crever : Arbeit Macht Frei !

- Rétablir l'ordre public. Le point préféré des fachos. Du flic, du flic, du flic ! Pas des profs, pas des enseignants, pas d'assistant.e.s sociales, pas de soignants... sauf si il reste de la place à la fin de son programme. Mais souvenez vous, ça coûte "un pognon de dingue" et une fois qu'il a régalé les capitalistes - avec ses cadeaux financiers et fiscaux - en particulier les acteurs de la militarisation, en leur achetant des blindés, des drones, des systèmes de surveillance et des grenades... y'a plus rien pour les ploucs à part la joie de tester tout ce nouveau matériel sur leurs trognes en regardant depuis son palais (revoir la dernière séquence de Salô ou les 120 journées de Sodome, où, après avoir forcée la jeunesse à se soumettre à leurs jeux sadiques et à bouffer leur merde, les tyrans regardent leurs sbires les torturer depuis les fenêtres de leurs appartements).

Il sait très bien que personne ne veut être considéré comme un forçat pour permettre à une caste de vampire de se gaver d'avantage. Il va y avoir de la colère, de la résistance, réaction légitime face à la violence oppressive d'un gouvernement fasciste qui ne reconnait que la soumission ou la répression.
Faites ce que je veux ou j'ordonne à mes hordes de robocop de vous soumettre.
C'est sa méthode sur tout ce qu'il fait depuis 7 ans. Il n'a pas de temps à perdre à discuter avec les abrutis de péquenauds qui constituent les ressources humaines de l'entreprise France qu'il s'est approprié en prenant la tête du comité de direction par une OPA hostile.
Ils doivent gober sa "pédagogie" (comprendre : bullshit manipulatoire pour bourrer le mou de ses larbins). Mais voilà, il découvre que les français sont des "gaulois réfractaires" (comprendre : des cons qui ont l'impertinence de raller quand on les emmerde) et, comme il ne peut pas les licencier, ils ne méritent que le rappel à l'ordre ou la matraque, comme il dresserait un clébard pour qu'il soit à son service.

Gandahar

C'est là qu'interviennent les forces de l'ordre. Ceux sans qui aucune dictature ne verrait le jour. Une bande de brutes obéissantes car endoctrinées à l'ordre bourgeois (C'est de leur paix à eux dont les poulets sont les gardiens).
La police est l'un des sujets fondamentaux de la politique qui n'est qu'une question de gestion de la violence. J'y reviendrait un peu après, sur cette institution d'hommes métal.

- Remilitariser le pays. On comprend que la réindustrialisation sera donc un synonyme de lobby militaro-industriel (nous sommes dans les 4 plus gros vendeurs d'armes au mode). Exactement le projet le plus progressiste du moment (lol putain!). Exactement ce qu'il nous faut après la publication du dernier rapport du GIEC (LMFAO 'dinamouk).
Faudra nous expliquer comment on fait de la sobriété énergétique et comment on réduit de moitié nos émissions, en mettant tout le monde au travail plus fort et plus longtemps, surtout en reboostant l'industrie militaire et la surconsommation.
Remilitariser est le point d'aboutissement du plan qui nous est présenté. La mise au travail en est la condition, l'ordre policier le moyen préalable.

Une fois qu'il aura contraint les gens à travailler comme des esclaves, qu'il aura cassé la gueules aux réfractaires, reculé encore de vingt pas sur le chemin de la transition écologique, il sera temps de "mieux vivre". Quel cynisme putride !
Il faudra beaucoup de coachs en développement personnel pour nous aider à bien vivre en dictature.
Mais ne vous en faites pas, il y a une armée de managers qui expérimentent ça depuis des années sur des cobbayes humains dans l'entreprise.
En effet, il faudra des écoles pour former les jeunes à la corvée d'une vie de labeur jusqu'à l'épuisement.
Il faudra des hôpitaux pour rafistoler tous les blessés par la répression.
Il faudra des centres psy pour les personnes qui craquent.
Des Ephads pour tous les vieux brisés.
Des casernes pour les soudards.
Quelle société désirable. L'utopie d'une fraction toxique est la dystopie de tout un peuple prit au piège.

Il le dit lui même : Son programme se fera "À MARCHE FORCÉE".
On l'avait compris depuis son premier mandat. Mais le temps lui étant compté, il accélère et renforce sa prédation. C'est la panique de la classe bourgeoise qui montre les crocs en espérant garder le contrôle sur les ressources humaines dont elle se croit légitime de disposer.

Il se croit assez fort, grâce à la police, pour asservir la population.
Aura-t-il raison ?
La police est-elle complice quoi qu'il arrive ? Est-elle capable de frapper père et mère ? Frère et Soeur ? Apparemment oui.
Après les chemise brunes et les chemises noires, nous avons les chemises bleu-marine. Une corporation de brutes stupides et hargneuses commandées par des nazillons de plus en plus isolés et radicalisés.

La BRAV-M et la compagnie d'intervention numéro 12 en tête des tortionnaires de service à la mode en ce moment (on en oublierait presque la BAC), sans oublier les CRS qui jouent d'habitude les pros mais prouvent qu'ils ne valent pas mieux ou les soi-disant disciplinés gendarmes qui font un massacre à Sainte-Soline.
Des milices friandes de tabassages, bavardes (appréciez ce condensé de menaces, violences gratuites, humiliations, propos racistes et sexistes...) tellement ils sont décomplexés de la matraque et sûrs de leur soutien hiérarchique qui va les couvrir même aux prix de mensonges auxquels plus personne ne croit.
Les propos de l'abjecte Darmanin et du président préparent le terrain pour s'autoriser une répression aveugle digne des régimes les plus nauséabonds.
Ce gouvernement s'en bat les gonades de la volonté du peuple.
Dans leur tête, c'est nous qui travaillons pour eux, pas l'inverse.
Ce sont des capitalistes, des bourgeois, des aristos.
Pas des serviteurs du peuple.
Ce ne sont pas nos intérêts qu'ils représentent.
ça saute aux yeux qu'ils ne servent qu'eux même. Ils verraient d'ailleurs comme une dégradation d'être associés à la plèbe. Toute leur vie s'applique à éviter tout contact, tout partage.
Dans le pire des cas, la mixité sociale pourrait créer une étincelle d'empathie avec la bête de somme qu'ils destinent à l'abattoir. C'est contreproductif. On ne fait pas des affaires avec des bons sentiments. Cette caste est idéologiquement opposée au socialisme et donc psychologiquement antisociale (celles et ceux qui ne présentent pas ce trouble de façon innée doivent en développer les pratiques et habitudes. Ce qui crée chez elles et eux une dissonance cognitive dormante qui n'est pas étrangère aux burning-outs expérimentés chez certain.e.s de leurs disciples et héritiers moins à l'aise avec l'anthropophagisme).

Tardi - Mort aux vaches

Tant que la flicaille tient la herse, ces seigneurs n'ont cure des braillements barbares de la populace. Rien ne peut leur imposer d'agir autrement, à part si on va les chopper par la peau du col. On voit bien que la seule chose qui les impressionne - et les terrifie au plus profond - c'est la violence légitime du manant en colère contre son oppression car ils se souviennent qu'on est capable de les raccourcir, ces mêmes cols.
En ayant peur de la violence populaire, ils abattent leur violence bourgeoise. Dans leur obstination tyrannique, ils finiront par provoquer ce qu'ils redoutent : une résistance d'une intensité équivalente à l'agression et à l'oppression subit.
Plus ils seront faibles avec les forts et forts avec les faibles, plus l'injustice sera manifeste. Plus ils seront brutaux - à l'assemblée comme dans la rue - plus il y aura des rébellions et de l'autodéfense populaire.

Ils ne sont pas contre la violence car ils en fond un usage décomplexé par l'intermédiaire des forces de l'ordre, tout à fait zélés quand il s'agit de se défouler sur des gens vulnérables. Ils appellent leurs exactions répressives de la violence légitime car leur esprit totalitaire estime qu'ils sont la seule mesure de toutes choses.
Tant qu'ils peuvent compter sur les condés, ne comptez pas sur eux. (premier pas pour arrêter de compter sur une classe qui a des intérêts antagonistes, et pour en finir avec la hiérarchie. L'anarchisme est un principe de précaution).
Cet état ne tient qu'avec la collaboration de la police, c'est un état policier.
ACAB ACAB ACAB ACAB ACAB ACAB

Le peuple sera-t-il plus déterminé et plus fort que ça ?
Car les flics sont des lâches et ils se mettent toujours du côté du plus fort.
ça va être difficile de les vaincre vu que la militarisation de la société a commencé par eux (en 1789, avec une police aussi bien équipée matériellement et idéologiquement - plus de 50% votent extrême droite, le reste vote majoritairement à droite - il n'y aurait pas eu de révolution. Donc pas de démocratie...)
Nous verrons.
Je le souhaite de tout coeur et je nourris un espoir immense équivalent à mon angoisse que cela ne suffise pas et que la population soit terrassée, retombe dans le désespoir et la résignation, ne laissant plus que pour seule alternative, une fois la démocratie définitivement enterrée, la violence révolutionnaire. (Peut être de la part des écolos, ce serait la spécificité de l'époque). Ce serait une période désagréable dont les despotes qui nous gouvernent porteraient l'entière responsabilité.

On ne peut pas s'attendre à autre chose qu'une réaction énergique lorsque le pouvoir a initié la violence, supprimé tout recours démocratique et rendu tout autre moyen d'expression inefficace et inoffensif. Chaque fois qu'il repousse la limite et élargit l'intensité du rapport de force, ça ne peut que dégénérer.
Quand on sème le vent, on récolte la tempête. Et Macron souffle des tornades, comme le loup des trois petits cochons. C'est donc un cyclone qu'il va falloir lui mettre dans les dents.
Et s'il n'y a plus la moindre confiance dans la réalisation d'une société démocratique, car le pouvoir l'aura souillé, cela entraînera le risque d'une bêtise collective. Le désespoir, inspiré par le ressentiment, peut favoriser le parti des fachos revanchards - qui se tient bien sagement en embuscade - contre celui des cyniques bureaucrates.

La population a peur.
Peur de devoir trimer jusqu'à la mort en ayant conscience de participer malgré elle à l'autodestruction de notre espèce.
Voilà l'avenir que nous propose la macronnie dans son cynisme le plus absolu.

Nous avons peur, au fond, de ne pas avoir la force de nous révolter face à cette dictature. Ou trop tard.
De ne pas être digne de l'Histoire qu'on nous rabâche depuis la primaire et dont nous devrions nous montrer dignes. La Révolution Française, "allons enfants de la patrie..."; la résistance, "Ohé paysans, ouvrier et partisan, c'est l'alarme...".
Peur d'avoir à reconnaître que nous sommes opprimés par un gouvernement autoritaire et à fantasme totalitaire - une dictature en col blanc - et de tout ce que cela suppose alors de notre part.

"Extrait DDHC 1793 :
Article 33
La résistance à l'oppression est la conséquence des autres Droits de l'homme.
Article 34
Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Article 35
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

-Comment ça ? Vous vous dites démocrate et vous ne condamnez pas les violences ?
- La démocratie moderne est née dans la violence, ou plus précisément, dans la réaction violente à la violence des tyrans. On ne condamne pas la violence des opprimer sans condamner d'abord la violence des oppresseurs. Ou c'est hypocrite.
- Mais la police représente la république. Vous souhaitez la destruction de la république !
- Pourquoi pas ? La république n'est qu'un brouillon raté de la démocratie réelle que je nomme Anarchie ! La république se dote de matons mateurs pendant que la démocratie se peuple d'éducateurs et de camarades. Un.e éduc/enseignant.e, ces 100 keufs en moins, donc autant de violence en moins. C'est donc l'anarchie, la vrai non-violence. Mais s'il faut faire la guerre aux militaires d'abord...

Cela demande du courage et de l'investissement pour oser se dresser contre une armée de CRS et autres fondus de la castagne, tant ils ont fait la preuve de leur brutalité aveugle et de la capacité du système judiciaire qui s'est mit à leur service (plutôt que le contraire) en écrasant leurs victimes dans des procédures coercitives.
C'est pourquoi je suis de tout coeur avec celles et ceux qui osent braver les menaces et la terreur que tente d'imposer le gouvernement, que l'on peut qualifier de terroriste dans la plus pur étymologie du terme.
(Acte violent perpétré par un individu ou une organisation ayant pour objectif de créer un climat d'insécurité dans le but d'exercer une pression politique sur l'opinion publique, une catégorie de personnes ciblées ou sur une organisation)
 
Courage, tenez bon ! Parce que la politique est une question de vie ou de mort (plus que jamais, il ne s'agit pas de menace qui pèse sur quelques nations mais sur l'humanité). Le temps joue contre nous. Il va falloir se battre pour mettre en place un système démocratique décroissant avant d'être au pied du mur et contraint à un conflit absurde dont les fachos sauront tirer le plus grand avantage. Vincent Mignerot fait un bon travail à ce sujet.
Il est certains que la solution ne peut pas être de travailler toujours plus, bêtement et plus longtemps. De produire toujours plus, bêtement et n'importe comment.
 
La liste de Macron est à l'envers.
C'est une bonne façon de distinguer un facho d'un humaniste.


L'humaniste mettra en priorité dans sa liste le "bien vivre", qui comprend la santé, la protection sociale solidaire, l'éducation, la justice... Les services publics quoi.
Pas à la fin de sa liste!
Parce qu'on sait que c'est la garanti de la paix sociale, donc de la sureté, sans avoir à faire un usage excessif de la force pour contraindre les masses (preuve évidente de l'échec politique).
Quant à la production, elle doit servir le bien être et pas l'inverse.
Si les conditions de la production produit du mal-être (ce que nous vivons déjà et qui va s'empirer, sans aucun doute possible, avec le travail forcé) alors elle doit cesser. Notre bien-être vient de la satisfaction de nos besoins (pas de nos désirs). Or, les conditions de notre subsistance sont mises en péril par le changement climatique. La production doit donc être mise en cohérence avec cet enjeu. Ce qui est le derniers des objectifs du militarisme et de la surconsommation dans une logique de croissance capitaliste.
 
Il faut vraiment garder en tête un fort sentiment d'altruisme et d'entraide, avec le genre humain. Bien distinguer ceux qui subissent cet ordre malfaisant de ceux qui le pilotent.
Être allergique à l'autorité et à toute percée fasciste d'où qu'elle vienne.
Il faut combattre l'autorité sans répit et favoriser la démocratie et la solidarité à la base.
C'est à dire, l'éjection de ce gouvernement (et des autres tant qu'on y est, ce sera fait), la mise hors d'état de nuire la classe bourgeoise et ses chiens de gardes constituées en forces de l'ordre et en médias de propagande complaisante (comme le journalisme de préfecture).
Courage, c'est possible. De plus en plus possible.
 
le triomphe de la volonté a bonne mine
Vers la fin de son vomi de 30 min, il répond par une phrase qui sent beaucoup l'autosatisfaction "je ne vis pas de regrets, je vie de volonté, de ténacité...".
Le fameux film de propagande Nazi de Riefenstahl s'appelait "le triomphe de la volonté".
Il s'obstinera jusqu'à la chute. C'est un forcené.
Ce n'est pas un point Godwin (On pourrait aussi parler de Bonapartisme mais c'est moins évident). C'est l'une des marques des états fascistes en construction que de mettre en place une économie de guerre.
Non pas pour se mettre à la hauteur des enjeux du changement climatique, mais pour poursuivre la guerre de concurrence des capitalistes entre eux, qui considèrent le peuple comme un instrument à soumettre à leurs intérêts. Le travail forcé devient tout à fait logique dans une telle stratégie.
 
C'est troublant de voir tous les points communs que la macronnie a avec le nazisme (si on garde le racisme et les camps - voir Calais et le sort réserver aux "migrants" - mais qu'on enlève le programme génocidaire).
D'abord son programme : Mise au pas du pays par l'ordre policier et la mise au travail forcé, réindustrialisation couplée à la militarisation. Tout cela dans un emballage bureaucratique managérial insensibilisé à la souffrance qu'ils génèrent. Collusion avec les forces économiques (faux socialisme et vrai nationalisme).
Des concepts comme "l'arbeitsschlacht" (la bataille du travail) contre les "arbeitsscheu" (réfractaires au travail); les "einsatzgruppen" (sections d'interventions) très friandes de gazs elles aussi; "l'ordnungspolizei" (police de l'ordre) que Macron pourra remercier quand il recevra le prix de la meilleure autocratie camouflée car "sans eux rien aurait été possible"; notemment grâce aux "schutzhaft" (détentions de sureté)...
Sans oublier la désignation systémlatique de l'opposition comme des ennemis. Tout manifestant est un casseur, puis un terroriste.
 
Il y a un autre film qui résume bien le sentiment qu'on ressent sous le règne Macron, c'est Salô et les 120 journée de Sodome de Pasolini. C'est le film qui représente le mieux le sentiment d'horreur de vivre sous le fascisme en prenant la métaphore au premier degré. C'est un film assez difficile à voir (warning, il faut être prévenu avant d'y aller) mais je suis d'accord pour en finir avec cette pudeur qui consiste à s'interdir d'appeler un bourreau comme ce qu'il est : une ordure (pour reprendre le mot qui vaut à une inconnue de passer au tribunal pour crime de lèse majesté), une grosse merde fasciste.
 
Est-ce que c'est notre discours qui est grossier et répétitif, ou est-ce que ce sont les aristos qui poursuivent le même dessein envers et contre toustes de façon tellement caricaturale et cynique qu'elle en devient grotesque et agaçante ?
 

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L'ARGENT - Pauvreté et richesse

Publié le par Mikeulponk

L'ARGENT - Pauvreté et richesse

Le second sujet que nous avons exploré en réunion de Politiques Anonymes a été "l'argent".
Comme c'est un sujet vaste là aussi, j'ai tenté d'éclaircir les notions de pauvreté et de richesse. Des notion bien moins évidentes qu'elles en ont l'air. Je me suis beaucoup appuyé sur les rapports (2020) produits par l'observatoire des inégalités.
J'me suis bien cassé le cul et c'est une grosse compile de données. Mais c'est vraiment un outil important car sur ce sujet (entre autres), les idées reçues sont violentes et très éloignées de la réalité.
Vu l'offensive anti-pauvre que Macron prépare avec ses caniches pour finir de péter la gueule aux chômeurs et aux allocataires du RSA, c'est le moment.

La pauvreté

La pauvreté désigne, dans une société donnée, le fait d'être dans une situation d'infériorité matérielle par rapport aux individus les plus aisés/riches.
Cela peut se traduire par une difficulté à subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches. Mais aussi par une stigmatisation par les personnes les plus riches. La pauvreté est la source d'une grande souffrance.


Nous pouvons retenir une définition à tendance socialiste et une autre à tendance libérale.
- Tendance socialiste : Les inégalités sont le fruit de rapports sociaux qui discriminent. Il y a ceux qui ont et ceux qui n'ont pas.
Mais certains s'opposent à cette vision qui définit par le manque.
- Tendance libérale : L'individu ne peut pas subvenir à ses besoins. On invoque alors des causes qui relèvent de la responsabilité personnelle (comme la volonté, etc...)

La pauvreté est-elle un phénomène sociologique, produit par un système social, ou le fruit de manquement individuels (logique méritocratique)?

Quels sont ces besoins que les personnes qui se définissent comme pauvres ne parviennent pas à satisfaire ?
9 personne pauvre sur dix parlent de restrictions, dont la plus importante concerne le logement (1/3), puis l'alimentation, l'habillement, l'énergie, la mobilité, l'hygiène, la santé, les loisirs, la sociabilisation... On pourrait aussi évoquer des inégalités d'accès à l'éducation, à la justice ou un fort manque de maitrise de son temps.

à partir de quels critère sommes-nous pauvres ?

L'observatoire des inégalité a choisi un critère de revenu (qui ne leur semble pas suffir, mais faut bien chercher une base la plus objective possible pour commencer à discuter concrètement).
Revenus inférieur à 50% du salaire médian.
Le salaire médian français signifie que 50% des français gagnent plus et que les autres 50% des français gagnent moins. Ce qui est plus parlant qu'une moyenne car si on prend la moyenne des revenus français, le niveau de richesse des plus riches d'entre nous est si élevée que la moyenne s'élève en laissant les deux tiers en dessous.
Le salaire médian est d'environ 1770€.
Le salaire moyen est d'environ 2380€ (vous voyez la différence).
50% du salaire médian est donc de 890€/mois de revenus disponibles.
C'est à dire après impôts et prestations sociales. Pour une personne seule.

L'un des inconvénient de ce seuil de pauvreté est qu'il dépend de critères seulement économiques. Si le niveau de vie de la classe moyenne augmente, le seuil aussi. Même si les revenus des personnes les plus pauvres ne suivent pas.
Et justement, les fossés se creusent.
D'autre part, si on recensait celles et ceux qui passent sous les radars (comme les sans-abris), le salaire médian baisserait et le seuil aussi.
Certains fixent ce seuil à 60% du salaire médian. Ce qui revient à 1000€/mois et concernerait un peu plus de 10% de la population.

Le seuil à 50% concerne environ 5,3 millions de personnes en 2020 (depuis la crise du Covid, les récentes crises d'inflation et les réformes du chômage, c'est surement bien pire).
C'est à peu près 8,3% de la population.
1 enfant sur 10.

Mais 18% de la population se sent pauvre. Ce qui signifie que ce seul critère économique ne suffit pas.
Il y a la pauvreté monétaire relative et la pauvreté en condition de vie.
Car le revenu ne donne pas lieu aux mêmes réalités selon qu'on se trouve en ville ou à la campagne, si nous sommes en bonne ou en mauvaise santé, selon le milieu culturel...
Seulement 5% de la population cumule ces deux aspects.

L'observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale défini un budget de référence pour participer effectivement à la vie sociale.
1400€/mois de revenu disponible (40% de la population se trouve en dessous)

Pour vous donner une idée des seuils de revenus (2020) :
- RSA (seul) : 500€
- Revenu médian des 10% les + pauvres : 715€
- Revenu moyen des 10% les + pauvres : 740€
- Seuil de pauvreté (à 50% du revenu médian) : 890€
- Allocation vieillesse et handicap : 900€
- Seuil des 10% les + pauvres : 930 €
- Seuil de pauvreté à 60% du revenu médian) : 1000€
- SMIC net : 1220€
- Budget de référence pour participer effectivement à la vie sociale : 1400€
- revenu moyen ouvrier : 1680€
- Revenu médian : 1770€

Ce seuil de 890€ s'applique pour une personne seule.
Pour une famille mono parentale (avec un enfant de - de 14 ans) : 1381€.
Pour un couple sans enfants : 1594€.
Pour un couple avec deux enfants (-14 ans) : 2231€.
Pour un couple avec deux enfants (+14 ans) : 2657€.

Qui cela concerne-t-il ?
+ de 50%  des personnes pauvres ont moins de 30 ans.
1/3 sont des enfant et des ados. 7 % sont âgés de + de 65 ans.
Les familles monoparentales sont très exposées (surtout des femmes).
Les femmes sont plus touchées aussi car elles ont des revenus plus faibles, des emplois plus précaires et donc de plus faibles retraites.
Les personnes au chômages aussi.
La baisse du nombre de chômeurs pauvres s'explique souvent par la hausse du nombre de travailleurs pauvres.
Il y a une sale hypocrisie à déplorer la pauvreté des conditions dans lesquelles vivent les enfants sans déplorer celles des parents car il n'y a pas d'enfants pauvres, mais des enfants de pauvres.
D'ailleurs, si il n'y avait pas de redistribution, le niveau de pauvreté irait de 14% à 22% (selon le mode de calcul). Ce qui révèle les fortes inégalités présentent dans la société française.
1/4 de la population est mal employée (1,6% d'inactifs + 2,7% de chômeurs + 3,7% de précaires).
Il y a aussi 4 millions de mal logés.
Et n'oublions pas les personnes immigrées qui sont trois fois plus exposées.
Et n'oublions pas non plus les personnes souffrant d'un handicap.

Quand on parle de ce dont manquent les personnes pauvres, on pense surtout à l'argent. Mais le déficit de capital économique est intimement lié au déficit de capital culturel (diplômes, réseaux, maitrise technologique...).

La richesse

Quand on a parlé de pauvreté, on a rien dit sur la richesse.
Les études sur la pauvreté sont nombreuses, mais sur la richesse, elles sont rares.

La richesse désigne, dans une société donnée, le fait d'être dans une situation de supériorité matérielle par rapport aux individus les plus pauvres.
Cela se traduit par un haut niveau de confort, d'abondance.
Pour les personnes riches, la subsistance n'est plus un problème du tout. Leur niveau de vie tend vers l'excès.
La richesse est considéré comme une source de jouissance individuelle.
C'est aussi une reconnaissance de pouvoir.

On pourrait dire que la richesse cumule deux notions. Possession et pouvoir.
Ce qui crée une relation entre l'argent et la puissance.

Cette notion de richesse est reconnue pour modifier la psychologie de l'attention.
La richesse rend égoïste. Altère la compassion, l'empathie, l'éthique... Elle diminue l'attention sociale (nombrilisme). Autrement dit, les riches vivent dans un tel paradigme déconnecté qu'ils ne font même plus attention à la pauvreté.
La relation entre réponse empathique neurale et statut social est inversement proportionnée.
Mais je pose la question de l'oeuf ou de la poule.
Autrement dit, est-ce que c'est la richesse qui entame notre empathie, ou c'est le manque d'empathie qui permet les conditions de l'accumulation de richesses?

à partir de quoi est-on riches ?

"Il y a toujours plus riche que soi". Si il y a 18% de la population qui se trouve pauvre, combien se sentent riches ?

Le seuil de pauvreté est fixé à 50% du salaire médian. Celui de la richesse est fixé au double du salaire médian.
Le salaire médian étant à 1770€ (2020), le seuil de richesse, pour une personne seule, est fixé à 3500€/mois de revenu disponible (après impôts et prestations sociales). Environ 4 fois le seuil de pauvreté.
Ce qui correspond à environ 8,2% de la population.
Pour une personne seule : 3500€
Pour un couple sans enfants : 5205€
Pour un couple avec 2 enfants : 7287€

La richesse, contrairement à la pauvreté, est avant tout une question d'argent. Mais comme pour la pauvreté, il y a des facteurs sociaux-culturels important pour en avoir le sentiment. Ce que Bourdieux appelle la Distinction (autrement dit, les usages qui vous classent).

Il y a bien plus d'écarts entre les riches, qu'entre les pauvres.
à tel point qu'il faut distinguer les riches (10% les plus riches), les très riches (1% les plus riches) et les ultras riches (0,1% les plus riches), qui n'ont pas grand chose à voir entre eux.
3500€/mois, ce n'est que la porte d'entrée. à partir de là, les chiffres s'envolent de façon exponentielle.
D'ailleurs, la France, contrairement à ce que disent les riches, est le pays d'Europe où les très riches (1%) ont le niveau de vie le plus élevé (1 million par mois en moyenne), après la Suisse. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que la France est un paradis fiscal pour ultra-riches.
Nous avons 1,2 millions de millionnaires.
N'oublions pas que notre petit pays compte parmi ses citoyens l'un des trois hommes les plus riches du monde (selon les périodes). Bernard Arnault possède environ 70 milliards.
Vous voyez l'écart entre le seuil de pauvreté à 890€ et la fortune de cet enfoiré. Nous y reviendront. (70 millions de fois le seuil de pauvreté)

les 90% les plus modestes de la population ont un revenu moyen de 1740€
La partie située entre les 10% les plus riches et les 1% les plus riches a une revenu moyen de 5069€.
Les 1% les plus riches ont un revenu moyen de 14 749€.
Entre les 1% et le 0,1% les plus riches, le revenu moyen est de 12 137€.
La partie entre les 0,1% et les 0,01% a un revenu moyen de 30 508€.
Les 0,01% les plus riches ont un revenu moyen de 108 082€.

Mais pour ce qui est des riches, les revenus ne sont pas la seule richesse à évaluer. Il y a aussi le patrimoine (fortune bancaire, immobilier, actions...).
Depuis la suppression de l'ISF, il est devenu plus difficile à évaluer.
Le seuil de richesse en ce qui concerne le patrimoine est fixé à 490 000€. Ce qui correspond au triple du patrimoine brut français.

Si il y a 4 millions de mal logés (dont 332 000 n'ont même pas l'eau courante) et environ 145 000 SDF, le seuil de richesse évalue à 60m² pour une seule personne et 90m² pour un couple (Paris faisant exception).
82% des personnes riches sont propriétaires.
Le fait d'avoir une résidence secondaire est déterminant.
Les classes supérieure se sont créés des territoires préservés (quartiers, arrondissements, petites villes).

Le fait de posséder des équipements de luxe (comme une berline haut de gamme).
Le fait de se faire servir (garde d'enfants ou de personnes âgées, femme de ménage voir domestiques...)
De Partir en vacance (en particulier sur les côtes touristiques, au ski, où pour des destinations qui demandent de prendre l'avion), surtout sachant que 23% des personnes pauvres ne peuvent pas se payer une semaine de congés dans l'année et que 42% ont dû renoncer à partir en vacance une année.
Avoir des loisirs coûteux (Opéra, concerts de Jazz ou de musique classique, golf, équitation, loisirs aériens ou nautiques, automobiles...)
Maitriser son temps (horaires de travail, prendre des congés quand on veut...) est une donnée plus importante qu'il n'y parait. C'est même l'un des critères les plus clivant. 28% des personnes pauvres travaillent le week-end (par contrainte) et 15% la nuit (par contrainte aussi).
Ne pas s'inquiéter des fins de mois (stabilité, tranquillité d'esprit).
Avoir de hauts diplômes, qui garantissent la reproduction sociale et un haut capital culturel.
Avoir un réseau de connaissances développé, sur lequel on peut compter pour des services, des tuyaux, des pistons, etc... 10% des personnes les plus pauvres n'ont carrément pas de relations sociales développées (ni famille, ni amis, ni voisins, ni collègues).
Avoir des vêtements neufs et de qualité. Avoir moins de deux paires de chaussures en bon état est un critère de pauvreté, et il est fréquent.
Avoir un emploi peu menacé par le chômage (à court terme). Ce qui garanti la stabilité et donc la tranquillité mentale.
Jouir de la hiérarchie (pas d'ordres permanents, pas dominé par une machine...).
Avoir accès à des systèmes privés inégalitaires (écoles, cliniques, clubs...)
Avoir de l'épargne.
Avoir accès aux sphères de pouvoir (médias, politique, direction d'entreprises...).

Mais qui sont-ils?

Les riches sont de plus en plus riches. Ils ont doublé leur richesse depuis l'année 2000 (La crise du Covid a encore exacerbé cette accumulation abjecte).
2/3 des 10% les plus riches ont plus de + de 50 ans.
70% des plus fortunés (en patrimoine) ont + de 50 ans.
51% sont des cadres supérieurs et des professions libérales.
Les 10% les plus riches concentrent 40% des revenus nationaux.
Les 10% les plus fortunés possèdent 46% du patrimoine national.
Les riches tirent leur fortune de leur salaire (77%).
Les ultras riches (0,1%) tirent leur fortune des revenus du capital (75%). C'est à ceux là qu'à le plus profité la suppression de l'ISF.
évidemment, plus on monte dans les hauts salaires, plus les écarts entre les hommes et les femmes sont grands.
Les mieux payés (salaire, pas revenus du capital) sont d'abord les cadres d'entreprises de transports. Puis les médecins salariés; les cadres de banques et d'assurances; les ingénieurs et cadres d'industries; les cadres administratifs, comptables ou financiers; les cadres commerciaux; le personnel d'étude et de recherche; les professions de la communication et de l'informatique; les cadres du BTP; les ingénieurs informaticiens...

Les revenus du secteur public sont moins astronomiques et moins inégaux.
Les mieux payés dans le secteur public sont les directeurs d'hôpitaux et des médecins (prendre en compte l'ancienneté). Les directions travaillant à l'étranger (ambassade, consulats...). Les postes d'encadrement supérieur (grandes entreprises nationales, préfets...) et le trésor/finances publiques.

Le patrimoine est plus inégalitaire que les revenus.
Il est le facteur principal de la reproduction sociale (héritage).

Ce sont surtout des propriétaires immobilier mais il y a aussi beaucoup de capital financier (surtout chez le 1% les plus riches).
Les enfants des plus fortunés deviennent les plus fortunés de leur génération. Ils profitent de donations qui permettent d'échapper aux impôts sur l'héritage.
Depuis les années 80, la part de l'héritage dans la fortune à énormément augmenté pour revenir à une situation proche de celle du siècle dernier.

N'oublions pas que parmi les grands revenus des grands patron du capitalisme, il y a aussi l'exception des joueurs de football et des acteurs et actrices de cinéma. Et parfois quelques stars parvenues.
L'idée qu'il y ai des personnes riches en patrimoine et pauvres en revenus est un mythe.
De la même façon qu'un revenus peut se transformer en capital, le capital peut être valorisé. Autrement dit, le patrimoine génère des revenus et vice versa.

Conclusion

Bon, faut bien en tirer quelque chose de toutes ces données.
Faites le test autour de vous et demandez ce que pensent vos proches de ce qu'est la pauvreté et son ampleur et pareil avec la richesse.
Les réponses seront souvent loin des définitions présentées dans ce long exposé. Partagez ces données et analysez la réaction de vos proches.

Une étude (assez sérieuse, qui donne une idée, rien de plus) estime que 56% des sondés trouvent que les pouvoirs publics n'en font pas assez pour les plus démunis. 33% pensent qu'on en fait suffisamment et 9% pensent qu'on en fait trop.

Sur d'autres questions (plusieurs réponses étaient possibles), 70% pensent que la pauvreté est due au manque de qualification. 59%, parce qu'il n'y a pas assez de travail. 56%, parce que c'est pas de chance.
50%, parce que les pauvres ne veulent pas travailler.

62% pensent qu'il faut augmenter le RSA, 18% le laisser et 16% le baisser.
Je rappelle que le RSA est de 500€ (seuil).

Certains économistes pensent qu'il est possible en France, si on réparti les richesse équitablement, d'éradiquer la pauvreté.
S'il était interdit de recevoir plus de 4000€ (seuil de revenu maximal autorisé), cela permettrait d'accorder à tout le monde un revenu minimum de 1570€.

Cette discussion faisait suite à celle sur le travail.
Si je crée un lien, il est évident que le capitalisme, en monopolisant la richesse, conséquence de la capture des moyens de production et d'échange par la propriété privée excluante, crée la pauvreté pour s'en servir comme d'une aubaine (Relire Proudhon).
Malheureusement, leur fortune leur offre le pouvoir pour nous exploiter.
Il faut qu'il y ai des pauvres pour qu'il y ai des riches. La pauvreté est une construction sociale et politique.
La question n'est pas, si il n'y avait plus de riches, qui emploieraient les pauvres ? Mais, si il n'y avait plus de pauvres, qui travaillerait pour les riches ?

Ce sont eux qui dépendent de nous. Ils ne sont que 1 sur 10. Et ils ne savent pas se bagarrer.
Peut être passerons-nous bientôt au sujet de la police.
Chiens de garde du capital.

Tiens, une p'tite vidéo qui fait écho.
 

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TRAVAIL - Aliénation ou émancipation ?

Publié le par Mikeulponk

TRAVAIL - Aliénation ou émancipation ?

Le premier sujet de nos discussions philo/politique a été le travail.
Il y avait la polémique sur le chômage avec Roussel qui plantait encore un énième couteau dans le dos de son prétendu camp politique en opposant la gauche du Travail et la gauche des allocs. (Merci boloss!)
Et la réforme des retraites était l'étape suivante.
De quoi nous interroger sur ce que le travail représente pour nous.
Comme on ne peut pas traiter un sujet dans son ensemble, j'ai choisi un angle qui me parlait pour questionner la "valeur" Travail.
Le travail est-il une source d'aliénation ou d'émancipation?

   On parle beaucoup, à droite, de la "valeur travail".
Je pense que le travail n'est pas une valeur, mais un concept que l'on peut, si on le veut, investir de valeurs.
Autrement dit, le travail n'a pas de valeur en soi mais on peut y accorder une valeur, une importance ou un rôle selon son système de valeur personnel.
Le travail peut être une vocation, mais il peut aussi être de l'esclavage.
Il y a des métiers épanouissants et aussi des sales boulots.
Avec l'écologie, on est même amené à se dire qu'il y a de bonnes raison de ne pas travailler, qu'il est temps de refaire l'éloge de la paresse.

   Le travail est un concept qui décrit une activité qui demande un effort (physique ou intellectuel) à un individu afin de réaliser une tâche (création, entretien, service...).
Il s'agit, au départ, de transformer la nature afin d'assurer sa subsistance.
Il y a originellement une notion de contrainte fonctionnelle.
Ensuite, il s'agit aussi de définir son rôle dans la communauté.
Il y a une notion existentielle.
Certains partisans du travail voient donc l'oisiveté comme une menace.
Or, l'oisiveté fourni le repos, qui permet aussi de reconstituer la force de travail. Mais pas seulement. Il y a aussi les loisirs qui sont une grande source d'épanouissement et de sociabilisation positive. Donc un enjeu de santé psychique.
Car, à quoi bon mener une existence si elle est dénuée de bonheur?
Il apparait donc qu'une bonne vie chercherait sans doute un équilibre entre travail et oisiveté. Le Grâal serait même un métier épanouissant.

   Il y a donc un problème lorsque le travail :
- Ne permet pas de subvenir à ses besoins. (Nécessité)
- Ne permet pas de se reposer. (Temps libre)
- N'est pas épanouissant. (Aliénant)
- Est trop laborieux, épuisant... (Labor)
- N'est pas utile. (Sens)

   Il y a une première falsification à démasquer. Le mot "travail" est souvent utilisé pour le restreindre à "l'emploi".
L'emploi signifie travailler pour autrui contre une rémunération. Comme le Salariat, qui n'est qu'une forme de travail parmi d'autre. Mais c'est la forme sur laquelle repose le capitalisme et donc la plus défendue par ce dernier.
En tout cas avant l'ubérisation (salariat déguisé pour échapper aux contreparties sociales).

   On peut distinguer trois type de travail (pour grossiériser un peu).
Le travail libre, le travail salarié et le travail forcé. (dans cet ordre).
- Le travail libre ne signifie pas que l'on est libre de ne pas travailler. Mais c'est une question implicite (Le droit au travail existe mais pas le devoir de travailler). La question est plutôt de choisir son activité et, plus ou moins, les conditions de sa pratique.
Le travail libre est sensé favoriser l'épanouissement et la personnalisation pour une activité la plus épanouissante possible. Ce qui se rapproche de la vocation.
Le travail libre conserve sa part de contrainte (nécessité de subvenir à ses besoins dont celui d'être actif par exemple) mais il est très possible de trouver une formule qui nous correspond.
- Le travail salarié signifie que le.la travailleur.euse offre sa force de travail en échange de l'obtention d'un salaire. Le salaire est cependant un moyen de subsistance ponctuel, qui s'épuise (on reçoit de l'argent, non du capital, et on dépense l'argent). Il y a une promesse de sécurité ou de protection (contrat et droit du travail).
Mais cela ne peut marcher qu'à partir du moment où il y a des gens privés de capital, c'est à dire, privés des moyens de production, des outils (moyens de subsistance pérenne).
Le.la travailleur.euse est contraint.e de se louer (devenir son propre esclave). Il.elle perd donc une grande partie de sa liberté par la subordination à la hiérarchie. C'est un système inégalitaire à la tête duquel se trouve le bourgeois (propriétaire des moyens de production et d'échange selon le modèle de la propriété privée excluante).
Le bourgeois se sert de son capital pour tirer profit du travail de ses employés (exploitation) et de s'en approprier les fruits (la plus-value). Ce qui lui permet d'accroitre son capital etc...
La promesse de sécurité faite aux travailleur.euse.x est-elle remplie ? Celle que le.la salarié.e puisse s'enrichir, c'est à dire accéder au capital, est-elle remplie ? Celle que le capital puisse avoir une utilité collective, profite à tous.tes (ruissellement) ?
Je ne crois pas. Les observateur.ice.s sérieux.ses, en tous cas, constatent que ce n'est pas le cas. Le capitalisme repose sur des mythes, dont celui de l'épanouissement du salariat.
- Le travail forcé suppose la contrainte extérieure, la violence, l'esclavage.
L'esclave n'est pas libre. Le fruit de son travail appartient donc à son maître. Comme les oeufs d'une poule appartiennent au propriétaire de la poule.
Il y a eu une époque où salariat et esclavage se sont côtoyés. Comme au XIX° siècle, début de l'ère industrielle.
à cette époque, la plupart des salariés vivaient dans la misère (usine, mines...). Certains esclave (très très rares) étaient responsables de commerces et pouvaient avoir de meilleures conditions de vie que les salariés de l'industrie. Le code noir, malgré sa légalisation officielle de la traite et donc du racisme (ségrégation), imposait au propriétaire esclavagiste de prendre "soin" de ses esclaves (ce qui est très relatif car ils avaient, entre autres horreurs, le droit de les battre, voir de les tuer, mais selon certains critères. Ce qui était, pour l'époque, un progrès, car avant c'était encore pire, sans limite).
Or le patron n'a aucun devoir de soin envers ses employés.
Ils pouvaient se contenter de donner une paye et se laver les mains de ce qui se passait ensuite. Si ses employés crèvent la dalle, ce n'est pas son problème. De toute façon un autre le remplacera.
On peut parler de la 3ème journée des femmes (boulot-foyer-prostitution).
On peut parler du chantier du canal de Panama où le taux de mortalité était très élevé. Il était plus rentable de tuer à la tâche des employés que de risquer de perdre ses esclaves (perte de propriété).
Voici donc un dilemme (théorique bien sûr):
Vaut-il mieux être esclave mais voir ses besoins garantis ou être libre pour vivre dans la misère ? C'est la question qui se pose aujourd'hui quand on cherche un métier. Sommes-nous si libre que ça lorsque nous sommes "esclaves du ventre" ? C'est à dire, forcé à travailler pour ne pas crever la dalle.
Il existe donc des formes plus perverses de travail forcé.
On peut ajouter aussi le travail des enfants (à l'école, dans la famille), celui des prisonniers, des personnes sans papiers, des chômeurs que l'on menace de priver de droits, celui des animaux, des robots...

Le cas des chômeurs est limite. Beaucoup acceptent des jobs de merde (bullshit jobs ou travail précaire ou aux conditions dégradantes), contraints et forcés par la menace de la misère (contrainte fonctionnelle), ou la honte (existentielle).
Les dispositifs sociaux, comme "l'assurance" chômage, sont conçues comme un rempart au travail forcé. Ce n'est pas de l'assistanat, mais une protection. Celles et ceux qui veulent mettre en péril ce principe veulent en réalité transformer le droit au travail en devoir de travail et réinventer le travail forcé.

   Voici quelques argument pour le travail :
- Travailler permet de produire pour assurer la prospérité de la société et ainsi assurer sa propre subsistance. Voir même, obtenir une amélioration générale des conditions de vie par la contribution de chacun.e à l'effort collectif.
- Travailler permet de subvenir à ses besoins, ce qui permet de devenir indépendant. Ce qui mène à l'émancipation.
- Travailler permet de se sociabiliser et d'avoir un rôle dans la société. Autrement dit, avoir une place en se rendant utile. (Insertion).

- Mais, notre job est-il vraiment utile à la société ? Si oui, est-il plus utile que néfaste ? Est-il utile pour une minorité ou pour la majorité ? Si je ne le faisais pas, cela changerait-il quelque chose à la société ? Et si oui, dans quel direction ?
La menace du changement climatique a provoqué une forte crise du sens.
Aussi, il y a du travail utile qui n'est pas reconnu, comme le travail domestique ou le bénévolat qui sont pourtant sans doute bien plus productifs et utiles à la société.
Le travail rémunéré - qui compte dans le PIB - ne représente qu'un quart de la contribution aux conditions qu'il faut réunir pour une société prospère. Le travail bénévole et domestique représente la moitié. Le reste est le service écosystémique (la nature qui se renouvelle etc...).
- Le travail rempli-t-il sa promesse de subsistance ? Pas tant que ça étant donné les conditions de vie qui se dégradent, la pauvreté qui augmente et la stagnation sociale (Le mouvement des gilets jaunes peut être vu comme un mouvement de révolte contre l'arnaque, le manquement à cette promesse).
- Le travail fournit-il une sociabilisation de qualité ? Le travail salarié, dans une société capitaliste, repose sur la concurrence, la subordination. On peut être mit en relation avec des personnes qui ont un effet plus toxique qu'autre chose (harcèlement, évaluation, concurence, management agressif, burn out...).
- Le travail est-il toujours une source de fierté et d'insertion ? Pas vraiment. Il y a des boulots dégradants, qui peuvent provoquer de la honte. Il y a des horaires, un épuisement et un manque de temps libre, qui vous isolent. La dépression et d'autres soucis de santé liée au travail peuvent produire de la désinsertion. évidemment, généralement dans les couches les plus exploitées. La société hiérarchique, aristocratique, impose un système de valeur souvent corrélé à la classe sociale.
- Le travail assure-t-il vraiment l'indépendantisation et l'émancipation ? Les femmes, les immigrés et les ados ont-ils.elles eu simplement à travailler pour s'émanciper et devenir indépendant ? Parfois même, cela à eu pour conséquence le contraire. Augmentation des responsabilités, des contraintes, de la charge mentale, des assignations et injonctions...
On peut aussi parler des boulots abrutissants (tâche répétée et peu stimulante - métro - boulot - dodo...) ou le fait que depuis les années 80, le travail ne produit plus d'amélioration de la qualité de vie et que, depuis récemment, l'espérance de vie chute.

   Le travail est globalement vécu comme aliénant. Car la masse prolétaire, qui manque de pouvoir sur son activité, y est plus contraint qu'autre chose. Et on attend toute sa vie d'en être libéré (Retraite).
Si les gens avaient le choix, que feraient-ils.elles ?
Apparemment, pas celui de l'oisiveté. Penser que si on était pas obligé de bosser, on ne foutrait rien est un mythe. Ce ne sera jamais la règle.
Il y a un besoin fondamental de l'être humain à être actif. Mais pas à être exploité.
Beaucoup aimerait avoir "la chance", de choisir un métier qui leur plait.
Mais ce qui les en empêche est assez simple.
Manque de moyens pour monter son truc, pour se former. Un écosystème qui n'est pas propice. Une détermination sociale incapacitante qui va même empêcher d'y penser. Manque de pouvoir quoi.
Ceci est le résultat du capitalisme qui capture la richesse et décide de son usage. Il en prive donc tous les autres. Maintenir dans la dépendance est pratique pour pouvoir continuer à exploiter. La boucle est bouclée.
La destruction du modèle social, qui protège, engendrerait une grande misère qui formerait une armée de réserve à la merci des exploiteurs capitalistes. La précarité est une bonne affaire.

   J'ai expérimenté, comme tout le monde ou presque (il y a des nantis qui ne pourront pas en dire autant, car si il y a des champions de l'oisiveté, c'est bien les riches), le travail salarié. Pourtant y compris dans un domaine créatif (le jeu vidéo).
Je manquais de temps libre pour m'épanouir. J'étais parfois l'ombre de moi-même. Et cela entre mes 17 et mes 25 ans. Au moment où mon ciboulot était à son pic de capacité. Autant dire que j'ai gâché une bonne parti de mon potentiel. Ce qui a occasionné des troubles (au sein de l'entreprise, avec la hiérarchie, le ponk en moi) qui se sont traduits par des soucis physiques et psychologiques (pas graves mais ce qui me permet d'imaginer ce que c'est pour celles et ceux qui se retrouvent coincés).
Lorsque le travail alimentaire est à temps plein, on perd sa vie à la gagner.
On prétend que le temps libre est la récompense après le travail.
Je prétend avoir l'expérience inverse depuis que je suis décidé à être un travailleur libre. J'ai besoin de temps libre pour travailler.

   Je dois avouer que j'ai peur du travail forcé.
Ma situation est précaire et inconfortable (c'est souvent lié).
Les élections de 2022 portaient une menace directe (Que ce soit le candidat Macron ou Lepen, mêmes fachos, ce n'est plus à prouver). D'où la mise au point que je me suis senti obligé de faire au sein de ma famille (comme j'en parlait à la fin de mon article du 8 avril 2022 - mieux vaut une mauvaise gauche qu'une bonne droite).
Le vrai visage du capitalisme est autoritaire. Donc fasciste s'il est en crise.
Travail, Famille , Patrie.
L'homme travaille pour assurer la subsistance de sa famille -> La femme élève ("fabrique") les enfants et entretient le mari pour qu'il soit productif -> les enfants deviennent des soldats ou des travailleurs ou des éleveuses de soldats et de travailleurs -> La patrie est alimentée en ressources humaines afin qu'elle soit suffisemment productive pour être compétitive.
Le monde du travail n'est pas une incitation, mais un rapport de force.
L'ogre a besoin de chaire fraiche.
Voilà toute l'ironie de l'expression "le travail rend libre" (reprise par les nazis dans les camps de travail) et adaptée par Macron "l'émancipation par le travail".
Ce qui sous-entend le refus de toutes les autres formes d'émancipation.
Politique, philosophique, culturelle ou artistique...

   Ce modèle d'émancipation par le travail est validiste et ceux qui  ont poussé cette vision à son terme (comme le darwinisme social) ont logiquement cherché à se débarrasser des inutiles. Les individus pas assez rentables sont trop coûteux, des "charges", des poids dont il faut se délester.

   Le travail n'est donc pas une valeur, à moins qu'on considère une prison comme une valeur. On peut aimer sa cellule mais on a pas le droit de vouloir y enfermer tout le monde (revoir Salo, les 120 journées de sodom de Pasolini pour comprendre ce qu'est le fascisme et en quoi l'entreprise capitaliste est identique).
"Le travail est la meilleure des polices".

Le travail est cependant une activité humaine incontournable et il faut alors l'investir de valeurs adéquats.
La question est : Qu'est-ce que le travail en démocratie ?
Autrement dit, qu'est-ce que le travail mit en cohérence avec les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité ?
Comme on dit : on a essayé de démocratiser la vie publique (et il reste encore masse de boulot à faire) en gardant la monarchie dans l'entreprise.
La plupart des gens passent 5 jours par semaines dans un système tyrannique et une après midi tous les 5 ans dans un isoloir. Le calcul est défavorable.

- Travail libre et liberté au travail.
Le revenu universel ou salaire universel ou salaire à vie ou je ne sais quel concept est le plus approprié (je n'ai pas encore bossé ce sujet, alors allez voir le taf de Bernard Friot, parait que c'est top même si il y a un problème de dérive bureaucratique) aurait l'avantage majeur de soustraire les travailleur.euse.s à la prédation et la contrainte capitaliste.
Il faudrait aussi remettre les orientations stratégiques de la production à une organisation autogérée et d'association libre. Ce qui permettrait aux populations de remodeler la société de façon plus cohérente avec leurs aspirations et donc plus représentative.
Avant toute chose, cela nécessiterait la suppression de la propriété privée des moyens de production et d'échange (donc mettre fin au capitalisme, rien que ça, mais c'est pas si difficile, ça a déjà existé). Ce qui permettrait de socialiser les profits, et donc de financer tout le système les doigts dans le nez. Juré!
Mais comme on pense aussi au bonheur des patrons, cela les libèreraient de l'objectif du profit et donc ils partageraient les intérêts des employés (cette relation serait abolie car la hiérarchie disparaitrait pour laisser place à une autre organisation du travail).
- Travail égalitaire.
Fin de la hiérarchie donc fin de l'exploitation. Fin de la concurrence donc coopération. Relations d'égalité donc de meilleures relations.
Répartition équitable et plus juste des richesses.
Réhabilitation du "mérite" (c'est à dire selon la définition opposée aux privilèges) débarrassé de la justification des inégalités.
Tout le monde mérite de vivre dignement, de pouvoir contribuer comme il.elle le souhaite, le peut.
Fin de la cooptation, de l'héritage (fruit de l'accumulation primitive du capital).
Fin du monopole de classe des décisions stratégiques qui asservi l'effort collectif au profit de leurs intérêts privés.
Ce sont ceux qui parlent le plus de la valeur travail qui en font le moins.
- Travail fraternel.
Fin de la hiérarchie et de la concurrence. Coopération et relations égalitaires donc de meilleures relations. Partage de réalité.
Participation par l'autogestion et la libre association qui permet d'adhérer au projet commun, par l'usage de propriété collective.
Travail exercé selon le respect du bien commun, cohérent avec les enjeux écologiques, la dignité et les droits fondamentaux du vivant.
Le principe du profit pousse le capitaliste à obtenir toujours d'avantage de ses subordonnés tout en participant le moins possible (impôts, actionnariat, cotisations...).
La suppression des classes supprimerait l'un des antagonisme les plus délétère et pourtant structurant de nos sociétés.
La répartition juste et équitable des richesses tarirait la cause principale de la criminalité.

Si il y a bien un travail que je soutien, c'est celui de la mise en oeuvre d'une société qui éradiquerait le travail.

   Le travail ne rend pas libre, il faut libérer le travail de la contrainte capitaliste.
Mais pas au sens où l'entendent les capitalistes qui passent leur temps à confondre liberté et abus/privilège. Et qui mentent en prétendant que la liberté est la conséquence du travail.
Libérer le travail de la contrainte capitaliste ne se fera pas sans libérer le travailleur d'abord.
Parce que c'est une question de bonheur et d'émancipation, parce que c'est une question de démocratie, parce que ça sauvera le monde. (enfin ce qu'il en restera après tant de temps passé à travailler pour sa destruction).

Tiens, une vidéo qui fait écho.

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